La place faite à l’islam dans les manuels scolaires d’Histoire en 2016 (5)

TCHOBelkacemDrapeauEnversBD

Dans le Figaro Vox du 25 sept. 2016, Barbara Lefebvre, professeur émérite d’Histoire et co-auteur des Territoires perdus de la République, a publié un article phare et, essentiel pour moi, sur la place faite à l’islam en tant que « civilisation » dans les manuels scolaires. Apologétique est le mot réservé pour défendre la religion chrétienne contre les attaques dont elle fait l’objet.  Barbara Lefebvre observe que l’Éducation nationale névrosée, porte ou plutôt transfère un regard apologétique sur l’islam, par le leurre interposé de la glorification dogmatique du vivre-ensemble. Le pire parti-pris qui soit, c’est que l’enseignement de l’histoire au niveau scolaire et non universitaire va servir de mobile, à dessein, pour exercer une influence normative sur les élèves. Et de constater outre une déculturation massive, une aggravation de la crise identitaire des élèves pris dans ce contexte. Et d’ajouter, pour cette historienne réaliste et objective, qui ne mâche pas ses mots, ni ne s’encombre du politiquement correct, que l’histoire scolaire est un espace sensible que les tenants d’un islam politique veulent s’approprier en passant par la porte de l’enseignement du fait religieux tout en contrôlant l’histoire de la civilisation musulmane, en y ôtant toute aspérité dérangeante.

Ainsi, les affrontements militaires ou guerriers : croisades, conquêtes et djihad entre le monde chrétien et musulman sont passés sous silence voire minimisés dans les nouveaux programmes afin de privilégier les contacts pacifiques, les sciences et le commerce. Un progressisme multiculturel procède à la déconstruction des esprits et à la construction de représentations sociales et culturelles politiquement correctes. Par effet d’annonce, les éditeurs des manuels prétendent respecter une « histoire mixte »  avec une approche des faits historiques, tout en omettant d’évoquer la place de la femme dans l’islam. Le silence prévaut également sur la place de la femme en islam médiéval. C’est aussi par le biais du mensonge, que nos ancêtres les gaulois sont honnis par les tenants actuels de cette pédagogie infâme. La bataille de Poitiers considérée, comme anecdotique, n’est plus évoquée ou relativisée. « L’amitié » entre Charlemagne et le calife abbaside al-Rashid dont le nom est associé aux « milles et une nuit » est sublimée dans le mythe du calife idéal dans la littérature arabe. Cette « amitié » n’étant que diplomatique et motivée par une volonté commune et intéressée de contrer l’empire byzantin et l’émir Omeyade de Cordoue.

Dans cette histoire révisée, l’élève ignorera tout du style de vie, des sombres aspects, et des exactions inimaginables du prophète Mahomet. L’historienne s’indigne de l’absence de vérité historique dans les manuels scolaires et donc du choix de maintenir, à dessein, les élèves dans l’ignorance. En 630, lors de la prise de la Mecque aux païens-arabes, l’islam s’étend par la conquête et tout le monde se soumet sous peine de mort. Lorsque le coran dit aux musulmans de vivre comme le prophète, il serait salutaire de ne pas rester dans les non-dits omis volontairement, pour ne pas stigmatiser ou heurter la susceptibilité des élèves et de leurs familles et enfin d’affronter les faits pour mieux les placer dans le champ rationnel de la pensée au lieu de les abandonner à l’idéologie.

Une évidente complaisance dans les manuels, poursuit l’historienne, est mise en œuvre pour traiter de la dimension politico-juridique de l’histoire de l’islam. Toutes les précautions sont prises pour éviter la représentation violente des conquêtes islamiques et équilibrer diaboliquement le récit dans le seul but de montrer que l’islam est une religion de paix, ouverte et tolérante ! Cet islam (prosélyte, conquérant et violent) aurait vocation à éclairer l’humanité. L’actualité tragique au quotidien nous démontre le contraire.

La conquête territoriale qui sous-tend ses actions, serait partie intégrante (consubstantielle) à la naissance de l’islam. La fusion du politique et du religieux constitue un système de civilisation qui doit-être souligné si on veut éclairer certains discours de fondamentalistes et les déconstruire. Ainsi, le djihad, dès le début de l’islam, a une justification religieuse de la conquête de type impérialiste. Pillages, massacres, colonisation, dans son ouvrage qui retrace l’histoire politique et sociale du monde musulman, Sabrina Mervin souligne de graves erreurs et de volontaires omissions partisanes dans les manuels scolaires. Pour elle la société islamique est organisée sur une base juridique, théologique et discriminatoire envers tout ce qui n’est pas musulman ou converti. C’est un système politique !

  • Les califes musulmans ont redessiné le paysage urbain pour l’islamiser disent doctement les manuels, mais ils n’ont jamais fondé les villes conquises. Ces villes ayant un passé glorieux préislamique.
  • Le djihad est volontairement occulté chez Hatier, dans le chapitre sur les violences chrétiennes au cours des guerres saintes. On informe ou instruit les élèves de la mise à sac de Constantinople lors de la Reconquista espagnole et les Croisades unilatéralement en 1204 à travers les crimes des seuls croisés. La critique des sources devrait servir à éviter les mensonges anachroniques de l’histoire.
  • Face aux clauses humiliantes de la Dhimma, comment convaincre en toute objectivité l’élève d’une « coexistence pacifique » dans les manuels d’histoire ?

Il existe un discours laudatif, naïf sur l’âge d’or de la civilisation médiévale-arabe, véritable fourre-tout de la soumission des temps présents à un islam lumineux, dont l’Occident serait débiteur de la science arabo-médiévale. Ce projet idéologique, dessert la pensée scientifique ainsi que tous les efforts intellectuels à faire émerger un discours réel sur leur passé. Et l’historienne indignée par tant de « salamalecs » de nous expliquer justement que cette réécriture de l’histoire sur la science arabe médiévale, ne vise pas à la mettre sur le même plan que les autres civilisations mais au-dessus ! On gratifie ici l’islam alors que la religion n’a rien à voir dans cette affaire de civilisations. C’est comme si, nous dit B. Lefebvre, on associait la révolution Copernicienne au Christianisme et la relativité d’Einstein au Judaïsme.

Le juriste Al Ghazali, a réfuté la vision rationnelle portée sur l’islam par Averroès, cet autochtone espagnol, banni pour hérésie et dont les livres firent l’objet d’un autodafé sur la place publique. Fort heureusement qu’il existe des traductions latines médiévales qui ont permis à la pensée d’Averroès de survivre et aux musulmans de nos jours de le redécouvrir pour en faire l’instrument d’un symbole d’ouverture.

Amin Maalouf, soucieux de vanter la supériorité de la civilisation arabe, publie aux éditions Hatier,  « Que les Francs se sont mis à l’école arabe en Syrie, en Espagne, en Sicile »(sic). Il existe ainsi toute une liste à la Prévert dans les manuels scolaires qui vise à ensemencer de doctes savoirs arabes. Dans cette nébuleuse de la vérité historique, l’élève candide ne sait même plus ce que les occidentaux ont apporté aux arabes! Et de conclure par cette vérité : Transmettre les savoirs acquis par les peuples autochtones conquis, ce n’est ni en être l’auteur, ni l’inventeur… mais les récupérateurs !

Ce que disent les manuels à propos de la traite orientale, ou traite arabe

La pratique du Coran autorise l’utilisation d’esclaves sexuels rendus captifs. On évalue au nombre de 17 millions ces esclaves sexuels dont énormément étaient des jeunes filles. Le Calife al-Mansour, a utilisé beaucoup d’esclaves noires kidnappées dans l’Afrique subsaharienne. Il est à l’origine de 7 castrations d’eunuques captifs sur 10 dont la majorité mourait fatalement des suites de l’opération. On imaginera dans des conditions d’hygiène inexistantes. Ce qui expliquerait aux historiens le peu de traces laissées par les esclaves africains sur le sol oriental, et la faible démographie contrairement aux millions d’esclaves de la Traite atlantique qui ont laissé, une grande descendance de nos jours, sur le continent américain.

En 1992, l’historien Marc Ferro s’indigne de lire que les manuels scolaires parlent tellement des crimes commis par les Européens mais omettent de citer ceux commis par les arabes.  Or, la traite orientale est un sujet tabou, une sorte de tache noire pouvant altérer l’image de la civilisation modèle  de type arabo-musulmane médiévale, avec le risque d’énerver en classe, ces chers petits élèves qui apprendront la vérité historique qui les dérange. Or, ce sujet tabou dans les manuels d’histoire fait la part belle à la Traite atlantique par parti pris idéologique unilatéral.

Et l’historienne, Barbara Lefebvre de conclure, que l’enseignement de l’histoire à l’école, contrairement à ses prétentions, rechigne à éclairer la conscience de l’élève  pour en faire un citoyen éclairé, et développer chez lui l’esprit critique qui passe nécessairement par l’analyse des sources historiques et non par l’apprentissage d’une doxa.

Patrick Granville pour RL – Oct. 2016 – Partie 5 sur 5. Fin