Qu’est-ce qui ne va pas dans les instances représentant le culte musulman en France ?
La réponse est simple : les affidés de l’Algérie envient les affidés du Maroc de gérer plus de mosquées et de ne pas céder, pour une troisième fois, au maître chanteur qu’est devenu Dalil Boubakeur au fil du temps. La consigne de l’Algérie a fini par être celle du boycott. Certainement dans l’espoir de torpiller “l’œuvre” de Sarkozy, celui-là même qui ne veut plus entendre parler de repentance.
Même si le CFCM est censé être Français, il n’en est point. On ne peut comprendre son fonctionnement, ou plutôt disfonctionnement, que si on se rappelle que les associations musulmanes de France sont toujours attachées aux pays d’origine, par les cordons de la bourse et par les imams qu’ils contrôlent et rémunèrent. Il y a les Marocains, les Algériens, les Turcs, etc. L’exception est l’UOIF qui dépend de la manne pétrolière du Golfe et représente ainsi une orientation idéologique issue du Moyen-Orient.
Pour l’avoir pratiqué par deux fois, la Mosquée de Paris et sa fédération, d’obédience algérienne, connaissaient bien le mode de scrutin et avaient eu le temps, depuis 2003, de s’y accommoder, si elles le voulaient vraiment. A l’issue des deux premières élections, malgré leur échec à avoir l’avantage des urnes, elles avaient réussi à réserver la présidence au très soporifique, soi-disant modéré Boubakeur, qui a osé demander, rien de moins qu’un moratoire de 10 à 15 ans sur la loi instituant la laïcité ! Pour une sournoise torpille de la République, on ne fait pas mieux.
Mais le Maroc et ses affidés ne voulaient plus accorder de faveur à l’inénarrable Dalil. L’aide directe du Maroc a permis au Rassemblement des Musulmans de France, de s’assurer la suprématie en termes de mètres carrés et donc de chances de regagner les élections. Et c’est ainsi que le scrutin du dimanche 8 juin 2008 lui a donné 43% des voix. 30% reviennent à l’UOIF, 12,7% au CCMTF (d’obédience turque) et 12% à diverses listes d’obédience africaine.
Ingérence marocaine
Le Maroc a la ferme intention de ne pas lâcher prise sur ce qu’il considèrera toujours comme ses ouailles à l’étranger. Ainsi, il y a six mois, le roi Mohamed VI a créé, par décret, un « Conseil de la communauté marocaine à l’étranger ». Hakim EL GHISSASSI, rédacteur en chef de plusieurs magazines marocains, en français et en arabe, explique que les « questions cruciales » que doit traiter ce Conseil, cette semaine à Rabat, sont, entre autres, « l’enseignement de la langue arabe et de la culture marocaine, l’encadrement religieux, la place des Marocains dans les sociétés où ils vivent, et l’apport au pays d’origine ». Vous pensez bien que ce n’est donc pas l’intégration ni l’assimilation en France et en Europe, ni l’apprentissage du français qui intéressent le roi du Maroc et son Conseil ni le président algérien et sa mosquée de Paris.
Abdellah Boussouf n’est pas seulement un éminent membre du CFCM, il est aussi secrétaire général du « Conseil de la communauté marocaine à l’étranger ».
Pour mieux comprendre la future prise en main du CFCM par ceux qu’on pourrait appeler les « Marocains », il faudrait lire la mise au point du recteur de la mosquée d’Evry où il nous explique très froidement que les membres du RMF ont participé dernièrement à un colloque à Marrakech (1). « On reproche aux participants au colloque de Marrakech d’avoir loué Sa Majesté le Roi Mohamed VI – Dieu l’assiste –, à la clôture de ses travaux. … Au Maroc, civilisation millénaire construite par l’unité sacrée autour du Roi, la personne de sa Majesté est sacrée, les Marocains fières d’être ses sujets ne manquent aucune occasion pour lui rendre hommage et prier pour lui. Grâce à la monarchie et au Commandeur des croyants qui guide son pays avec un équilibre reconnu, entre modernité, ouverture et religion, le Maroc a toujours connu une paix sociale et une stabilité politique. À n’en pas douter, la stabilité du Maroc est enviable et le Roi est son artisan. Pour information, au Maroc il n’y a pas que les colloques qui rendent hommage à Sa Majesté, les prêches du vendredi aussi se terminent par des prières pour lui. »
Il est donc fort probable que le “pape” de l’islam de France, sorti des urnes ce dernier week-end sera le Commandeur des croyants, sa majesté Mohamed VI, qu’Allah le glorifie et le garde pour ses ouailles de France et du Maroc !
Très mauvaise-bonne idée
Au sujet du CFCM, M. Abdennour Bidar, écrivain et philosophe musulman, s’est posé une fausse bonne question : « peut-on considérer qu’il représente véritablement l’ensemble des Français de culture musulmane? »(2). Vous vous en doutez, la réponse est dans la question : le CFCM, comme son sigle l’indique, n’est compétent que pour le culte. Et c’est mieux comme ça ! Mais la bonne question que M. Bidar ne s’est pas posée est la suivante : les Français de culture musulmane ont-ils vraiment besoin d’une organisation à part ou à l’écart ? N’y a-t-il pas assez de partis, de syndicats, d’associations… pour répondre à tous les besoins d’appartenance de ces citoyens comme les autres ? Qu’est-ce que cette idée voulant nous faire mimer certaines organisations juives tant décriées, y compris par les Juifs français eux-mêmes ?
Pascal Hilout
nouvel islam
(1) http://www.sezamemag.net/Mise-au-point-de-la-grande-Mosquee-d-Evry-a-propos-des-elections-du-CFCM_a1780.html
(2) Election du CFCM: l’islam n’est pas la propriété des religieux
Par Abdennour Bidar , Rue89 (19/05/2008)
http://www.rue89.com/2008/05/19/election-du-cfcm-lislam-nest-pas-la-propriete-des-religieux-0