Le grand vainqueur du premier tour, c’est Hollande

Le grand vainqueur des élections c’est Hollande. Cet homme sur qui, hier encore, nul n’aurait parié un kopeck, tant sa politique fut désastreuse pour la France et dont le manque de courage et l’art de l’esquive ont marqué le quinquennat, a su, sous les habits neufs du président Macron, duper une nouvelle fois les Français et à faire d’un individu sans base électorale, sans expérience politique, sans vrai programme, candidat-girouette, le favori des présidentielles. Ainsi, Hollande, piètre politique, mais as de la magouille, machiavélique et retors, a réussi un hold-up historique qui a permis à une social-démocratie minoritaire, discréditée et rejetée par tous, de l’emporter sur une droite majoritaire. Chapeau l’artiste ! Lequel vient d’ailleurs de se prononcer pour Macron, en papa président volant à la rescousse du fiston qui s’en serait bien passé : il est en effet des soutiens plutôt compromettants.

Travesti en président charismatique, sauce américaine (il ne manque que les paillettes et les go-go girls), Macron va, cinq ans durant, poursuivre son travail de dérégulation de l’économie française, sous la houlette des représentants de l’oligarchie financière internationale qui, très tôt, l’avaient rejoint et étaient devenus ses conseillers. Ainsi pourra s’achever le démantèlement de l’industrie auquel il a déjà participé comme ministre de l’Économie, les délocalisations, l’ouverture accrue à la concurrence sauvage, la destruction d’un monde ancré dans une tradition historique et culturelle, pour y substituer une société ouverte, uniformisée, mondialisée, motivée par la seule réussite individuelle et le goût du profit à tout va.

Ce maître illusionniste, représentant du capital international le plus impitoyable et qui se définit frauduleusement comme un homme nouveau au-dessus de la mêlée, a su réunir autour de lui, pour réussir son OPA, la gauche et la droite, en ralliant les opportunistes des deux bords, politiciens cuits et recuits, jamais rassasiés. Ce rassemblement hétéroclite, de divers courants et partis, a tout de l’auberge espagnole qu’en d’autres temps Marine Le Pen avait qualifiée d’UMPS.

Il a su séduire aussi une jeunesse avide de pouvoir, une jeunesse pressée, vorace, pour laquelle l’appartenance nationale est un frein à ses ambitions sans frontières, semblable, toutes proportions gardées, à ces adolescents de banlieue rêvant de devenir de nouveaux Zidane. Il en est tout autrement pour cette autre jeunesse réunie autour de Mélenchon, issue de milieux populaires et qui, frustrée dans ses désirs, rêve de la Révolution qui abattra le mur de l’argent et redistribuera les rôles. Utopiste, sinon naïve et se refusant à voir les vrais ennemis du pays, elle reste tout de même plus authentique que la jeunesse bobo, affairiste et cynique.

Il a su enfin attirer l’électorat musulman, n’hésitant pas pour cela à dénigrer la France, à nier son histoire, sa culture, pour prôner mezzo voce le multiculturalisme et refusant de pointer du doigt le danger islamique. Message reçu 5 sur 5 si l’on en croit la présence de femmes voilées dans les files d’attente de certains bureaux de vote.

Mais, plus décevant encore que les résultats de la farce électorale fut le spectacle, dimanche soir, d’une capitulation républicaine sans conditions. Voilà que tout à coup les irréductibles adversaires faisaient front commun contre le « danger totalitaire », slogan éculé, mais inlassablement répété à gauche et à droite. Fillon qui, hier encore, se définissait par un programme offensif et radical, dénonçant le péril islamique, le communautarisme, le laxisme généralisé, la désagrégation de l’État, souscrit illico au front républicain, aussitôt suivi par ses « courageux lieutenants », ceux du moins qui lui restaient. Que s’est-il donc passé pour que cet homme, qui, depuis trois mois, tenait tête aux assauts multiples de ses ennemis et de ses amis, trahisse celles et ceux qui avaient cru en lui et l’avaient soutenu ? Mélenchon, lui, et lui seulement, a laissé ses électeurs choisir.

L’ennemi principal n’est donc plus celui que Fillon désignait, mais, étrange amnésie, le FN, un parti populiste que l’on ne peut pourtant pas accuser de défier la République, d’instaurer des zones de non-droit ou d’organiser des attentats. Un parti mis en avant pour faire peur et garder le pouvoir. On vise ainsi à culpabiliser ces Français abandonnés par le PS : classe ouvrière (jugée en 2011 comme n’étant plus « le cœur de la gauche et plus en phase avec l’ensemble de ses valeurs »), pauvres, chômeurs, travailleurs non qualifiés, autant de laissés pour compte méprisés, passés aux pertes et profits et qui se sont tournés vers le FN où ils ont trouvé refuge. Autant de populations mises à l’écart, de plus en plus confrontées à la montée de l’intégrisme, à la paupérisation, au laminage du Service public. Français de seconde zone, taxés de petits-Blancs réactionnaires quand ils refusent leur relégation, tandis que l’élite chante à l’unisson les vertus de l’autre, de l’étranger.

Dans cette droite explosée où rares sont ceux qui refusent d’obtempérer, une proposition ubuesque a vu le jour : voter pour Macron au 2e tour, voter contre les candidats soutenus par ce même Macron aux législatives ! Gymnastique d’autant plus inutile que la victoire d’En marche! semble inévitable et n’avait nul besoin du renfort de la droite visant à mieux la légitimer. Dernier ralliement en date : celui de Nicolas Sarkozy, l’inventeur jadis du « ni-ni », qui, tout à coup, retourne sa veste. À la prochaine révolution, va-t-il, comme le chante Jacques Dutronc, « retourner son pantalon » ?

Plus que jamais, le pays est coupé entre une France des métropoles et une France périphérique, Macron incarnant la France d’en haut, celle de l’élite, de l’oligarchie, de la high-tech, de la mondialisation ; Marine Le Pen la France d’en bas, celle du peuple, des oubliés de l’histoire, de la ruralité, de l’enracinement, de la Nation.

Aujourd’hui, la déception est immense pour tous ceux qui avaient espéré que la bulle Macron se dégonflerait et que Fillon l’emporterait. Nul doute que nombre d’électeurs, qui s’estiment floués, vont se tourner vers Marine Le Pen, comme une partie de l’électorat de Mélenchon, qui tous exècrent le mondial libéralisme de Macron au service d’une économie globalisée et d’un capitalisme insatiable.

Parallèlement, les politiciens bayroutisés, prêts à entrer dans des combinaisons partisanes, achèvent de se déconsidérer. Tels des chevaliers blancs, ils invoquent bien sûr leur dévouement à la France, leur sacrifice, mais qui peut être dupe des grandes déclarations de Lemaire et d’Estrosi ? En trompant les attentes du peuple, ils signent leur mise à mort, car plus que jamais apparaissent au grand jour leur absence de convictions, leur versatilité, leurs appétits… Autant de lâchetés qui, n’en doutons pas, s’accentueront lors des prochaines législatives et, plus encore, lorsque Macron sera contraint de se chercher une majorité pour gouverner en renouant avec les alliances suicidaires de la IVe République qui ont entraîné sa chute.

Cette élection téléguidée, caricaturale, confisquée, va achever de fragiliser le pays et aggraver une situation critique en intensifiant la fracture régionale et sociale, le chômage, l’insécurité. Une fois encore, une bonne partie des politiques, tant à droite qu’à gauche, a refusé d’entendre le peuple à leurs yeux quantité négligeable et décrété réactionnaire. Mais, fort de son bon sens et du poids de l’histoire, ce peuple, attaché à ses valeurs, va-t-il encore longtemps se laisser piétiner et accepter de disparaître ?

Max Chaleil

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4 Commentaires

  1. Une jeunesse pressée, vorace, pour laquelle l’appartenance nationale est un frein à ses ambitions ? Non c’est une jeunesse qui ne veut pas faire d’effort et qui espère que ce sera plus facile dans les pays de l’Europe de l’Est pour obtenir par exemple des diplômes au rabais. L’Europe est une mascarade car pour ceux qui ont vraiment les ambitions et l’intelligence, il n’y a pas de frontières. Ma fille est partie étudier aux USA grâce à l’université et une bourse d’excellence puis elle a fait un emprunt pour aller dans une université canadienne. Aujourd’hui elle travaille au Canada depuis 10 ans et n’a pas eu besoin de leur Europe de merde. Moi je l’ai toujours encouragée à partir car je voyais déjà où tout cela allait nous mener: Union Européenne + immigration de masse = chaos

  2. “Ainsi, Hollande, piètre politique, mais as de la magouille, machiavélique et retors, a réussi un hold-up historique qui a permis à une social-démocratie minoritaire, discréditée et rejetée par tous, de l’emporter sur une droite majoritaire.”
    Et aussi à faire en sorte que Marine Le Pen soit qualifiée au second tour, grâce à un attentat fort bien venu… hollande craignait par dessus tout que Fillon soit opposé à Macron, il a donc commandité cet attentat. Car dès le début, il voulait d’un duel Macron-Le Pen.

  3. Il suffira une fois leur victoire acquise de rebaptiser “En Marche” du nouveau nom de “Démocrates”.Il se mariera très bien avec celui des “Républicains”, afin de donner naissance au nouveau Parti Unique Euro-Mondialiste d’idéologie Libérale-Socialiste, les Libzis. pas si nazes que ça!

    • hollande est comme un serpent mort,il faut s’en méfier car il reste toxique

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