Le jeu des clichés au service de la propagande

Le hasard fait parfois bien les choses. Hier, en cette journée de la femme, je devais rendre des livres à la bibliothèque et en emprunter d’autres. Lorsque j’arrivai, à une table deux adolescents (un gars, une fille) entamaient avec deux bibliothécaires une partie de « C’est cliché » jeu de société de propagande. Comme je suis un fidèle usager classé gentil dans leur vision, et que surtout on ne connaît pas mes opinions politiques, on me propose de me joindre à la partie. Je sais néanmoins que je suis en terrain hostile et donc je ne pourrai pas dire totalement ce que je pense.

Honnêtement, sur le plan purement ludique, ce jeu est absolument sans le moindre intérêt, ce n’est même pas un trivial poursuite du pauvre. Il n’y a pas de vainqueur ni de perdant.

Maintenant examinons en le contenu. Reconnaissons que quelques questions relèvent du bon sens : une femme ne naît pas avec un balai dans la main ni l’homme avec une clé de douze. Mais l’essentiel des défis et des questions sont indigents. Exemple de question « est-ce que l’on peut ressentir une appartenance à l’autre sexe ? » sans préciser évidemment que cela concerne une personne pour mille au plus et que le but d’une société saine est d’y remédier pas de l’encourager.

J’observe les adolescents et constate que Chloé* la fille est déjà très sous influence, n’emploie jamais le terme homosexuel mais celui de gay, acquiesce au transgenrisme, souligne que se maquiller pour un jeune adolescent ou porter une robe est encore considéré comme gay (heureusement) de même qu’aimer la poésie.

Le garçon Christian* est moins contrôlable mais il hésite à se lâcher, sentant instinctivement qu’il n’est pas libre (c’est bien qu’un jeune adolescent sache déjà mesurer ce qu’il faut dire pour survivre). Il donne l’impression qu’il ne voit pas en quoi le fait qu’il préfère jouer au football qu’à la dînette est un problème pour le reste de la société. Mais il n’ose pas le dire car il sent que ce serait mal vu à ce moment.

On me demande à quoi je jouais quand j’étais gamin. Je réponds franco, jeux de société et de cartes, jamais à la dînette, une fois à la poupée (dur de dire non à Odile et Sophie** les grandes copines de mon enfance plus âgées que moi), tous les sports à ballon, surtout le hand-ball. Je n’en rajoute pas, les bibliothécaires me regardent en me plaignant, en se disant que je n’ai pas eu la chance de jouer à l’élastique, la marelle et la corde à sauter. Je rebondis en faisant remarquer que les boxeurs (exerçant l’activité virile suprême par essence) s’entraînent au saut à la corde pour travailler leur jeu de jambes. Ma saillie est très bien vue car allant contre un stéréotype de genre.

Je tiens à préciser que les deux bibliothécaires étaient plutôt gentilles mais elles étaient persuadées qu’elles disaient le bien, se sentant en mission, ce qui altère leur rôle social.

J’aurais pu passer une demi-heure plus tôt ou plus tard à la bibliothèque et n’aurais pas participé alors à ce « jeu ».

Voilà j’ai perdu une demi-heure de ma vie mais cela a été bien instructif. Une expérience de plus dans le propagandistan du 21e siècle.

Platon du Vercors

*les prénoms ont été changés

** les prénoms n’ont pas été changés

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1 Commentaire

  1. Une autre proposition de jeu stéréotypée : pouvez-vous déguster une moule si elle est fermée ? Il semble que non, c’est mieux quand la moule est ouverte…

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