Le Mal, nouvelle idole des jeunes ?

L’immonde rebut de l’humanité ayant torturé et assassiné la petite Lola n’aurait pas dû se trouver sur notre territoire si Darmanin et sa clique avaient fait leur travail. Nous ne reviendrons pas là-dessus, c’est une réalité imprescriptible.

Toutefois, la seule explication de l’origine algérienne de la tueuse abjecte ne saurait me satisfaire. Car, au-delà des rumeurs autour de signes sataniques retrouvés sur le corps de la petite Lola, il est indéniable que ce crime relève du Mal et rien que du Mal.

Particulièrement dans les sociétés occidentales, nous vivons une époque où la fascination du Mal règne avec une effroyable décontraction, quelles que soient nos origines par ailleurs, même si l’islam a une fâcheuse tendance à sacraliser l’horreur, ne serait-ce qu’en enseignant à des enfants l’égorgement rituel !

Plus généralement, il est loin le temps où des adolescents – dont j’ai fait moi-même partie – regardaient des films comme L’Exorciste (de William Friedkin) ou Amityville (de Stuart Rosenberg), pour ne citer que ces deux succès glissant sur la vague diabolique. Aujourd’hui, on ne se contente plus de se faire peur avec un film, dans l’espoir que la jolie copine avec nous se blottira dans nos bras à la moindre manifestation de terreur sur l’écran.

Ce qui était autrefois un folklore pour illuminés d’un genre douteux, ou l’expression visuelle grand-guignolesque de certains groupes de hard rock, est devenu une mode malsaine. Autrement dit, le Mal est à présent tendance. Il existe même des maisons d’édition dédiées à certains de ses adeptes, notamment Camion Noir. L’une des publications de cet éditeur, qui, selon ses propres termes, se félicite de véhiculer le soufre, est la fameuse Bible satanique, écrite jadis par « le Pape Noir », à savoir Anton Szandor LaVey, fondateur de l’église de Satan. Dans cette singulière bible, on peut lire une phrase édifiante : « Je demande aux messagers de la ruine de frapper avec une délectation sinistre la victime que j’ai désignée. » Ou comment enseigner le plaisir destructeur et homicide…

Depuis un certain temps, donc, le Mal – qui existe bel et bien mais ne ressemble en rien à une créature fourchue et cornue issue du folklore médiéval – s’épanouit pleinement dans notre quotidien. Ainsi, des cimetières chrétiens sont régulièrement profanés. Profanations souvent accompagnées de symboles satanistes, conditionnement cultuel oblige. Car peu de gens comprendraient l’intention si l’on inscrivait sur lesdites tombes le nom d’Hadès, dieu et maître des enfers dans la mythologie grecque, en lieu et place d’un pentacle, d’un crucifix renversé ou du fameux nombre 666, la marque de la bête dans la Bible, notamment l’Apocalypse : « Puis je vis monter de la mer une bête qui avait dix cornes et sept têtes, et sur ses cornes dix diadèmes, et sur ses têtes des noms de blasphème. La bête que je vis était semblable à un léopard ; ses pieds étaient comme ceux d’un ours, et sa gueule comme une gueule de lion. Le dragon lui donna sa puissance, son trône, et une grande autorité. Et je vis l’une de ses têtes comme blessée à mort ; mais sa blessure mortelle fut guérie. Remplie d’admiration, la terre entière suivit la bête. Et ils adorèrent le dragon, parce qu’il avait donné l’autorité à la bête ;ils adorèrent la bête, en disant : Qui est semblable à la bête, et qui peut combattre contre elle ? » (13:1-4).

https://www.nouvelobs.com/societe/20080214.OBS0473/cinq-jeunes-satanistes-interpelles-pour-degradation-de-cimetiere.html

Signe des temps, aux États-Unis les membres du Temple satanique sont même allés jusqu’à placer une statue du démon Baphomet devant le capitole de l’État de l’Arkansas pour protester contre un monument célébrant les Dix Commandements… !

https://www.cnews.fr/monde/2018-08-18/un-monument-satanique-devoile-devant-le-capitole-de-larkansas-791527

Très récemment, des rituels de mutilation particulièrement atroces ont été perpétrés sur des animaux, surtout des chevaux. Ce qui a, fort heureusement, ému l’opinion publique. Rituels qui se sont déroulés sur plusieurs points du territoire national, comme une grande concertation, aidée évidemment par les réseaux sociaux.

https://www.lepoint.fr/societe/chevaux-mutiles-les-gendarmes-identifient-des-elements-de-rite-satanique-28-08-2020-2389371_23.php

Pourquoi ces pratiques sordides, qui ne visent rien d’autre que produire de la douleur sur autrui, de faire mal et faire le Mal, rencontrent-elles autant de succès, surtout auprès de la jeunesse ?

L’explication est multiple. Pour ma part, je pense qu’à force d’élever des enfants dans un sentiment de toute-puissance – la même toute-puissance qui incite à changer de sexe parce qu’on en a envie ! –, en évitant au maximum de les punir quels que soient leurs actes – la fessée étant désormais presque criminalisée ! –, en les narcissisant de surcroît à outrance, cela produit des individus non seulement incapables d’accepter la moindre frustration mais encore totalement privés des notions de Bien et de Mal. Notions qui existent cependant et ont, de tout temps, permis aux sociétés d’exister dans une certaine stabilité. Imaginez un instant qu’au lieu de règles chacun n’obéisse qu’à ses pulsions…

Cette génération « j’ai le droit », ainsi confortée dans l’idée qu’elle n’a justement que des droits, s’arroge soudain celui de détruire les autres au nom de son épanouissement personnel. Épanouissement qui la légitime, selon elle, lorsqu’elle décide, par exemple, de jeter un cocktail Molotov sur un policier afin de le transformer en une torche vivante. Ou encore lorsqu’un garçon décide que si telle femme ne veut pas de lui alors il est légitime à la défigurer à l’acide, voire la tuer.

Dès lors, une psychopathie jusqu’auboutiste – dont fut victime la petite Lola, massacrée par un modèle du genre ! – a toutes les chances de se manifester, les psychopathes n’ayant « aucun sentiment envers les autres. Toute émotion est ramenée à eux de n’importe quelle façon. Les autres ne sont que des objets qui servent à assouvir leurs envies ».

https://www.medisite.fr/troubles-psychologiques-7-signes-pour-detecter-un-vrai-psychopathe.541119.107.html

Je conseille, à ce propos, la récente série de Netflix, Dahmer, consacrée au tueur en série américain Jeffrey Dahmer, et qui montre très bien les mécanismes psychologiques destructeurs des psychopathes (dont la pauvre petite Lola a fait l’expérience de la manière la plus insoutenable).

Pour conclure, et contrairement à certains qui voient du satanisme partout – pourvu que cela serve leurs théories délirantes –, je considère que, si le Mal est inhérent à notre société, il existe cependant des garde-fous pour l’empêcher de se répandre : l’autorité, l’éducation et surtout, la répression, dût-elle être létale. Dans le cas contraire, nous nous préparons un monde où la loi du plus fort sera la règle, où chacun laissera libre court à ses pulsions et où, par exemple, des petites filles seront victimes de prédateurs sans limite. Quoi qu’en disent les belles âmes, la guillotine, sans être infaillible, constituait un frein efficace aux tentations meurtrières. Plus efficace en tout cas qu’une peine de prison de vingt ans, avec accès à Internet !

Enfin, sachez que, plus souvent qu’un démon cherchant à vous posséder et, une fois n’est pas coutume, en citant Sartre : « L’enfer c’est les autres. » Ceci étant dit, Dahbia B. est bien une fille du diable et, pour paraphraser un autre gauchiste (le repoussant Pierre Bergé à propos de la Manif pour tous), si une bombe explose dans sa cellule, ce n’est pas moi qui irait pleurer ! 

Charles Demassieux

(Photo : détail de la mosaïque du Baptistère de Florence)