Le peuple syrien pris en otage par un embargo criminel

Lettre ouverte aux hommes de bonne volonté.

Au cours d’un voyage d’étude, les signataires de ce texte ont pu constater les conséquences désastreuses de l’embargo imposé à la République arabe syrienne par les États-Unis et l’Union européenne.

Pour avoir visité les villes principales de Syrie, nous pouvons témoigner que l’embargo a pour effet de poursuivre la guerre sur le plan économique. C’est pourquoi nous appelons à la levée immédiate de la loi “César” qui n’a d’autre but que d’asphyxier financièrement le gouvernement syrien. Ceci afin d’empêcher toute reconstruction en détruisant la société civile syrienne dans le but d’imposer un changement de régime. L’inefficacité de ces sanctions, destinées à séparer le Président du peuple qui l’aime, est assurée !

La Syrie, pourtant détentrice d’importantes ressources pétrolières, voit celles-ci confisquées par les forces américaines occupant les zones de production. Il en résulte une pénurie énergétique permanente, qui se traduit par des fournitures d’électricité intermittentes. La vie quotidienne des Syriens en est gravement perturbée.

Si officiellement ces sanctions américaines et européennes ne concernent pas les aides humanitaires, leurs conséquences sont néanmoins dramatiques, car aucune banque ou entreprise n’ose exporter des équipements pour les hôpitaux ou des médicaments vers la Syrie par crainte de sanctions des États-Unis. Ceux-ci pratiquent en effet l’extraterritorialité juridique qui pénalise lourdement toutes relations avec les États sous embargo. Enfin, cette situation comporte aussi le risque – connu et calculé par les promoteurs de l’embargo – de créer à terme des troubles civils plus ou moins graves.

Le démantèlement de la Syrie, qui n’a pu être obtenu par les moyens militaires et les actions terroristes, pourrait l’être ainsi en réactivant des antagonismes communautaires qui ressurgiraient à l’occasion de pénuries économiques graves.

Aujourd’hui, l’État syrien est parvenu au miracle de réaliser l’unité nationale autour d’un idéal de vie commun sous couvert d’une stricte laïcité.

Cette réussite exceptionnelle, politique et sociétale, doit être préservée. En premier lieu par la levée en urgence d’un blocus légalement injustifié et moralement condamnable.

Notre diagnostic a été établi par la visite des villes suivantes :

– Damas, la ville du jasmin. Peu d’éclairage public fonctionnel. Les lumières existantes sont produites par les commerçants, grâce à des groupes électrogènes. Les banlieues Nord et Sud ont été totalement détruites, après d’âpres combats entre l’armée arabe syrienne loyale, épaulée par la Russie et l’Iran, qui a légitimement défendu l’intégrité du territoire de la Syrie, contre des terroristes d’al-Qaïda, de Daesh, des djihadistes proches des Frères musulmans et des rebelles de l’armée syrienne libre soutenus par la coalition extérieure internationale, déterminés à provoquer un changement de régime. De nombreux réfugiés couchent dans des tentes au milieu des décombres.

– Alep, ville martyre, détruite à 70 %. Les souks séculaires du XIVe siècle entièrement rasés ainsi que la grande mosquée. Pourquoi dynamiter des bâtiments historiques ? Les terroristes obéissent à une seule devise : faire table rase de la Syrie actuelle, tout à la fois société laïque moderne et mémoire des civilisations, afin d’imposer un islam radical.

– Lattaquié, grande ville portuaire qui commence à se remettre de l’agression des rebelles et des terroristes. L’électricité est aussi intermittente.

– Soueïda, grande ville du sud syrien. Électricité défaillante et de facto pas de chauffage. Il faut préciser que les États-Unis ont créé dans la région de la localité syrienne d’al-Tanf (frontalière avec la province de Soueïda), une base sur l’axe stratégique Bagdad-Damas pour soutenir les rebelles de l’armée syrienne libre (ASL) composée de terroristes islamistes.

– Daraa. Dernière étape de notre visite. Comme Alep, c’est une ville martyre. Un accord récent – moins de deux mois – pour déposer les armes a été négocié entre le gouvernement syrien légitime – avec l’aide des Russes – et les chefs des groupes rebelles.

80 % des Syriens vivent en dessous du seuil de pauvreté. Les prix des produits alimentaires ont grimpé de 133 %. Ce qui se passe sur le sol syrien est un crime contre l’humanité. Mais, malgré le fait que le gouvernement est obligé de donner des cartes de rationnement pour les produits de base afin de lutter contre la spéculation et malgré le fait d’une grande quantité d’immeubles dont la construction est paralysée depuis des années, les échoppes revivent. Des légumes, des fruits et des produits de première nécessité se vendent à tous les coins de rue. La ténacité, le courage et le patriotisme du peuple syrien forcent le respect.

Un fait récent permet de vérifier que cet embargo constitue en soi un acte de guerre déguisé. En effet, sous couvert d’aide humanitaire, des semences de blé contaminantes ont été livrées fin novembre 2021 au peuple syrien. Les effets auraient été dévastateurs : pourriture des épis et baisse de la germination de plus de 80 % par stérilisation des sols. (1)

Ce mépris intolérable de la vie humaine doit s’arrêter sans délai. La France, patrie des droits de l’homme, doit manifester sa vocation et affirmer ses valeurs humanistes.

Nous demandons solennellement l’arrêt immédiat de l’embargo affamant le peuple syrien. Les morts inutiles et les souffrances des nourrissons et des enfants doivent cesser immédiatement et impérativement.

Nous remercions M. Adnan Azzam, écrivain syrien, humaniste et homme de cœur, pour avoir parfaitement organisé ce périple. Nous remercions chaleureusement M. Mahdi Dakhlalah, membre du commandement central du parti Baas pour son aide précieuse et nous remercions vivement M. Mohammed al Hourani, président de l’Association des écrivains arabes syriens et ses membres de nous avoir invités.

Signataires de la délégation française :

Jean-Michel Vernochet. Journaliste et écrivain.

Emmanuel Leroy. Politologue et président de l’Institut 1717

Pierre-Emmanuel Thomann. Géopolitologue, président d’Eurocontinent

Maria Poumier. Universitaire émérite et Maître de Conférences Paris VIII.

Yves Béraud. Général (2S) en retraite de l’armée de terre.

Claude Janvier. Ecrivain et essayiste.

Claude Janvier

Contact : clojea@gmail.com

Notes :

(1) https://parstoday.com/fr/news/world-i104350-syrie_l%27adm_am%C3%A9ricaine_frappe_!

 

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14 Commentaires

  1. @ Vova : Cette guerre a débutée car le président Bachar al Assad a refusé que les anglo saxons pillent ses réserves de pétroles. Les forces américaines détiennent toujours les puits de pétrole Syriens. C’est un fait. Toute la coalition internationale aidé d’Al Qaida, de Daesch et quelques opposants au président ont mis ce pays à feu et à sang. Ne faites pas des comparaisons stupides avec l’opposition des GJ envers le président français. Ça n’a strictement rien à voir. J’ai été témoin d’un peuple qui souffre à cause de l’embargo américain. La résistance du peuple Syrien contre l’oligarchie mondiale financière apatride force le respect. Arrêtez de croire ce que vous lisez dans les médias main stream.

    • Bravo, c’est ce que je voulais dire. Le pouvoir d’Assad protégeait les minorités ( dont les chrétiens ). La propagande dominante nous a trompés, tandis que les Américains – et leurs alliés de toutes sortes – ont anéanti , ruiné ce pays et ce peuple qui ne demandait que la paix. Comme la guerre contre la Serbie, le Yémen, celle-ci a ruiné, affamé le peuple syrien. C’est une des hontes de notre époque !

  2. Bref ,vous avez de sérieux trous de mémoire : comment cette guerre a débuté ? Qui a massacré ces jeunes qui réclamaient plus de démocratie ? Comme son défunt père , le nouveau satrape n ‘ hésite pas à faire couler le sang de son peuple pour rester au pouvoir ! Vous jouez au porte-parole d ‘ un régime abominable ,honte à vous !!

  3. ….”ressources pétrolières,….. confisquées par les forces américaines … “… Quelles forces américaines ? Trump les a déjà évacuées depuis longtemps !! Ce territoire est géré et défendu par les forces arabo-kurdes qui contestent le pouvoir central , comme les Gilets Jaunes contestent le pouvoir de Macron !! Les Kurdes sont chez eux , et exploitent ce qui leur appartient !!!

  4. “..le Président du peuple qui l’aime …” vous parlez du peuple qui a été gazé , massacré , des millions de Syriens qui ont fui leur pays et qui ne veulent plus y retourner ? On croirait lire la PRAVDA de sinistre mémoire !!

  5. Mais qu’est-ce que font les Russes dans ce cirque organisé aussi les Iraniens et les Turcs. Tout cela n’est pas net. Particulièrement s’agissant des Russes qui ont tiré leçon de leur action afghane disposant désormais d’une capacité offensive démontrée, d’une expérience avérée de ce type de conflit opposables même aux USA. Pourquoi la partition du territoire syrien est-elle entretenue? Pourquoi la Syrie est-elle pillée par les USA? Pourquoi vouloir impliquer la France mise au dépeçage et à la vente à l’encan, en péril totalitaire sous couvert sanitaire et son droit de l’hommisme délétère vecteur de troubles?

  6. Bachar El Assad a demandé l ‘ aide de la Russie , c ‘ est donc à la Russie d ‘ assumer !! Pourquoi sont-ce toujours les mêmes qui doivent payer pour les conneries des autres ??

  7. les syriens devraient se dire palestiniens, ils auraient au moins un milliard d’euros de l’ue

  8. Tous ces braves gens qui veulent faire pleurer Margot habitent-ils en France ou les français « de souche » se font tuer depuis 2015 par des adeptes de l’Islam ?
    Pourquoi n’ont-ils pas fait de tribune pour déplorer le sort des chrétiens et des yezidis arrêtés, tortures et réduits en esclavage par les membres du Califat islamique ?

    • Réponses : Nous habitons en France et nous sommes français. Ne tombez pas dans le piège grossier du gvt à la solde des USA consistant à rejeter les musulmans. En France, les zones de non droit sont ce qu’elles sont à cause d’une politique délétère du gvt qui consiste à laisser libre d’agir les criminels. Du coup, cela engendre un amalgame hideux et du racisme ambiant. Combattre l’islam radical, les terroristes et les criminels, oui. Combattre les gens pour leur idéologie religieuse non. Damas est une ville où Chrétiens et Musulmans cohabitent ensemble sans le moindre problème

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