Le prisonnier politique Alexandre Juving-Brunet m’écrit…

J’ai reçu cette semaine une lettre du capitaine de gendarmerie Alexandre Juving-Brunet, en prison depuis le 25 novembre. Depuis cette arrestation, puis cet emprisonnement, j’ai réalisé deux vidéos à ce sujet. Une quatre jours après…

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Coupable de vouloir sauver la France, le capitaine Juving-Brunet au gnouf !

Et une autre à la période des fêtes de Noël.

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Arrêté le 25 novembre, le capitaine Juving-Brunet a passé Noël en prison

Je ne m’étais pas permis de juger de la pertinence de la démarche d’Alexandre. Il avait décidé, devant la faillite du système financier qu’il jugeait inéluctable, de battre monnaie, et de permettre aux Français qui croyaient en son projet de mettre leur argent à l’abri, au service d’un projet patriotique. Certains considèrent qu’il a été très imprudent, d’autres considèrent son arrestation comme un scandale d’État. Signalons qu’aucun des 4 000 donateurs qui lui ont versé de l’argent (1,3 million d’euros au total) n’a déposé plainte contre lui. Moi, la seule chose que je défends est que cet homme n’a rien à faire en prison, et que c’est un prisonnier politique. Rien d’autre.

Dans cet esprit, sachant qu’il nous est arrivé de nous croiser, je lui avais adressé une lettre, au mois de décembre, par solidarité patriotique, mais aussi parce que je pensais que, bien que l’homme paraisse solide, cela doit être très difficile, psychologiquement, de se retrouver incarcéré, au secret, et de ne plus voir les siens. Je me disais que si cela devait m’arriver un jour – j’essaie de ne pas être paranoïaque, mais quand on entend, devant un tribunal, des procureurs réclamer de la prison contre vous, on ne peut qu’y penser – je serais heureux de recevoir beaucoup de courriers, et d’essayer de prendre le temps de répondre à tous. Il m’est arrivé d’écrire à d’autres prisonniers politiques, avec lesquels j’avais par ailleurs de sérieuses divergences, mais la démarche solidaire me paraissait plus importante que ce qui nous opposait. Et j’ai eu à chaque fois des réponses.

Cette fois encore donc, Alexandre m’a répondu, et je suis certain, vue sa réponse, que lui et ses amis seront ravis que je la rende publique.

Bien cher Pierre,

Merci très chaleureusement pour ta lettre de soutien. Je partage ton avis quant à mon incarcération qui démontre combien la justice peut être zélée lorsque le politique s’en mêle. Juges-en plutôt, au jour de mon incarcération, la procédure n’accusait aucun plaignant. D’ailleurs, les centaines de lettres reçues sont édifiantes : les Français qui m’ont suivi dans ce projet associatif de monnaie, à l’exception de quelques infiltrés, me soutiennent à 100 %.

Si je devais te communiquer, en tant que journaliste, un message pour tes lecteurs et auditeurs, je déclarerais la chose suivante :

Le système dans lequel nous vivons use de ses dernières ressources pour maintenir une illusion démocratique à laquelle bientôt la majorité des Français ne croira plus. Presse faussement diversitaire, aux mains de quelques nantis, système politique pluraliste de façade qui combine le pire de la IVe République et son parlementarisme stérile avec le présidentialisme français aux mains d’oligarchies mondiales prônant le contrôle des peuples, qu’ils renomment “masses”, une techno-structure administrative tiraillée entre l’illusion bourgeoise offerte par le mondialisme pourtant finissant et leur serment au service du peuple.

Sans oublier un peuple hagard, maltraité, culpabilisé et parfois même opprimé qui ne sait plus, qui n’ose plus, qui n’y croit plus. Et pourtant, aussi catastrophique soit-elle, la récession que nous vivons depuis des mois, conduisant à l’appauvrissement programmé et commandité du peuple n’aura de fin que dans sa soumission totale, le ramenant à une servitude antique habillée de modernité inclusive et vivre ensembliste. Et quand le peuple français aura passé les fers de son esclavage, il ne pourra plus se redresser et voir l’horizon béni que lui offrait pourtant notre France, sa mère nourricière.

Voilà pourquoi quand une majorité conduite par une avant-garde de citoyens éclairés et leur courage aura compris le pouvoir qu’elle détient, alors plus rien ne l’arrêtera dans la reconquête de son pays souillé, privatisé, vendu à la découpe. S’engagera alors la seconde libération, dont le but sera de recouvrer une véritable indépendance, disparue depuis 1940. Les quatre vingts ans de mensonges, alimentés par près de trois siècles d’un humanisme perverti, conduisant à l’établissement d’un “nouvel ordre”, par opposition à l’ordre ancien, seront d’autant plus durs à exorciser qu’ils fondent le système de valeurs sur lequel beaucoup de nos compatriotes ont fondé leur existence.

Alors, nous ne survivrons, en tant que peuple, qu’à la condition d’être, de penser et d’agir en vérité, quête classique dont l’humanisme nous avait détournés et qui, pourtant, constitue le premier pas sans lequel la liberté n’est que mensonge et la souveraineté une utopie. Ce qui nous conduira fatalement à renverser le triptyque mensonger dans lequel nous vivons désormais : Liberté, Egalité, Fraternité. Liberté dévoyée de fait, égalité de tous, non plus devant la loi, mais devant l’argent, et enfin fraternisation impossible par l’assimilation sabotée.

Tous redoutent l’embrasement, mais on ne se lance jamais sans un but et une impulsion qui nous en rapprochent. Aussi légitimes soient-elles, les colères populaires ne passeront jamais le stade de la jacquerie, sans avoir défini l’effet majeur, l’objectif suprême pour reprendre une terminologie militaire. Sans organisation replaçant chacun à sa juste place, maillon essentiel d’une longue chaîne citoyenne, rien ne changera, car aucun corps constitué ou intermédiaire ne lâchera la proie pour l’ombre. Alors, autant offrir la condition d’adhésion du plus grand nombre à un système juridico-politique désirable que nous avons tous la responsabilité de créer, de défendre et un jour d’installer.

L’humanité est prête pour réaliser un bond social majeur, freiné par les intérêts de quelques-uns. Aussi la France a-t-elle un rôle éminent de flambeau à reprendre, une fois qu’elle aura démontré sa capacité d’évolution pour elle-même. Elle pourra alors renouer avec la grandeur et inspirer le monde dans sa quête du Beau, du Bon et du Bien.

Amitiés,

Alexandre

Voilà le contenu a souhaité, si je l’ai bien lu, partager avec les lecteurs de Riposte Laïque et tous les autres. Cette solidarité ne m’engage absolument pas, et pas davantage Riposte Laïque, à un soutien avec l’ensemble du contenu de la lettre. J’espère simplement que nous reverrons tous Alexandre au plus vite, car la place d’un tel homme n’est certainement pas en prison, même si certains verront dans l’épreuve qu’il subit une médaille en l’honneur du résistant qu’il est.

Pierre Cassen