Le Rassemblement National a gagné ce que la France a perdu

Dans ces Européennes 2019, comme depuis 40 ans, le Rassemblement National n’a pas emporté de victoire décisive mais il a fait perdre la France.

Voyons les chiffres : malgré une situation politique et sociale favorables, le Rassemblement National fait 1,5 point de moins – de moins ! – que le FN en 2014, l’échec est fort et clair. Seule la campagne minable et fratricide des derniers jours à permis que la liste de Bardella se retrouve devant LREM de 0,9 point ; même pas 1 point d’écart, l’échec du RN est fort et clair.

En octobre LREM et RN disposeront du même nombre de députés, et un de moins pour le RN qu’en 2014, où est la victoire pour le parti de Marine Le Pen ? Il y a pire, comme annoncé dans mon précédent article : les 1,5 points volés à DLF privent le camp national de 3 ou 4 députés, et d’une représentation multiforme. En continuant de monopoliser l’opposition, le Rassemblement National annihile toute tentative de composition d’une alternative intellectuelle globale et cohérente aux deux têtes de l’hydre du mondialisme acculturé : la dictature financière et l’écologie anthropophobe.

En acceptant le piège d’un duel Le Pen/Macron, le RN à permis que l’Union européenne soit absente du débat ; en voulant capter l’électorat déçu des Républicains, il a édulcoré ses positions économiques ; enfin par sa stratégie de centre-droit, il a amoindri toute intervention sur les thèmes de l’immigration et de l’insécurité culturelle.

Bref le RN se retrouve moins à droite et moins patriote que ne le fut le RPR. La volonté de souveraineté nationale et le changement radical de la politique migratoire seront bientôt oubliés mais toujours utilisés. Tout comme le PS s’est longtemps maintenu en brandissant l’étendard du progressisme et en usant des mythes de la gauche humaniste, le Rassemblement National va poursuivre, au moins jusqu’aux premiers soubresauts de la campagne de la présidentielle 2022,  son rabattage des souverainistes et les mensonges aux radicaux du « grand jour national ». Baiser de la mort, comme le montre le résultat du 26 Mai.

Revenons aux chiffres : ensemble les votes du RN, de DLF, de l’UPR, des Patriotes n’atteignent pas 29 %, où sont donc les 34 % de Marine Le Pen au second tour ? L’échec du RN est fort et clair ; l’on voit bien que, faussement inquiets, les commentateurs, pour qui ce parti a gagné le duel, sont ceux qui soutiennent Macron et son projet d’éradication de la France en tant que puissance d’équilibre mondiale. Ce que LREM a gagné d’influence dans l’UE est enlevé à la France, l’enjeu est là, il s’agit ni plus ni moins de la survie de notre nation ; la solution n’est pas une recomposition de la droite, en forme de jeu de taquin, ou la création d’un grand parti de droite attrape-tout et privé d’âme, mais dans une projection à moyen terme d’options sociétales, de choix sociaux, de propositions politiques audacieuses plongeant dans les racines de notre culture nationale.

Marine Le Pen, dont la stratégie vise à occuper l’espace politique des Républicains, sans trop perdre ses bases historiques, poursuit un but, couper les ailes de Marion Maréchal, et rester seule en lice contre Macron… pour perdre une nouvelle foi, car, quelles que soient ses qualités, Marine Le Pen ne pourra jamais incarner la France, c’est ainsi ; injustice peut être, mais réalité provenant de notre impensé collectif. Oh, elle pourrait peut être hausser un peu son niveau, mais 45 % ce n’est pas 51 !

L’amour de la France que proclame Marine Le Pen devrait la conduire au sabordage du Rassemblement National, car il devient urgent que la droite française retrouve le pouvoir avec comme horizons, la justice sociale et la nation souveraine.

Gérard Couvert