Le Rassemblement National est-il vraiment un parti d’extrême droite ?

Dans un précédent article, j’ai eu l’occasion d’exposer les origines et les faits historiques concernant l’extrême droite française.

À l’origine monarchiste, puis nationaliste maurrassienne, parfois même antiparlementaire, mais toujours patriote, la mouvance d’extrême droite s’est toujours mobilisée lorsqu’elle considérait la France en danger.

C’est ainsi que, n’en déplaise aux révisionnistes actuels, l’extrême droite était surreprésentée à Londres en 1940, quand la chambre du Front Populaire votait les pleins pouvoirs à Pétain et que le parti communiste collaborait, conformément à l’esprit du pacte germano-soviétique.

À l’exception des francistes de Marcel Bucard, la totalité des chefs et militants des mouvements d’extrême droite d’avant-guerre ont été résistants et bon nombre d’entre eux déportés. C’est pourquoi de Gaulle n’a pas hésité à rendre hommage à des résistants tels que le colonel François de La Roque, chef des Croix de Feu, et Georges Loustaunau-Lacau, ancien cagoulard, tous deux résistants et déportés.
Aujourd’hui en France, selon la DCRI, l’extrême droite représente au maximum 3 000 individus, tous identifiés, répartis dans des groupuscules bien connus du ministère de l’Intérieur.

Aussi, le qualificatif d’extrême droite employé à tort et à travers dans les médias, par les macronistes et leurs alliés électoraux Nupes, révèle-t-il une preuve de vacuité culturelle ou de malhonnêteté intellectuelle.

Dire que le Rassemblement National serait d’extrême droite constitue une contre-vérité éhontée, tout simplement parce que c’est faux. Il n’y a rien dans le programme du RN qui rejoigne de près ou de loin les idées de l’Action Française et de Charles Maurras. Le RN respecte la légalité républicaine et les usages démocratiques, contrairement à certains de ses contempteurs. Pareillement, au regard de ses cadres et militants d’origine africaine ou maghrébine, on ne peut pas le taxer de racisme.

Que penser alors de ce contentieux entre le RN et Gérald Darmanin (pour qui LFI n’est pas l’extrême gauche !) qui tient à coller l’étiquette d’extrême droite au RN ?

Le Conseil d’État

Hérité du Conseil du Roi, le Conseil d’État a été créé par Napoléon Bonaparte en 1799.

Il exerce deux missions : juger les conflits entre les citoyens et l’administration, rendre des avis juridiques au Gouvernement et au Parlement sur leurs projets de loi et de règlementation.

En bref, il a un rôle consultatif en qualité de conseiller du gouvernement, et un rôle contentieux qui en fait le juge administratif suprême.
Les 300 membres du Conseil sont des fonctionnaires et bien que leur inamovibilité ne soit pas actée contractuellement, elle leur est garantie. Ils sont répartis en cinq échelons : auditeur, maître des requêtes, conseiller d’État, président de section et vice-président du Conseil d’État.

La présidence du Conseil d’État revient de droit au chef de l’État. C’est donc le vice-président qui est de fait le vrai patron du Conseil d’État.
Ce poste revient aujourd’hui à Didier Tabuteau, ancien chef de cabinet de Bernard Kouchner, puis directeur adjoint des cabinets de Claude Évin et Martine Aubry lorsqu’ils étaient ministres de la Santé.

Origine du contentieux
À l’occasion des élections sénatoriales de ce dimanche 24 septembre, le ministère de l’Intérieur adresse le 16 août 2023 une circulaire aux préfets classifiant les partis politiques en six catégories allant de l’extrême gauche à l’extrême droite.
Se basant sur le principe de préférence nationale défendu par le RN, le ministère qualifie celui-ci « d’extrême droite ».
« L’attribution des nuances politiques est un préalable essentiel à l’analyse électorale et à la lisibilité des résultats des élections pour les citoyens », précise le ministère dans sa circulaire.
Le RN dénonce alors une « différence de traitement entre les mouvances politiques » et une « erreur manifeste d’appréciation quant à la classification retenue », de quoi porter « atteinte à la sincérité du scrutin ». Il considère également que la circulaire est « entachée de détournement de pouvoir et méconnaît le principe d’impartialité » et c’est pourquoi il a saisi le Conseil d’État par une requête en référé-suspension contre la circulaire de Gérald Darmanin.

Haro sur le RN !
Le 21 septembre, la requête est rejetée : « En l’état de l’instruction, aucun de ces moyens n’est de nature à créer un doute sérieux quant à la légalité de la circulaire contestée ».
Pourtant, il n’y a rien dans le rejet de la requête qui permet honnêtement d’affirmer que le Conseil d’État valide sur le fond les termes de la circulaire du ministère de l’Intérieur.
Le Conseil d’État a simplement rejeté la suspension dans l’urgence de la circulaire du ministère. En aucun cas il ne valide que le RN serait un parti d’extrême droite.
Il n’empêche que, de Mediapart (« le RN est bel et bien un parti d’extrême droite. Le Conseil d’État l’a rappelé… ») à Marianne (« C’est là qu’intervient le poids de l’Histoire ! »), toute la camarilla mondialiste s’agite frénétiquement : « Le RN est d’extrême droite, puisque c’est le Conseil d’État qui le dit ! ».

Dans leur ouvrage « Des intellectuels jugent les médias » paru en 2011, André Comte-Sponville et Régis Debray, peu suspects de sympathie lepéniste, écrivaient déjà : « Il y en a assez du haro sur la politique. Les élus du peuple font un métier épouvantable, aux rétributions faibles et aux désagréments considérables. Ce haro sur le baudet semble relever d’une stratégie préventive ».
Dès 1678, avec « Les animaux malades de la peste », Jean de La Fontaine apparaît comme un visionnaire de notre époque délétère.

Jean-Yves Léandri
Ancien président du Club Souveraineté-Démocratie