Le Révolution de 1789 et la Vendée

« La Révolution française est un bloc » disait Clemenceau. Par cette formule, il entendait assumer le pire et le meilleur de cet épisode historique. Dans le pire, il y eut les massacres de Vendée, qui fut punie car elle était restée fidèle au roi et au Christ. Ce sang ne sèche pas.

Les faits sont connus et ne sont discutés par personne. Les abominables tueries perpétrées par les colonnes infernales de Turreau, envoyées châtier la province rebelle… Les affreuses noyades de Nantes organisées par Carrier, un bourreau républicain fanatique… Les Chouans, femmes et enfants compris, enfumés dans les grottes par les Bleus.

Se pose l’interprétation de cet épisode tragique. Tragiques, toutes les guerres civiles le sont. Pour s’en convaincre, il suffit de lire deux grands romans : Quatre-vingt-Treize de Victor Hugo, et Les Chouans d’Honoré de Balzac. L’un farouchement républicain, l’autre résolument monarchique.

Aujourd’hui encore, des historiens s’affrontent sur les guerres de Vendée. À gauche, dans la tradition de Michelet (et de Clemenceau aussi) on accepte que le sang versé par Robespierre et les siens retombe sur nos têtes. Aussi sauvage que fut la répression des Vendéens, elle est jugée inévitable et nécessaire. Car le défi lancé par les révolutionnaires de 1789 se voulait prométhéen : changer la face de l’Europe et renverser les trônes. Il paraissait donc sacrilège et blasphématoire, aux yeux des robespierristes, que quelques dizaines de milliers de paysans catholiques se dressent contre ce nouveau messianisme.

De l’autre bord, de celui de Balzac et du Puy du Fou de Philippe de Villiers, on se bat avec passion pour bâtir un monument expiatoire aux assassinés de Vendée. Un périodique, Histoire Magazine, apporte sa pierre à cet édifice.

On y apprendra tout sur les horreurs commises par les républicains. Histoire Magazine est de parti pris. Avec des accès de rage bien inutiles. Un historien qui y collabore tient en effet à démontrer, à tout prix, que les guerres de Vendée constituaient un génocide. Et il cherche, avec une passion étrange, tout ce qui pourrait prouver que les colonnes de Turreau étaient des SS avant la lettre, et que les chambres à gaz d’Auschwitz préexistaient déjà en 1793. Inutile de s’y attarder plus. Car, pour le reste, il faut remercier Histoire Magazine de nous faire connaître quand même des choses sur notre histoire qui, souvent, a oublié d’être belle…

Benoit Rayski