Le roi légitime et les prétendants

De manière habituelle, je lis toujours avec grand intérêt et vif plaisir les articles de Jacques Chassaing sur Riposte : toujours bien documentés, bien argumentés et bien rédigés, démontrant si ce n’est la maîtrise du domaine celle de l’étude du sujet traité.
Sans doute est-ce pour tout cela qu’il est l’un des meilleurs contributeurs de Riposte et parmi les plus prolifiques avec une très large palette de sujets et de styles d’écriture et toujours sa marque de fabrique : le sérieux et le respect du lecteur.

La livraison de Riposte de ce samedi, le jour le plus long de 2020, incluant une nouvelle contribution de son cru “Et si on avait un roi à la place d’une république de voyous ?” a donc attiré mon clic sur un tel sujet si prometteur.

https://ripostelaique.com/et-si-on-avait-un-roi-a-la-place-dune-republique-de-voyous.html

Quelle n’a pas été ma déception tout au long de cette lecture tant cet article est confus, démontrant que l’auteur ignore l’essentiel de la royauté et livre un rédactionnel de propagande orléaniste plutôt qu’un article d’information comme il sait fort bien le faire habituellement.

Que Jacques Chassaing s’essaie à la communication et même à la propagande qui plus est orléaniste, pourquoi pas ? C’est son droit le plus strict même si je peux penser qu’il a tort. Compte tenu de la qualité habituelle de ses productions antérieures, ce qui est attendu de lui est d’étudier son sujet et de le traiter intelligemment, avec rigueur, sérieux et respect du lecteur. Au cas d’espèce, si les mots ont un sens, il est méconnu dans une bonne partie de cet article à l’intérêt direct réduit tant l’essentiel y manque et laisse place à nombre  d’erreurs.
Essayons donc de clarifier et d’ordonner ce qui aurait pu être une réponse à la question du titre.

Dernière phrase du premier paragraphe “l’un des prétendants au trône de France, le comte de Paris Jean d’Orléans”. S’il est exact d’écrire ainsi l’un des prétendants car ils sont relativement nombreux si on compte, outre celui nommé, les survivantistes et le charismatique-stigmatiste voire le bonaparto-impérialiste cher à un autre important contributeur de Riposte, cela compromet déjà l’exactitude qui va être de plus en plus compromise dès lors et par la suite.

Précisons d’entrée que l’autoproclamé comte de Paris n’est autre que le duc d’Orléans depuis le 21 janvier 2019 qui fut funeste à son père alors qu’il était alors duc de Chartres et non point duc de Vendôme ; ainsi devenu chef de la maison d’Orléans qui est la septième et dernière branche principale de la maison de Bourbon, il est classé bien au-delà du 75e rang dynastique au trône et à la couronne de France, et ce en fonction des naissances et des décès enregistrés ; il prétend certes mais il en est très loin. Je reviendrai sur “l’un des prétendants”.

Inutile de gloser sur la relative connaissance des États-Unis d’Amérique de Jean d’Orléans au 4e paragraphe mais relevons vers la fin de ce même paragraphe “maison royale de France” et au paragraphe suivant, le 5e Gens de France, “chef de la maison royale de France” qui d’après l’écriture de l’article concerneraient Jean d’Orléans : or il s’agit là de faux manifestes : Jean d’Orléans est certes le chef de la maison d’Orléans mais il n’est point le chef de la maison de France selon les lois fondamentales du royaume de France qui sont toujours de droit positif car d’inspiration divine et les lois fondamentales du royaume désignent très précisément le chef de la maison de France qui est le chef des maisons de Bourbon et d’Anjou.

Les vidéos et la suite de l’article sont de peu d’intérêt car limités à la promotion de l’orléanisme, ce qui peut être un sujet d’article.
Revenons donc aux lois fondamentales du royaume de France. En quelques mots précis : primogéniture, mâle, issu d’un mariage régulier, catholicité, indisponibilité et dévolution, les premiers termes désignent la personne, les deux derniers qualifient la couronne et le trône par rapport à la personne désignée. Leur application a été simple jusqu’à Henri V, né duc de Bordeaux et comte de Chambord.

Au décès d’Henri V en 1883, sans descendance, le nouveau chef des maisons de France et de Bourbon est un descendant de Louis le XIVe: Charles-Jean de Bourbon d’Anjou, descendant de Philippe de Bourbon duc d’Anjou et petit-fils de Louis le XIVe, soit Jean le IIIe, suivi par son fils Charles le XIe puis son second fils Charles le XIIe et enfin le fils de ce dernier Jacques Ier. À la mort de ce dernier en 1936, passage à la 2e branche de la maison de Bourbon d’Anjou avec Alphonse Ier, suivi par son fils Henri le VIe et le fils de ce dernier, Alphonse le IIe et depuis 1989 Louis le XXe fils du précédent : Louis le XXe ne prétend à rien, il est. Pour information, les enfants de France sont : la princesse Eugénie, le Dauphin Louis duc de Bourgogne, Alphonse duc de Berry et Henri-Dieudonné duc de Touraine, tous nés du mariage régulier de leurs parents. Les Bourbons d’Anjou directs sont donc en mesure de tenir plusieurs décennies et d’ici là, il y aura des petits-enfants de France ! Autant dire que Philippe de Bourbon d’Anjou-Barcelone est entièrement désintéressé et ce d’autant plus qu’il n’ a que des filles et donc point de garçon et les Bourbon d’Anjou Séville sont en longue attente et pour ce qui est de la sous-branche de Santa Elena et des Bourbon d’Anjou Deux Siciles et des Bourbon d’Anjou-Parme, l’attente est encore plus longue… et  l’attente est désespérée pour les Orléans.

Désespoir des Orléans en raison du fait qu’ils ne descendent point de Louis le XIVe mais du frère de ce dernier, Philippe duc d’ Orléans, fils de Louis le XIIIe, ce qui place les Orléans en fin de peloton. Pour ordre apparent car ô désespoir, ô rage, les Orléans sont en délicatesse avec les lois fondamentales du royaume de France. À commencer avec le principe de catholicité ; depuis 1730, les Orléans sont affiliés à la secte noire maçonnique satanique mondialiste liberticide génocidaire or, selon la bulle In eminenti apostolatus specula fulminée par le pape Clément le XIIe le 28 avril 1738, l’affiliation à ladite secte vaut excommunication, ce qui fait perdre la catholicité.

Poursuivons quelques décennies plus tard ; le 20 janvier 1793, le duc d’Orléans, le fameux Philippe Égalité, vote la mort de Louis le XVIe et donne ainsi la voix de la majorité à la mort… il est donc régicide au premier rang… or, en droit pur, le principe fondamental est que le crime ne peut profiter ni à son auteur, ni à ses héritiers et c’est là la seule exception pratique à la dévolution de la couronne et du trône de France. À titre subsidiaire, il conviendrait de s’interroger sur la raison des mariages consanguins contractés par les Orléans à la fin du XIXe et au début du XXe siècles avec les effets désastreux encore constatables il y a quelques années en ce XXIe siècle, ce qui est au demeurant dramatique. Alors Jean d’Orléans se dit descendant du dernier roi de France le plus proche : Louis-Philipe ; cependant, Louis-Philippe n’était pas roi de France mais seulement roi des Français et nous verrons cela en fin de rectification. Ainsi, Jean d’Orléans est relégué au- delà du 75e rang actuellement dans l’ordre de succession au trône et à la couronne et cela en supposant qu’il soit successible.

Pour ordre et mémoire et à titre subsidiaire, il est relevé que Jean d’Orléans épouse le 19 mars 2009 Philomène de Tornos à la mairie du VIIe arrondissement de Paris et le mariage religieux est célébré à la cathédrale de Senlis le 2 mai 2009 : le mariage étant un sacrement catholique, il est curieux d’attendre 43 jours pour le recevoir alors qu’il aurait dû intervenir avant même le mariage civil… voilà qui est fort peu catholique… le pire est à venir : leur premier enfant et fils Gaston naît le 19 novembre 2009, soit huit mois après le mariage civil et 6,5 mois après le mariage religieux : n’a-t-il pas été conçu avant mariage ? En tous cas, la naissance dans la régularité du mariage laisse alors à désirer.

Dernier point : Jean d’Orléans, s’il peut se dire prince, ne peut en aucun cas se dire de France, ni s’être dit de France ni de ses enfants dire de France car seuls sont dits de France les enfants et petits-enfants du roi légitime, à savoir actuellement les enfants de Louis le XXe, chef de la maison de France. Toutes choses qui ne concernent point Jean d’Orléans qui n’est pas chef de la maison de France. Certes, les enfants de Jean d’Orléans sont par ailleurs des enfants de France comme tous les autres enfants des Français, mais ni plus, ni moins.
Interrogés par un site très républicain “Selon votre intime conviction, qui devrait monter sur le trône de France?”, les Français, même sans connaître “juridiquement” les lois fondamentales du royaume de France, répondent très lucidement :
– Jean-Christophe Napoléon Jérôme Bonaparte à 475 soutiens,
– républicains à 920 soutiens,
– Jean d’Orléans à 1082 soutiens,
– Louis de Bourbon à 18810 soutiens. Et Dieu le soutient aussi avec les lois fondamentales du royaume de France.

Fernand CORTES de CONQUILLA
Cercle Légitimiste de France
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