Dans son livre datant de 1993 et intitulé Spectres de Marx, Jacques Derrida dénonce une nouvelle « intolérance » [sic] qui consiste à dire que « le marxisme est mort ».
Derrida comprend pourtant que le cadavre bouge encore.
Vingt-cinq ans après la publication de l’essai du philosophe disparu en 2004, il faut admettre que certaines doctrines marxistes ne sont (malheureusement) pas mortes, même si ceux qui les expriment le font encore souvent de manière inconsciente.
Nous allons proposer quelques exemples qui démontrent que le spectre s’est réveillé de sa torpeur post-communiste pour s’exprimer de nouveau dans un champ politique et social bouleversé par une nouvelle crise de la modernité.
Commençons par parler du sujet de l’ égalité et de son corollaire social, l’égalitarisme.
« La séduction de l’idéal communiste », comme l’écrit le philosophe André Senik, est « le plus souvent rattaché au désir d’égalité ». La passion de l’égalité, il faut le dire, a toujours hanté les peuples. En effet, comme le disait Tocqueville, les peuples n’ont qu’un « goût naturel » pour la liberté mais ont une « passion ardente » pour l’égalité. Les peuples préfèrent donc, comme le dit le politologue Gérard Mairet, l’égalité à la liberté, et ce jusque dans la servitude. En clair, mieux vaut que tout le monde soit asservi et à égalité plutôt que d’être libre et de devoir créer son avenir avec le risque de voir le voisin réussir mieux que soi. Par conséquent, nous assistons avec le marxisme à une néantisation du concept même de hiérarchie qui, dans notre société occidentale, est de plus en plus remise en question au nom de l’égalitarisme.
Nous retrouvons un autre spectre du marxisme dans une frange militante d’une partie de l’Occident et dont la volonté est de repenser le monde à l’aune d’une vision post-étatique. Marx souhaitait la disparition de l’État représentatif. Rappelons que, pour Marx, le monde n’est pas divisé en États mais en classes qui, dans sa vision eschatologique et téléologique, doivent à terme disparaître pour créer une société réellement communiste (sans classe ni État).
Ce débat a vraiment commencé dans les années 1990 quand, par exemple, le philosophe allemand Jurgen Habermas (qui se définit comme marxiste bien que rejetant de nombreuses doctrines de cette idéologie) défendait l’idée d’un « patriotisme constitutionnel » dans lequel le sentiment d’ appartenance (pourtant nécessaire comme l’avait souligné le sociologue Maslow) « ne se définirait plus autour d’un passé partagé et de traditions communes, comme dans l’État-nation » (Alain Renaut).
Disons qu’il existe un sérieux paradoxe chez Marx : il soutient l’idée de la disparition de l’individu qui doit se fondre dans la collectivité mais, étrangement, cette collectivité ne peut être l’État représentatif.
Le réveil du spectre de Marx a aussi eu pour conséquence dramatique de libérer la parole et les actes antisémites de la part des forces prétendument progressistes. La mondialisation (libérale) et la crise de la modernité ont réveillé le vieil antisémitisme de type anti-capitaliste. Comme l’analyse André Senik, Karl Marx – qui fut l’un des pires penseurs antisémites – récusa sa judéité pour « se poser en théoricien universel de l’histoire universelle. En penseur sans origine et sans limite ». Forclusion de l’origine telle que l’Occident la pratique en grande partie depuis des décennies. Étrangement, l’Occident est pourtant en recherche de ses origines et l’Afrique, « berceau de l’humanité » (au regard de la rationalité cognitive, au sens où l’entend le sociologue Raymond Boudon) paraît être le lieu idéalisé de cette quête identitaire, avec toute l’ambiguïté du mot « identité », puisque ce mot apparaît comme le lieu du Même (l’identité) mais aussi de l’universel (l’identique).
Une autre idée profondément ancrée dans le marxisme repose sur le fait que l’individu doit être absorbé dans la collectivité.
Aujourd’hui, l’individualisme ou l’individualité (Sartre) sont rejetés comme inhumains. L’intellectuelle Ayn Rand (1905-1982) est vouée aux gémonies par les oligarques du tout social pour ses prises de position contre l’altruisme (dont Nietzsche dénonçait l’hypocrisie) et pour sa passion de l’individualisme (il suffit pour s’en convaincre de lire le portrait acerbe d’Ayn Rand brossé par Stéphane Legrand dans Le Nouveau magazine littéraire d’avril 2018). Paradoxalement, une fois encore – puisque nous vivons dans une époque d’hybridation d’idéologies (recyclées) – les adeptes de la philosophie d’Ayn Rand que sont, entre autres, les patrons de la Silicon Valley sont pourtant les concepteurs d’un monde connecté, social et sans frontière.
Autre paradoxe : le programme d’abolition des différences identitaires.
Comme le rappelle encore André Senik : « Marx n’est pas le premier à prêcher l’abolition des différences identitaires. Saint Paul l’a précédé : ‘‘Il n’y a plus ni Juif ni Grec ; il n’y a plus ni esclave ni libre ; il n’y a plus ni homme ni femme ; car vous êtes tous un en Jésus-Christ.’’ (Épître aux Galates). »
Nos sociétés occidentales sont tiraillées entre l’universalisme de type marxiste (dont « l’homme générique » doit être le modèle) et le particularisme identitaire.
Il est intéressant de noter que c’est paradoxalement au nom de l’universalisme que les États occidentaux acceptent d’accueillir les migrants venant d’Afrique et du Moyen-Orient qui pourtant une fois arrivés veulent imposer leurs mœurs particularistes. Ces inconséquences produisent des résultats des plus étonnants lorsque nous voyons des partis et associations de gauche faire la place belle aux femmes voilées, et ce au nom de l’universalisme…
Le droit à la sécurité est aussi perçu par Marx et ses héritiers, jusqu’à aujourd’hui donc, comme conflictuel. En fait, la sûreté relève du pouvoir régalien, et les marxistes et les marxiens se méfient du pouvoir de l’État. Ils souhaitent (tout comme les tenants de l’ultra-libéralisme économique), si ce n’est la fin, du moins l’affaiblissement de la forme étatique du pouvoir afin de laisser s’épanouir une démocratie absolument directe.
Comme l’écrit André Senik : « Marx raille le fait que les droits de l’homme engagent la société et l’État à la liberté et la sûreté de tout être humain. Avant lui, qui aurait vu du mal à cela ? Qui saurait dire en quoi il est méprisable de garantir à chacun la conservation de sa vie, de sa personne, de ses droits et de ses propriétés ? Le rejet de la liberté et de la sûreté ne se comprend que si on le rapporte au rejet préalable de l’existence d’individus autonomes, distincts et séparés les uns des autres. Marx condamne ce type individualiste d’existence humaine et lui oppose sa vision de l’avenir : dans une association fraternelle d’individus ayant collectivement tous les pouvoirs sur l’existence de chacun d’eux, quel besoin les hommes auront-ils de liberté de sécurité individuelle ? À quoi bon des droits pour des individus vivant au sein d’une collectivité où rien n’oppose les hommes les uns contre les autres, ni l’individu à la collectivité. »
Nous nous apercevons donc que le spectre de Marx hante toujours une partie de l’Occident y compris aux États-unis où les jeunes étudiants s’intéressent de plus en plus au penseur allemand, comme si l’expérience du socialisme totalitaire devait être tentée partout afin de goûter aux joies du manque de liberté individuelle…
Frédéric Sroussi
Contenu mediocre. Petitions de principes sur petitions de principe. Je suis loin d’admirer Ayn Rand mais j’aurai au moins l’honnêteté de ne pas tenter de confondre Nietzsche (qui est difficilement accessible) et Rand en les employant dans la même phrase, en tant que cette dernière rejete le premier. Quant à Marx, vous n’avez rien decidement rien compris. Autant s’abstenir.
DYSTOPIES crees par des humains defficients https://fr.wikipedia.org/wiki/Dystopie a lire LE PRINCIPE DE LUCIFER HOWARD BLOOM Les huamins etant des cretins A 98/100 inventent des cretineries mortelles heureusement nous allons y remedier
exact, dit autrement: les français sont formatés depuis 1945 par l’Ecole marxiste de la république, suivie pour certains par l’ENA ou l’ENM
C’est dans les conséquences qu’il faut classer: l’indigence intellectuelle en matière de gestion , la haine de la nation et le corollaire du mondialisme qu’est l’immigrationnisme
Merci de ces précisions utiles, tout le monde sent bien que le “cadavre” du marxisme se réveille. En fait en France, dernier pays du monde rempli d’intellectuels communistes (ailleurs plus personne n’y croit, ce n’est plus qu’un paravent du pouvoir), il ne s’est jamais endormi. La grande question est de savoir à quel degré la gauche américaine, si influente sur la gauche et la droite molle françaises, en devient infestée.
L’Egalité au Panthéon des Valeurs ? MDR !!!
L’Evolution nous a enseigné que seuls les Meilleurs survivaient !
Le Talent, le Mérite, séparent les Hommes ! Le Capitalisme les sélectionne à tort. La Fortune n’est pas un gage de Savoir.
L’intelligence pure (Science, Philo, etc…) laissent la place au Fric ! Hélas !
Deux mots encore…
Marx était un scientifique. Il a développé une philosophie; le matérialisme dialectique, et une science qui applique cette philosophie aux sociétés humaines, le matérialisme historique. Ces deux volets constituent ce que les ignorants nomment “marxisme”. C’est en étudiant les sociétés humaines avec la lorgnette du matérialisme dialectique qu’il a décortiqué le capitalisme.
Aucun intello de gôche n’a actualisé le marxisme. La finance anglo-saxone, elle, l’a fait.
marx etait un “scientifique ” encor un con qui voulait faire le bonheur des gens a “l insu de leurs pleins gre”comme melenchon qui se prend pour sa reincarnation
André Léo (ci dessous) a tout perçu …J’ajouterai ici cette réflexion de Waren Buffet qui, en 2005, dans une interview, disait : “mais oui, la lutte des classes existe, et nous, la classe des “riches”, nous sommes en train de la gagner” …D’ailleurs, les féodalités financières mondialistes font bien une analyse “marxiste” de la situation économique et politique mondiale, et elles, elles sont unies ..
“Le spectre de Marx”! Abscons!
Parle-ton du “spectre” de La Bruyère, de Robespierre ou de Clemenceau?
Marx a dénoncé un système économique et politique: le capitalisme. Il a donné des pistes pour soulager la misère du “prolétariat”.
Soros et la petite cinquantaine de milliardaires qui possèdent le Monde et l’instrumentalisent ont compris, eux, que Marx, il y a 150 ans, avait fait une analyse solide de la société industrielle. Ils lui ont opposé la Dictature de la finance mondialisée.
Oui mais Marx c’ est 100 ans de communisme de procès staliniens d’executions sommaires, de goulag, de deportations, de mises en famine , c’ est au moins 100millions de victime et je ne parle pas du marxisme exporté en chine, au cambodge, a cuba, en amerique du sud ! Total au bas de l’ addition: 150 à 200 millions de victimes!
Tandis que Ronespierre c es meme pas un million, Clemenceau une victoire et ensuite c est l’oubli, la bruyere un écrivain pas de quoi fouetter un chat!
les milliardaires ce n est rien face auxmilliards redistribuees par le systeme social francais tant mieux si sa dure(facile a retenir 1 millirds par jour )365 jours 365 milliards commbien de temps cela va il tenir,?
Fred, tu veux dire quoi dans ton analyse, trop longue, trop confuse? Partir des faits reste une des bases de l’analyse marxiste, certainement pas de ses idées à priori!
Un autre point à signaler : l’auteur semble haïr Marx parce que celui-ci aurait “récusé sa judéïté” pour pouvoir étudier l’Histoire, ce qui ferait de lui un antisémite. Rien de moins !
C’est exactement le type d’attaques que subissent les musulmans qui rejettent l’islam pour adhérer à la laïcité, voire à l’athéisme et qui sont vus par certains comme des traîtres islamophobes et violemment condamnés en tant que tels.
Décidément, bravo !
Le Karl Max était odieux avec sa femme pire que les muzz avec leurs mouqueres. Il a inspiré tous les dictateurs gauchistes de la planète. Sroussi veut nous dire que si nous souffrons de la politique MARX en est l’instigateur. Sa mère aurait mieux fait d’avorter.
Il y a tant d’erreurs qu’il serait vain de vouloir contrer un auteur qui connait aussi mal son sujet. Rappelons juste que le marxisme est un mouvement philosophique autour d’un des penseurs les plus importants de l’Histoire et non une idéologie. L’idéologie, c’est le marxisme-léninisme constitué par Lénine en adjoignant au Capital des recettes pour mettre en oeuvre les idées marxistes vues comme des dogmes et interdites de critique. Confondre les deux est digne d’une mauvaise copie de collège.
Mouvement philosophique ou idéologie ? Nuance subtile.
Il est vrai que Lénine s’est intéressé aux recettes pour prendre le pouvoir plus qu’à la façon dont concrètement le prolétariat pourrait exercer ce pouvoir. Dès les premiers mois de 1918, les soviets n’avaient plus aucun pouvoir réel. Qu’un marxistes ait pu penser que la révolution allait partir d’un pays encore sous développé à bien des égards avec un prolétariat encore peu expérimenté est déjà surprenant.
C’est juste. L’URSS comme son nom ne l’indique pas n’était ni socialiste ni soviétique. « Nous ne sommes pas assez civilisés pour pouvoir passer directement au socialisme » avait déclaré Lénine en 1921 après avoir écrasé les marins de Kronstadt et les ouvriers de Pétrograde et juste avant de mettre en place la NEP, un capitalisme d’Etat réclamé par Trotski dès 1920.