Le Titanic de l’Éducation : un « cas d’école »

Tout le monde sait qu’aujourd’hui le baccalauréat, épreuve emblématique de l’enseignement, est une formalité car presque tous les élèves sont reçus, même ceux qui n’ont pas travaillé pour l’obtenir, et qui le proclament fièrement. C’est même un scandale quand une épreuve est jugée trop difficile ou quand le pourcentage des reçus est un peu plus faible que celui qui est attendu. Aussitôt, toute l’administration, des inspecteurs généraux au recteur, se mobilise pour réclamer des notes plus élevées aux enseignants fautifs d’avoir évalué correctement leurs copies.

Comme ce manège commence sérieusement à se voir, on rebat les cartes, le nouveau bac est arrivé. Comme un rapide coup d’œil suffit à s’en apercevoir, le contrôle continu, c’est-à-dire effectué en classe sans anonymat par les professeurs des mêmes élèves, compte maintenant pour presque la moitié de la note de l’examen. Et encore, une bonne part concerne les appréciations du bulletin scolaire, autant dire que c’est la porte ouverte à toutes les pressions que peuvent subir les enseignants, et elles ne manquent pas. En dehors du français passé à la fin de la première, il ne reste donc à l’écrit que la philosophie et une épreuve de spécialité, corrigées numériquement, paraît-il. Pour alléger un peu plus le poids de connaissances, on complète le gâteau avec un « Grand oral » , de quoi s’agit-il exactement ? Juste montrer que l’on peut discuter d’un sujet donné sans avoir de connaissances précises sur le sujet, autrement dit du baratin de bonimenteur de foire. Pour en donner une idée, mon petit-fils qui passe son brevet a choisi, pour un oral à peu près du même genre, de discuter de l’importance du slam dans la vie. On conviendra qu’il s’agit d’une étude essentielle pour améliorer la culture.

Cet examen reflète la descente aux enfers de l’Éducation nationale durant le demi-siècle écoulé. La fonction essentielle de l’Éducation nationale, qui est de former des citoyens aptes à réfléchir et s’adapter aux besoins de la nation, a été totalement dévoyée. Elle est devenue une sorte de sécurité sociale de l’éducation où parents et élèves réclament le diplôme comme un dû et où les enfants reçoivent l’enseignement comme ils regarderaient un spectacle, sans faire aucun effort. Et cette attitude est encouragée par le ministère, puisque celui-ci édulcore systématiquement les évaluations en demandant toujours plus d’indulgence aux correcteurs.

Les rapports des organismes internationaux sont sans appel, notre pays décroche complètement dans toutes les évaluations, devenant la lanterne rouge de l’Europe en matière d’éducation. Les modèles proposés aux jeunes sont les vedettes du football ou les rappeurs de YouTube, les rares adolescents qui aiment étudier deviennent la risée et le souffre-douleur des autres élèves, le bruit et le bavardage deviennent la règle dans la plupart des classes et le métier d’enseignant est dévalué à un point tel que le recrutement devient difficile, même dans une période où l’emploi se fait rare. Les résultats d’une telle politique sont inévitables, qui sème l’ignorance récolte la pauvreté et la dictature et le sort de notre pays n’aura bientôt plus rien à envier à celui de la Somalie ou de Madagascar où la misère est endémique.

Comment en est-on arrivé là ?

Les résultats de l’enseignement général de base sur lequel on construit les capacités d’analyse de l’élève n’apparaissent qu’à long terme, au moins dix ans après, contrairement  à ceux d’une entreprise où les mauvais choix sont sanctionnés rapidement. Ce domaine est donc le terrain de jeu idéal des idéologies simplistes qui prétendent raser gratis et mettre tout le monde sur un même pied d’égalité.

Au nom d’une sacro-sainte égalité des chances et du droit au diplôme pour tous, nous avons donc assisté à un train continu de réformes, toutes plus désastreuses les unes que les autres, comme la réforme Haby qui cassait l’homogénéité relative des classes de collège et détruisait les chances des élèves méritants de classe modeste. Puis sont venus la reconnaissance des syndicats de lycéens, manipulés cyniquement par les syndicats des adultes qui envoyaient leurs enfants dans la rue à leur place. C’est ensuite la place de plus en plus importante des parents et des élèves dans les conseils de discipline, empêchant toute sanction efficace envers les fauteurs de troubles. La politisation grandissante de ces fédérations de parents d’élèves telles que la FCPE qui se permettent de prendre position sur l’immigration et contre la laïcité en encourageant le voile portent une estocade finale à cette vénérable institution.

C’est dans le domaine universitaire, là où la liberté d’action est la plus grande, que la gangrène gauchiste à réussi le mieux à s’implanter. L’incontournable syndicat UNEF gérait le CROUS, sans doute le fait-il encore, ce qui est un abus de position évident, va toujours plus loin dans l’islamogauchisme, se permettant d’interdire des conférenciers et des spectacles qui ne lui plaisent pas, établissant une véritable dictature de la pensée dans les facultés.

Nous sommes revenus au temps de l’Inquisition avec ses tribunaux médiatiques, ses associations s’érigeant en procureurs et traquant le moindre mot non conforme à la doxa afin de poursuivre les hérétiques devant les tribunaux, encore heureux qu’il n’y ait pas de pendaison comme au Pakistan, sinon ils la réclameraient à coup sûr. La pression environnante sur les enfants accomplit son œuvre mortelle, la plupart de nos jeunes sont maintenant incapables de comprendre le danger que représente cette idéologie et encore moins d’y résister.

Quand le bois d’une maison est rongé par les termites, il vaut mieux tout raser et reconstruire à nouveau, c’est le cas de l’Éducation que l’on disait « nationale » et aussi d’autres institutions comme la justice, le journalisme. Dans cette situation catastrophique, notre pays peut-il espérer un sursaut salvateur ? Franchement, j’y crois de moins en moins.

« ♫ Brasil, meu Brasil Brasileiro … »

Gilles Mérivac

 

 

 

 

 

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18 Commentaires

  1. Excellente analyse en surface et profondeur.
    J’y retrouve tous les premisses de mon métier avant qu’il ne m’obligea à le quitter pour être rayer des cadres après 45 annees à le servir s’en me servir. Je retiendrai cette phrase remarquable : «  Les résultats d’une telle politique sont inévitables, qui sème l’ignorance récolte la pauvreté et la dictature et le sort de notre pays n’aura bientôt plus rien à envier à celui de la Somalie ou de Madagascar où la misère est endémique.«  Bravo pour tant de lucidité.

  2. Un bac au rabais, un “droit “au bac, même avec très peu de connaissances acquises et mûries. Auparavant porte d’entrée automatique à l’Université ou facilitant l’accès au marché de l’emploi, il a totalement perdu ces facilités, générant même des pratiques incroyables comme celle d’un test d’orthographe pour s’inscrire en 1ère année de faculté !!! Quant au monde de l’emploi, l’entretien d’embauche est un “second Grand Oral” pour tester en profondeur les motivations du candidat.
    “Donner” le Bac n’a aucun sens, c’est le dévaluer. En 2017, Blanquer disait qu’il fallait “remusculer” le bac. On voit le résultat aujourd’hui : “click and collect” , là encore ce serait mieux et aussi simple de dire en bon français : “Appelez et recueillez”.

  3. C’est pas bien grave. Pour être esclave au Qatar ou en Arabie maudite, les connaissances ne servent à rien, et comme le papier toilette ne coute pas bien cher, on peut toujours leur en donner une feuille.

  4. Notons que je ne puis m’empêcher de mettre en parallèle le fait que le niveau intellectuel français ne cesse de reculer, tant dans le classement PISA, que dans les brevets déposés, les places des universités, les livres traduits, etc. et … et… et le fait que notre pauvre pays est celui qui détient le record mondial des anti-vaccins et cela, bien avant la Covid…

    https://www.sciencesetavenir.fr/sante/la-france-premier-pays-anti-vaccins-selon-une-etude_134629

    • Les anti-vaccins ne sont justement pas les mêmes que les ignares qui croient que le bac actuel vaut la réussite à l’université et décrochent avant la fin de la 1ère année.

      • Bien au contraire. Les anti-vaccins sont majoritairement jeunes et d’un niveau culturel plutôt inférieur à la moyenne.
        Assez curieusement, ce sont davantage des femmes et là, il n’y a pas d’explication particulière.

  5. “La fonction essentielle de l’Éducation nationale, qui est de former des citoyens aptes à réfléchir et s’adapter aux besoins de la nation,.” je ne crois pas non ! l’EN n’est pas là pour former des citoyens ni les adapter aux besoins de la nation mais pour apprendre aux Français à lire, compter, l’histoire, la géographie, les sciences, à réfléchir, raisonner etc…. L’EN est, comme vous semble t il, devenue ” républicaine ” on en voit le résultat aujourd’hui !!! quant au bac, rassurez vous, tout le monde s’en fout et sur le marché du travail il y aura des surprises pas toujours agréables……….

  6. Comme le disait Zemmour il n’y a pas longtemps, l’école étant obligatoire même pour les derniers arrivés migrants remplissant un certain pourcentage d’élèves et balbutiant à peine la langue française, si les professeurs distribuaient les notes aux élèves en ne tenant pas compte de ce niveau scolaire très bas causé par la migration étrangère, les notes seraient catastrophiques et révolutionneraient les parents. Il n’y a comme ajustement possible que le nivellement par le bas…

  7. Lorsque la fille, fort sympathique au demeurant, d’un ami écrit, elle confond les “et” et “est*, les “on” et “en”, les accents sont absents tout comme la ponctuation. Il n’y a pas une phrase sans faute d’orthographe et elle arrive même à faire des doubles fautes sur certain mots, surtout les verbes, car la conjugaison…bref, il arrive assez souvent que je doive relire plusieurs fois ce qu’elle m’écrit pour en saisir le sens et parfois je suis carrément perdu ou totalement à coté. Lorsqu’elle parle, son discours est émaillé de “yep”, de “nope” et de “wesh” sans oublier le traditionnel “c’est trop” bien, la honte, la dèche, la mort etc. Il y a trois ans, elle passait son bac et j’étais quasiment certain qu’elle échouerait et elle aussi…”nope” elle l’a eu et avec “mention bien”.

  8. Ancien personnel de direction de l’éducation nationale, je partage entièrement votre avis. J’ai commis un ouvrage “Éducation nationale: le naufrage tranquille” en 2014. La réforme Jospin en 1989 a sans doute été la plus terrible pour le système.

    • Pucciarelli, j’ai et ai lu, il y a 3 ans environ, le livre suivant, paru en 1999 :
      ” L’horreur pédagogique . Paroles de profs et vérité des copies ”

      Paru le 06 septembre 1999
      Par les 2 auteurs Guy MOREL & Daniel TUAL-LOIZEAU

      C’est dans ce livre, à la page 219, qu’il est question d’une théorie sur l’effondrement de l’enseignement, allusion à Jean-Claude MICHEA, et, de là, je suis arrivé au livre ” Le piège de la mondialisation”, objet de l’article écrit par moi :
      https://ripostelaique.com/80-de-la-population-mondiale-devra-disparaitre-avant-la-fin-du-xxie-siecle.html

      En effet, les gens instruits doivent disparaître, aussi incroyable que cela paraisse !!

  9. C’est normal pour l’inéducation nationale, il faut mettre progressivement au même niveau les francons et les jeunes chances et richesses pour la fronce qui déboulent par milliers tous les ans dans les écoles.

    Il ne serait pas normal que les francons sachent lire en école primaire et pas les nouveaux venus de la planète Mars .. Ainsi, lorsqu’ils déboulent dans la même classe, ils ne sont pas “largués” , ils sont aussi “bons” que les francons.

    Ensuite, le niveau des tests pisa et autres, on s’en fout, on ne peut pas à la fois être des cadors en sciences et en doigts d’lhom ou je pense (donc je suis)

    L’objectif sera atteint lorsqu’aucun élève, bac donné en poche, ne saura ni lire ni écrire, mais on se rapproche tous les ans de ce super objectif qui fait rougir le Japon et la Chine.

  10. fakeniouze évidente puisque près de 100% de reçus au bac prouveront que la france est bien éduquée

  11. L’égalité pour les socialistes et autres trotskystes c’est et cela a toujours été le nivellement par le bas !
    Avec bien sûr , une nomenklatura aux commandes pour contrôler tout cela.

  12. Qu a dit Blanquer pour l épreuve du bac. Cette note ne sera pas prise en compte car celle retenue sera celle de la moyenne du contrôle continu..Ainsi une future bachelière aurait dit. Chouette on va pouvoir ecrire de la merde car elle ne sera pas notée. Quel beau message vous avez donné là Blanquer.

  13. Excellent exposé, on ne peut plus clair sur l’épouvantable dégradation de notre Education Nationale ; il y a quelques années on se contentait de “la fabrique à crétins” ; aujourd’hui on en est à la fabrication de petits khmers rouge-verts qui n’hésiteront pas à dénoncer leurs parents afin de les faire passer en jugement devant le Ministère de la Vérité…
    Continuez, continuez ainsi les Français vous êtes sur la bonne voie ! En ce qui me concerne il y a déjà bien longtemps que je ne fais plus d’illusion sur la décrépitude inéluctable de la France jusqu’à atteindre l’os !

    • que dire des résultats depuis quelques années où certains obtiennent 21 ou 22 / 20
      la france première en mathématiques (avec un S) des maths pour la gauche, des maths pour la droite etc.

  14. Une petit coup d’oeil a la place de la France dans le somaine de l’intelligence et du savoir.

    https://www.fdesouche.com/2021/06/26/quels-sont-les-pays-les-plus-intelligents-le-japon-est-1er-la-france-24e-lasie-et-leurope-dominent-largement-le-classement-qui-prend-en-compte-le-qi-la-reussite-scolaire-et-les-prix-nobel-re/

    Pourtant depuis que l’on importe des chances pour la france, ca aurait du s’ameliorer. La solution, en importer davantage. On va deborder de prix Nobel en france. Ouf, sauves, merci micron.

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