Le Venezuela a trop de pétrole pour rester indépendant

Le Venezuela est immensément riche, il détient les plus grandes réserves de pétrole de la planète. L’économie du pays est, pourtant, en pleine faillite. La manne pétrolière a bien fait vivre le pays, du temps du président Chavez. Le régime bolivarien achetait alors nourriture, médicaments et paix sociale. Mais le pétrole rapporte aujourd’hui beaucoup moins. L’inflation, le ralentissement de la croissance, les pénuries, créent aujourd’hui des tensions énormes au sein de la population. Ces difficultés ne sont peut-être pas le seul fait de l’incompétence du gouvernement “révolutionnaire” de Nicolas Maduro. Le parasitisme du gouvernement cubain et Washington – la CIA n’est pas étrangère à la mort d’Hugo Chavez en mars 2013 – pourraient, tout autant, être responsables des difficultés du pays.
Moises Naim, correspondant du journal El Pais, affirme que le régime cubain a profité de l’admiration inconditionnelle  qu’Hugo Chavez  avait pour le révolutionnaire Fidel Castro pour infiltrer tous les organes décisionnaires du pays. Des « conseillers » cubains seraient aux commandes un peu partout dans l’administration et l’armée, influençant toutes les décisions de Caracas. Cuba aurait, toujours selon Moises Naim, un besoin vital de l’aide vénézuélienne pour son économie moribonde. La Havane s’approvisionnerait ainsi, à vil prix, en pétrole vénézuélien et ce sont les entreprises cubaines qui auraient le monopole d’importation de la plus grande part des médicaments et des aliments qui entrent au Venezuela. Les Cubains sont, il est vrai, passés maîtres dans l’art du maintien au pouvoir de leur dictature malgré les manœuvres incessantes de Washington, depuis la révolution cubaine de janvier 1959. Ils font bénéficier le régime autoritaire de Maduro de leur « savoir-faire » en terme de répression et de surveillance des forces armées. Les officiers qui coopèrent avec le régime de Caracas sont assurés de leur carrière, les autres sont exilés, emprisonnés ou morts. Il y a plus de généraux au Venezuela, aujourd’hui, que dans tous les États-Unis.
Il n’échappe à personne que la situation géographique du Venezuela pourrait en faire l’une des principales étapes du parcours de la drogue colombienne vers les États-Unis ou l’Europe. Les Américains accusent, d’ailleurs, le vice-président Tareck El Aissami, ainsi qu’un grand nombre d’officiers militaires et d’autres membres de la famille et des membres de l’oligarchie dirigeante, de diriger le trafic de drogue. Mais il convient encore d’être prudent. Tout d’abord, une autre entrée, mieux placée, de la drogue vers les Etats-Unis est le Mexique (http://williamkergroach.blogspot.fr/2017/05/mexico-has-lost-war-against-drug-cartels.html).
Ensuite, les services américains, notamment la fameuse cellule qui fusionne des éléments de la CIA, du Drug Enforcement  Administration (DEA ) et de la Defense Intelligence Agency, l’Agence du renseignement de la Défense (DIA) en Colombie, depuis 2006, ont une fâcheuse tendance à accuser leurs adversaires politiques cubains et vénézuéliens de diriger des narco-trafics d’ampleur hollywoodienne. On se souvient de l’accusation portée contre le président de l’Assemblée nationale vénézuélienne, Diosdado Cabello, par Leamsy Villafaña Salazar, l’ancien garde du corps de Chavez depuis bizarrement exfiltré aux Etats-Unis, avec son épouse. Salazar aurait vu le président Cabello déposer, lui-même, tard le soir, de la drogue dans des vedettes rapides dans la péninsule de Paraguana. Il paraît étonnant qu’un homme de cette importance ait dirigé lui-même ce type d’opération. Il est vrai que Diosdado Cabello, très opposé à Washington, successeur pressenti de Chavez à la présidence vénézuélienne, devait être rapidement neutralisé par Washington.

Les pénuries peuvent s’organiser, une économie peut-être sapée de l’extérieur, par le biais des marchés internationaux. La population vénézuélienne souffre grandement de la pénurie, de l’inflation et des brutalités de la dictature vénézuélienne qui s’accroche au pouvoir. Mais ce n’est pas, pour autant, qu’il faudrait prendre la « salida », les manifestations quasi-quotidiennes des opposants au régime Maduro, pour des initiatives entièrement spontanées. Les réseaux s’activent, le pétrole vénézuélien suscite bien trop de convoitise pour le laisser aux mains des seuls Vénézuéliens.

William Kergroach

Source : http://williamkergroach.blogspot.fr/

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5 Commentaires

  1. Là c’était plus seulement les pénuries de papier-cul, le souci immédiat… c’était la pénurie de cercueils…!

    Mais que faisait alors M. Dassault et que faisait son Figaro pour dénoncer de tels agissements…? Que faisait George Bush père quand le gouvernement vénézuelien “massacrait son propre peuple”…?

    En plus si on creuse un petit peu on ne tarde pas à se rendre compte qu’il est pour le moins douteux de présenter le bolivarisme de H. Chavez sous l’angle du “socialisme” alors qu’il semblerait plutôt, tout comme le castrisme à l’origine… qu’il s’agisse avant tout d’une idéologie d’inspiration nationaliste… détail cocasse que Mélenchon et ses petits camarades trotsko-migronistes préfèrent sans doute occulter…!

  2. Et j’ai trouvé ceci:

    “inflation peaked at 100% in 1996 and poverty rates rose to 66% in 1995 as by 1998 per capita GDP fell to the same level as 1963, down a third from its 1978 peak…”

    En plus, ce gouvernement avait l’appui inconditionnel des États-Unis, de ses banquiers… de ses multi-nationales… de ses pentecôtistes… etc. … contrairement à Chavez ou Maduro…!

    Un peu plus bas dans ce même article de Wikipedia-US je trouve cela:
    “Economic crises in the 1980s and 1990s led to a political crisis in which hundreds died in the Caracazo riots of 1989…”

    Ah ben dis-donc… des centaines de tués…! D’autres sources parlent d’environ 2000 morts…! C’est que quand on veut toucher à “leur” pognon, ils y vont pas avec le dos de la QIR… les défenseurs des “libertés” et de la “démocratie”…!

  3. Merci pour cet article.

    Contrairement à certains commentateurs, biberonnés au Figaro de M. Dassault et aux médias Niel-Drahi, je ne passe pas pour un spécialiste du chavisme et de la politique intérieure du Vénézuela.

    Faute de mieux, j’ai donc consulté wikipedia-US afin de me documenter quelque peu avant de l’ouvrir… histoire d’en apprendre un peu plus sur les brillantes réussites du libéralisme et de l’économie de marché pratiqués tout au long de l’époque pré-Chavez, c’est à dire très précisémment la politique néolibérale que souhaite ressusciter la sympathique opposition vénézuelienne réfugiée dans les beaux quartiers de Miami.

  4. curieux article où les USA sont quasi accusés d’être à l’origine du drame vénezuelien, au même moment où le peuple venez prie pour que les USA interviennent pour faire cesser la catastrophe maduro. Chacun sait que le pétrole venez très lourd n’était exploitable que par les USA et la France. Actuellement on crève sous le pétrole bon marché, d’où la ruine de Caracas comme de l’Algérie, 2 pays similaires car gouvernés par des incapables corrompus. Il manque à l’expérience Chavez-Maduro, un Pinochet pour stopper net la folle dérive semblable à celle d’Allende, qui se maintenait au pouvoir avec l’appui des nervis cubains. Il manque au Vénézuela une élite capable de redresser ce pays. Le nombre de meurtres en 2012 s’élevait à 21 692, Caracas est la capitale la plus dangereuse de la planète.

  5. En attendant le petit peuple trinque…. comme d’hab !

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