Le visage de la femme est comme son vagin

L’hiver arabe  vient d’accoucher d’un nouveau concept anatomique : le visage d’une femme et son vagin, c’est la même chose.

Mu par une fougue revigorée par le succès électoral des salafistes (24,3% des votants), le célèbre propagandiste égyptien, le cheikh Abou Ishaak al-Houwayni, s’est lancé dans un discours enflammé pour exhorter la femme à porter le niqab. Pour appuyer son raisonnement devant un auditoire de sympathisants, il s’est permis une métaphore audacieuse : « Le visage de la femme est comme son vagin ».

Cachez ce vagin que je ne saurais voir 

Ce « monologue du vagin » a été publié sur les réseaux sociaux de Face book, Tweeter et You tube.  On peut y voir, debout sur une estrade, le cheikh en train d’étaler ses convictions pudibondes sur les femmes et ses tartufferies (1). On le voit aussi prendre à partie Houda Cha’rawi, la première féministe égyptienne, qui, rentrant de France (vers 1920)  et débarquant à Alexandrie, affronta sa famille et la société en apparaissant  le visage non couvert. Un comble pour l’époque ! Un visage non couvert, c’était un signe de déliquescence des mœurs.

Dès la publication de la vidéo sur les réseaux sociaux les critiques des internautes égyptiens ont épinglé le cheikh salafiste  :

« Il est honteux de parler de la femme de cette façon … »

« Ce sont les cheikhs qui sont les imposteurs, les semeurs de superstitions, de discordes et  d’affabulations »

« Vous, les cheikhs du salafisme, vous n’avez de pensées ou de comparaisons que dans le sexe »

« Abou Ishaak al-Houwayni est le symbole de la décadence de la pensée … » « Jusqu’à quand allez-vous nous faire des fatwas avec des paroles en l’air ? »

« Vous n’avez pas de mots polis et respectueux envers la femme ? »

« Je dis à ce cheikh : Qu’Allah vous pardonne ce que vous êtes, qu’Il éloigne vos adeptes  de vous et de vos idées … »

«  Si le visage de la femme est comme son vagin, alors le visage de l’homme est comme son pénis »

« Le pire dans la liberté d’expression, c’est qu’on a à supporter ce que disent les ignorants »

et enfin : « Le salafisme et le wahhabisme sont la migraine de la nation … »

 

Mais les propos du vénérable cheikh n’ont pas rencontré que des détracteurs. Ses adeptes lui ont apporté leur soutien :

« Certains sont à l’affût des faux-pas des savants [en religion] et veulent attenter à la réputation de l’islam »

« Celui qui a fait et diffusé la vidéo pèche dans l’eau trouble »

«  Le cheikh n’a fait que rappeler la coutume car, autrefois, quand la femme montrait son visage, elle en avait honte comme si elle montrait son vagin ».

 

Le discours de cheikh salafiste donne à l’Égypte et à la planète un aperçu du caractère réactionnaire et rétrograde des salafistes et autres fondamentalistes.

Où va l’Égypte ?  

Bernard Dick

(1)http://www.elaph.com/web/news/2011/12/702210.htm

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

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