Leçon d’histoire à une beurette qui se sent davantage Algérienne que Française

Mardi soir, au journal de 20 heures sur la 2, M.  Pujadas nous présentait un reportage tourné dans une famille française d’origine algérienne.

Trois générations : le père, ouvrier du bâtiment dans les années 50, le fils, né en France, auto-entrepreneur.  Et pour finir, la fille de 17 ans qui nous expliquait qu’elle ne se sentait pas française mais algérienne.

Et son père de se défendre de lui avoir bourré le mou.  C’est que sa fille aurait posé des questions sur ce couple maudit France-Algérie, et les réponses lui auraient fait comprendre à quel point cette France est haïssable, elle qui a colonisé la terre de ses ancêtres en 1830, elle qui a commis des actes abominables durant la Guerre d’Algérie, elle qui maltraite ses enfants issus de l’immigration maghrébine…  On arrêtera là.

J’ai envie de dire à cette belle jeune fille que son pays, l’Algérie, a une histoire coloniale bien antérieure à son invasion par la France.

J’ai envie de lui rappeler que l’Algérie, pour faire bref, a été colonisée par les Romains puis au 16ème siècle par les Ottomans, qui en ont été chassés à leur tour par les Français.

J’ai envie de lui dire que si elle avait vécu sous le joug du Sultan d’Istambul, elle aurait, au mieux, passé sa vie sous une tente à servir les hommes de sa tribu.   Au pire, belle comme elle est, elle aurait été capturée pour rejoindre ses compagnes d’infortune dans le harem du Dey d’Alger.  Un sort peu enviable s’il en est.

J’ai envie de lui dire qu’elle aurait trouvé dans ce harem des centaines de jeunes femmes étrangères, capturées par les Barbaresques qui écumaient la mer Méditerranée pour piller les bateaux, envoyer l’équipage et les passagers mâles en esclavage, balancer par-dessus bord les vieillards, les femmes trop vieilles ou trop laides, violer les autres et garder les plus belles  pour les enfermer à vie dans les lupanars légalisés des dignitaires de l’Empire ottoman.

J’ai envie de lui rappeler que les Français se sont emparés d’Alger pour mettre fin aux exactions de tous ces pillards que l’Histoire appelle à juste titre «Barbaresques ».

J’ai envie de lui dire que, si elle est ici aujourd’hui, dans cette France qu’elle n’aime pas mais  où elle peut se promener librement, étudier, s’exprimer en toute liberté devant les caméras d’une chaîne de télévision, c’est à cette histoire franco-algérienne horrible qu’elle le doit, et à nous autres, les méchants Français.

J’ai envie de lui rappeler que la Kabylie, le pays de ses ancêtres,  a été islamisé de force, et dans le sang. Et qui l’a fait ? Pas les méchants Français.  Ses compatriotes d’outre-méditérranée, les Arabes algériens.

J’ai envie de lui dire que l’Histoire n’est ni toute blanche ni toute noire mais qu’elle est écrite une fois pour toutes et que le devoir des générations nouvelles est d’avancer.  Avancer, ne pas regarder en arrière.  Ne pas perdre son temps. Il y a tant à faire !

J’ai envie de lui demander pourquoi elle ne choisit pas d’aller vivre au bled, ce bled qu’elle a découvert récemment durant ses vacances scolaires.

Après tout, si elle est si malheureuse ici, si elle ne se sent pas Française, elle a probablement la double nationalité, comme tous les Maghrébins de France ?

J’ai envie de dire à cette jeune fille que ses racines sont en Kabylie mais que c’est en France qu’il peut lui pousser des ailes.

Eve Sauvagère

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