Lectures de vacances : Soldat Lechypre s’en va-t-en guerre

Résumé des chapitres précédents (non encore écrits, ndlr).

Nous avons quitté le Schütze Grenadier (simple soldat) Emmanuel Lechypre, sorti de rien et promis à y retourner, au moment où, ayant suffisamment grenouillé aux étages inférieurs de la réserve économique, il a enfin trouvé une niche au sein du fameux bataillon de première ligne, le redoutable BFM (Black Fuck Mamies), option TV (Très volumineux), eu égard aux dimensions déclarées-revendiquées de son ambition.

Le voici donc intégré aux troupes propagandistes de choc qui sont à la France de 2021 ce que Radio-Paris fut à celle de 1942. Un avenir du genre radieux s’ouvre devant notre héros. Décapsulons une bière, popcorn et guettons la suite.

Chapitre en cours.

Une étrange épidémie s’abat sur les troupes du Mini-Fürher Manusax Karmong au moment même où se décide une offensive africano-maghrébine vers les centres vitaux du IVe Graïch (Empire pour corpulents). Lechypre se porte immédiatement volontaire pour comprendre les tenants et aboutissants de cette affaire et, dans la foulée au pas de l’oie, monte au grade de Oberfeldwebel (adjudant-chef).

Ses conclusions sont rapides, brèves et lumineuses : le peuple occupé français est condamné : par son inertie, sa mauvaise volonté, sa réticence à se battre et son atavisme gaulois, toutes tares qui font de lui un contestataire inné de l’ordre nouveau établi à Davos.

Il faut donc le forcer à collaborer. Avec qui ? On s’en fout, pour l’instant, la question n’est pas là. On verra.

On applaudit l’artiste. Notre sauveur accroche dans la foulée les barrettes de SS-Obersturmfürher (lieutenant) à son uniforme gris-de-vert. Sa maman est très contente et lui envoie un container entier de charcuterie bavaroise qui fera la joie du cantonnement BFM TV, un endroit du genre sinistre où les agapes sont aussi fréquentes que les binious quimpérois aux petits matins de l’Aïd el-kebir.

Le suspense est à son comble.

Au moment où le sémillant officier va être envoyé sur le front de l’est, pour services rendus à la défaite inévitable, l’embellie survient, illuminée par la Science : un vaccin contre l’épidémie sera imposé aux populations par des centurions sans états d’âme, et la campagne commencera par la France, histoire de vérifier si le traitement est ou non plus terrifiant que le mal. Les Gaulois réfractaires feront d’excellents cobayes et si tout se passe comme prévu, le IVe Graïch se débarrassera à peu de frais de la plupart d’entre eux.

Lechypre est évidemment l’homme de la situation.

On le nomme SS-Sturbanführer (Commandant) avec palmes, tuba et nageoires en bambou. Sa mission : “ramener les gens à la raison entre deux policiers“, selon les bonnes vieilles méthodes ayant fait leurs preuves lors de la Nuit des Longs Couteaux, puis à Caluire en 43.

Pour notre Béni-des-Dieux veillé depuis son enfance par ses marraines de guerre Henriette du Mans et Andouillette de Troyes, il est temps de respirer profondément et de fermer les yeux face à Notre-Dame en feu : le futur et très prochain SS-Gruppenführer (général de division) Emmanuel Lechypre reste au Gross Paris, façon Lutetia, et regardera de loin ses copains se faire cramer la gueule au crack-squat de Stalingrad.

Quelle saga !

Jean Sobieski