L’épisode Morano, symbole des incohérences de l’UMP

Ces législatives auront montré une fois de plus l’extrême hypocrisie de la classe politique vis à vis du Front National. Tout le monde courtise les électeurs de ce parti tout en se pinçant le nez dès qu’on parle des valeurs que défend Marine Le Pen. Comme si l’amour de son pays, le patriotisme, la défense de son identité, le travail, la famille, la laïcité ou l’attachement aux symboles de la République étaient des valeurs méprisables. C’est ahurissant. Voilà maintenant trente ans que la gauche a réussi à pousser la droite à se renier et à abandonner ses propres valeurs par peur d’être taxée de lepénisme ! D’une part, la gauche dénonce les “attouchements” entre FN et UMP, tout en se réjouissant en coulisses des éternelles divisions de ses adversaires, d’autre part François Fillon et Jean François Copé pratiquent le grand écart permanent, en nous expliquant qu’ils n’ont rien de commun avec le FN, tout en affirmant qu’ils partagent les mêmes valeurs que les électeurs de Marine Le Pen ! L’épisode de Nadine Morano, piégée au téléphone par un faux leader du FN et les réactions embarrassées de l’UMP, en sont la parfaite illustration. C’est l’incohérence la plus totale. Soit le FN est un parti républicain et il doit être respecté comme tel. Soit il ne l’est pas, comme le rabâchent les leaders de droite ou de gauche et il faut l’interdire.

Ajoutons que l’UMP est mal placée pour donner des leçons de démocratie à qui que ce soit, puisque 66% de ses électeurs souhaitent des accords avec le FN aux législatives, alors que ses dirigeants s’y opposent. Curieuse façon de représenter son électorat ! Marine Le Pen a raison, cette droite sans convictions est très proche de la gauche, menant rigoureusement la même politique immigrationniste depuis trente ans. D’ailleurs, il suffisait de regarder la centaine de drapeaux étrangers flotter à la Bastille avec deux ou trois drapeaux tricolores, pour comprendre que la France a abandonné depuis longtemps les symboles républicains, engloutis dans le magma des communautarismes. A tel point que dans notre République indivisible, de plus en plus de citoyens ne se sentent pas Français. Dans ces conditions, faut-il en vouloir à Marine Le Pen d’avoir ramassé notre drapeau et notre Marseillaise et de les défendre avec courage et détermination ? Les Français aiment leur pays, son histoire, ses traditions et veulent garder leur identité, mais à gauche comme à droite, qui s’en soucie ?

Jacques Guillemain

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