L’ère que nous vivons lorsque le « MOI » prime

EXTRAIT DE MON ÉPILOGUE SUR « LE CANULAR DE L’INVENTION DU PEUPLE JUIF »

En résumant cette étude, plusieurs points demeurent sans réponse : qui sommes-nous exactement ? Quel est notre devoir et notre rôle sur cette planète ? Quelle est la chronologie des priorités la plus conforme : la patrie, la foi, la vie ? Comment choisir la voie la plus adéquate sans devoir heurter nos semblables, sans leur porter préjudice ? Comment vivre en harmonie avec tous ces éléments en relation avec l’Homme, sa versatilité, son égocentrisme et surtout ses utopies ?

Devant mes yeux interrogateurs s’interpose l’image de cet ermite hindou, émacié, n’ayant plus que la peau sur les os, assis sur un grabat face au Gange, méditant, les yeux mi-clos. Qu’a-t-il compris, que nous n’avons pas ? Qu’a-t-il vu en ce monde que nos yeux ont omis de voir ? Pour lui, le « MOI » a cessé d’exister… Il laisse son corps, ce sarcophage temporaire, flétrir et attend avec patience sa mort qui lui ouvrira les portes d’une autre vie, bien meilleure… ou pas…

Chacun voit sa vie comme il le veut, pas forcément comme il le doit. L’homme situe son devoir principal sur une orbite qui le guidera vers la concrétisation de tous ses vœux, grands et petits, vers la grandeur, la gloire et le succès et bien sûr vers toute la richesse qu’il peut arracher, qu’importent les moyens employés, qu’importe le nombre de victimes… Comme lui, tant d’autres verront en l’expérience humaine sur terre un point de non-retour, aucun futur au-delà de la mort et donc, ils considéreront la vie comme une opportunité unique de mettre à exécution leurs ambitions les plus folles…

Hitler fut un excellent exemple ; il aspirait à la création d’un empire qui porterait son nom et durerait un millénaire, et afin d’atteindre ce but, il a mené des millions d’êtres humains – concitoyens et étrangers – à leur mort. Pour lui, la vie sur terre était un « billet aller simple » qui pourrait devenir gagnant si l’on était assez doué pour subjuguer les masses et les amener à épouser ses propres idées.

L’enfer et le paradis lui apparaissaient uniquement comme une invention des religions pour enfermer l’être humain dans un prisme qu’il se devait de respecter pour faire vivre « le Contrat social ». Des barrières morales insupportables à son désir de « volonté de puissance »…

Nul ne peut arrêter le progrès et l’évolution. L’homme cherche perpétuellement à améliorer sa condition, et dans sa course il est toujours sujet à de violents heurts qui exigent leur lot de morts et de victimes. Quête persistante pour un monde meilleur qui paradoxalement semble toujours incertaine et éphémère.

Qui d’entre nous a tort et qui a raison ? Nul n’est en mesure de répondre… Camus disait : « L’absurde naît de cette confrontation entre l’appel humain et le silence déraisonnable du monde ». L’absurde ? Le fil sur lequel nous tirons, nous retrouvant toujours devant une impasse… La quintessence même de la vie…

Aurons-nous alors élucidé l’énigme que sont ces juifs haineux de soi, pour qui l’existence même d’Israël sert seulement d’accès à de mesquines ambitions ?

N’iront-ils pas, dans certains cas, en échange de leur renom et d’une sordide fortune terrestre, jusqu’à proposer sur un plateau les têtes meurtries d’un ou deux juifs ?

Peut-être serait-il temps alors de ne plus dissocier le surnaturel du naturel… Car nous savons tous qu’il existe d’autres personnes qui ne voient pas en la mort la fin de la vie, mais seulement une étape vers une autre sorte de vie. Ceux mêmes qui ne mentionnent pas le hasard, le sort, la coïncidence, mais parlent de miracle, de justice divine, d’implication de l’au-delà.

Ceci me ramène invariablement à feu mon grand-père qui agonisait, et moi enfant, je pleurais son absence imminente à mes côtés. « N’aie aucune crainte, m’avait-il dit. « Là où j’irai je trouverai le moyen de te protéger… ». Déjà à cet âge, onze ou douze ans, j’avais beaucoup de mal à croire qu’il serait en mesure de remplir sa promesse. Je me rappelle n’avoir rien dit en me retirant. J’avais toutefois noté l’esquisse d’un sourire sur ses lèvres livides face à mon scepticisme. Grand-père quitta ce monde quelques jours plus tard…

Quatre ans après, lors d’un voyage au nord du pays, alors que je somnolais sur la banquette d’un train, je vis soudain son spectre surgir devant moi. Les traits défaits et le regard angoissé qu’il me jeta me propulsèrent hors de ma torpeur, pour découvrir trois hommes debout qui se préparaient à se jeter sur moi. Je me trouvais toute seule dans ce compartiment et je voyageais de nuit. Je sautais sur mes pieds, empoignant avec un calme sidérant mon sac à main, tout en me dirigeant vers le long corridor traçant mon chemin menant au wagon qui servait de salle à manger. J’y suis restée, sirotant un café jusqu’aux premières lueurs du jour. En regagnant mon compartiment, je vis que les trois canailles avaient disparu.

Je compris depuis lors que les morts ne sont pas tout à fait morts, mais seulement quelque part dans cet espace infini d’où ils peuvent intervenir quand ils le jugent nécessaire. La protection de mon grand-père n’a jamais cessé…

Les croyants, après tout, ne sont pas tellement fous

Une question de perspective au fond, mais c’est là où s’écroulent les héros de la vérité absolue

Thérèse Zrihen-Dvir