Les hussards noirs de la robotique : cela se déroule en 2070…

Véronique Bouzou enseigne le français dans un établissement « classique » de la banlieue parisienne. Elle a commencé sa carrière dans des collèges « sensibles » d’Evreux et de Mantes-la-Jolie. Une expérience qu’elle raconte dans ses premiers ouvrages :
Manuel de survie à l’usage d’un prof de banlieue
Confessions d’une jeune prof
Ces profs qu’on assassine

En juillet 2010, Véronique Bouzou répondait aux questions de Pierre Cassen sur Riposte Laïque à propos de ce dernier ouvrage

Véronique Bouzou, qui ne fait pas mystère de son engagement à droite – une marque de courage dans le monde sinistrogyre de l’Education nationale –, est également auteur de plusieurs essais sur la fonction de l’école dans la société contemporaine :
L’école dans les griffes du septième art
Je suis une prof réac et fière de l’être
Génération treillis – Faites l’armée, pas la guerre

Véronique Bouzou vient de publier Les hussards noirs de la robotique  un ouvrage qui tranche sur sa production antérieure, puisqu’il s’agit d’un roman. Oui, mais un roman d’anticipation, un genre qui permet de décrire la société contemporaine avec un certain recul…

Véronique Bouzou a accepté de répondre aux questions de Riposte Laïque

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Riposte Laïque : Véronique Bouzou, c’est la première interview que vous donnez à un média à propos de votre dernier livre Les hussards noirs de la robotique. Pourquoi avoir choisi Riposte Laïque ?

Véronique Bouzou : La laïcité est l’un des thèmes centraux de cet ouvrage. Non pas la laïcité telle qu’elle est dévoyée aujourd’hui – tout comme le sont d’ailleurs notre Histoire, notre langue et notre culture – par des apprentis sorciers qui sacrifient toutes nos valeurs sur l’autel du vivre ensemble et autres fadaises, mais bien celle d’une laïcité telle qu’elle fut instaurée avec la loi de 1905 et mise en pratique à l’école par ceux que Charles Péguy surnommait « les hussards noirs de la République ».

RL : Les « hussards noirs » de Péguy portaient une morale parfaitement compatible avec la morale chrétienne. Ce n’est plus tout à fait le cas de la « laïcité » contemporaine…

VB : Oui, tout cela appartient désormais à un passé révolu. Pire encore : aujourd’hui, le concept même de laïcité est devenu un véritable cheval de Troie pour tous les prosélytes d’un islam radical désireux de gagner du terrain et d’empiéter sur notre civilisation. Que n’a-t-on point entendu comme inepties ces derniers temps, au nom de la sacro-sainte laïcité et des valeurs de la République ! Tel est le constat amer que je dresse comme professeur de français au sein de l’Éducation nationale. Les enseignants sont aujourd’hui en première ligne et certains d’entre eux, hélas, vont jusqu’à le payer de leur vie.

RL : L’effondrement de cette laïcité « authentique » à la Péguy n’est pas la seule plaie dont souffre l’Education dite encore « nationale »…

VB : S’ajoutent en effet d’autres réjouissances dans le quotidien du métier d’enseignant comme l’exaltation de la culture de la repentance, les théories du genre, l’écriture inclusive, le nivellement vers le bas et – cerise sur le gâteau – les prémices de ce qu’il convient bien d’appeler une dictature sanitaire. Autant de défis auxquels sera confrontée tout au long de sa carrière Diane Bonnel, l’héroïne de mon roman d’anticipation. Voilà pourquoi j’ai tenu à dresser un panorama sans complaisance (avec une touche d’humour cependant !) de notre monde en proie à une forme de « démocrature ».

RL : « Démocrature » ? C’est-à-dire ?

VB : Nous sommes dans l’ère du « ça ne se fait pas », « ça ne se dit pas ». Triste époque que celle où les moutons orwelliens se prennent pour des sauveurs de l’humanité parce qu’ils portent un masque en extérieur, même en pleine forêt ou seuls dans leur voiture ! Temps étouffant où la repentance perpétuelle mine le moral de nos contemporains qui ont peur de leur ombre… « Même pas peur ! » scandent frénétiquement les manifestants lors des marches blanches organisées à la suite d’assassinats de leurs compatriotes par des islamistes. Pourtant, c’est bien la peur qui les conduit à obéir à des injonctions ubuesques et contradictoires de leurs dirigeants durant la crise sanitaire. C’est bien la peur également qui les rend dociles et soumis lorsqu’ils chantent en chœur des slogans lénifiants, tels que « Pas d’amalgames » et « Vous n’aurez pas ma haine ». Ou bien, dans le registre sanitaire : « Vite, ma dose ! ».

RL : Les hussards noirs de la robotique se déroule en 2070, et a pour cadre le lycée « pilote » Alan Mathison Turing. Pourquoi une telle référence ?

VB : Alan Turing est un mathématicien du début du XXème siècle. Il est considéré comme l’un des principaux précurseurs de l’informatique et de la robotique.  Ce n’est évidemment pas par hasard si j’ai choisi de situer l’intrigue de mon roman dans un établissement qui porte son nom. Il s’agissait de faire un bond en avant et tenter, par un habile jeu de miroir temporel, d’analyser à froid l’apathie collective si caractéristique de notre époque soumise au diktat du « tout technologique ». Les outils modernes de communication ont fait exploser le socle commun sur lequel repose toute société viable. C’est maintenant l’ère de l’individualisme et de l’égocentrisme. FaceBook permet à chacun de « s’étaler », de se donner en spectacle sans la moindre retenue – on sait tout de vos goûts, de vos loisirs, de vos performances sportives, de vos animaux de compagnie… Les réseaux sociaux démultiplient l’égo des foules – tout spécialement des adolescents, clientèles de choix pour ce type d’exhibitionnisme – et les enfoncent dans des considérations purement matérialistes, où le petit confort mental de chacun prime sur l’intérêt général. Où sont les valeurs que nous ont léguées nos aïeux ? Du courage, eux, ils n’en manquaient pas !

RL : L’apathie, la soumission, le conformisme, l’individualisme, vous semblent donc être les « péchés capitaux » de nos sociétés occidentales ?

VB : Que répondre à un élève du futur qui, au regard des attentats islamistes ayant ensanglanté notre sol pendant plusieurs décennies, ne manquerait pas de nous demander : « Et à part allumer des bougies, vous avez fait quoi ? ». Question que je me suis moi-même posée et qui a servi de déclic à l’écriture de mon livre que j’ai voulu comme une sorte de témoignage testamentaire. En effet, comment les générations futures jugeront-elles l’aveuglement, et la soumission de bon nombre de nos compatriotes ? Et surtout, comment justifier notre inaction ? Combien d’attentats, de décapitations, de faits divers tous plus sordides les uns que les autres avant que nous ne réagissions ? A-t-on connu une période d’embrasement comme le décrit Laurent Obertone dans Guérilla ? Avons-nous préféré nous résigner en finissant par accepter l’inacceptable comme l’anticipe Michel Houellebecq dans Soumission ? L’État de siège a-t-il été décrété par les militaires comme dans Article 36 d’Henri Vernet ? Toutes ces hypothèses à la fois ? Ou aucune d’entre elles ?

RL : Un signe d’espoir, parfois, comme cet appel « Pour un retour de l’honneur de nos gouvernants » lancé récemment dans Valeurs actuelles par une vingtaine de généraux ?

VB : Une vingtaine de généraux, une centaine de hauts-gradés et plus d’un millier de militaires, en effet. Ces soldats ne font rien d’autre qu’exhorter le président Macron à défendre le patriotisme menacé – je les cite – par un « délitement qui, avec l’islamisme et les hordes de banlieue, entraîne le détachement de multiples parcelles de la nation pour les transformer en territoires soumis à des dogmes contraires à notre constitution ». Reste à savoir si ces lanceurs d’alerte seront entendus. Ce qui est certain, c’est que la Grande Muette a le vent en poupe auprès d’une majorité de nos concitoyens. Dans mon précédent ouvrage, Génération Treillis, j’ai pu montrer à quel point la demande d’autorité était forte dans notre pays, notamment chez les jeunes générations, en quête de sens. Dans Les hussards noirs de la robotique, j’ai imaginé une solution pour sortir de l’impasse. C’est une hypothèse parmi d’autres et sans déflorer le sujet, je vous dis juste que les armées françaises ont été de la partie, mais pas toutes seules…

RL : L’armée à la rescousse donc, mais aussi, et paradoxalement, les nouvelles technologies dont vous avez commencé par nous dire qu’elles étaient à l’origine de l’avachissement de nos sociétés…

VB : En tant qu’enseignante, je m’intéresse naturellement de près à l’impact des nouvelles technologies sur l’éducation de nos enfants. Là aussi, le sujet est d’actualité en ces temps de confinement où l’enseignement à distance s’est considérablement développé, avec malheureusement beaucoup d’amateurisme et d’improvisation. Mais nul besoin d’être devin pour savoir que ces nouvelles technologies – au premier rang desquelles l’Intelligence Artificielle – prendront une part croissante dans l’école de demain. Le saut temporel effectué dans mon livre permet de porter leur influence au paroxysme : les enseignants en chair et en os seront-ils peu à peu remplacés par des androïdes ? Les élèves, de la maternelle aux classes supérieures, seront-ils essentiellement biberonnés à l’Intelligence Artificielle ? Tout comme l’école du XXème siècle aura été marquée par l’héritage des hussards noirs de la République, celle du XXIème siècle verra-t-elle l’avènement des hussards noirs de la robotique ? Un nouveau paradigme qui signera peut-être la fin de l’humanité. Un véritable défi eschatologique ? Au lecteur de juger…

Propos recueillis par Henri Dubost

 

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4 Commentaires

  1. L’IA vous fait peur ? Qu’est ce qui ne vous fait pas peur sincèrement ?
    Vous avez peur de tellement de choses.

    L’IA anéantira les religions, les idéologies surtout le sexisme et le racisme.

    Votre monde est sur le déclin sachez le.

    On gagnera quoi qu’il arrive, nous avons le temps qui joue pour nous.

    • C’est qui “nous” ?

      Et que croyez-vous “gagner” ?

      Le NAZISLAM ne sera vaincu, ce qui est en cours d’ailleurs, que de l’intérieur !!
      C’est à dire que l’INTERNET aidant, les musulmans, en occident mais pas seulement, commencent à se poser de plus en plus de questions, de chercher, d’écouter d’autres personnes que les abrutis de soit disant “savants”, ceux qui vous expliquent que péter, c’est le fait du démon qui veut empêcher la prière …

      Pour anéantir le “racisme” et le sexisme, encore faudrait-il que tous les humains aient le même niveau de connaissance, d’intelligence, de potentiel, ce qui, fondamentalement, est impossible !!

      C’est dans la nature de l’humain de préférer sa famille aux autres du même pays, et de préférer ceux qui lui ressemblent, plus généralement…

  2. l’important est de faire table rase du passé
    ou de le déconstruire comme a dit monsieur µ

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