Les mésaventures d’Erwan et Soizic, enseignants écolos bretons…

 « J’ai connu un type qui était tellement radin qu’il avait engagé une bonne aveugle… pour économiser de l’électricité ! »  (Pierre Doris, humoriste).

« Le biniou est un instrument typiquement socialiste : une outre pleine de vent d’où ne sortent que des sons discordants. »  (Jacques Faizant, dessinateur humoristique).

 

Avant  de vous raconter cette histoire, rendons à César ce qui appartient  à César, et à Allah ce qui appartient à Allah. Pourquoi Allah et pas Dieu, me direz-vous ? Pour faire plaisir à Emmanuel Macron qui voudrait un « Islam des Lumières » en France. Peut-être, grâce à lui, va-t-on passer du Coran alternatif au Coran continu ? On peut le penser puisque NOS impôts vont servir à enseigner l’apprentissage de l’arabe à l’école : avec Macron, l’islamisation avance à grands pas.

Mais je dois vous avouer que l’histoire qui suit m’a été soufflée par mon frère cadet.

Elle se passe dans la Bretagne profonde, quelque part entre Carhaix et Pontivy.

Situons le décor : Au hameau de Kercrado – quelques maisons perdues dans la lande, près de la petite commune de Saint-Locdu (1) – vivent  Erwan Le Roidec, un freluquet à tête de fouine – le poil long et gras, rasé avec une biscotte comme il sied aux bobos et aux clodos – et sa compagne pacsée, Soizic, un souillon souffreteux au sein triste et à la fesse molle. Un remède contre l’amour qui porte, par tous les temps, un vieux pull en laine du Larzac et une jupe longue fabriquée à  Katmandou (à l’époque où les loques hippies allaient se camer au Népal).

Erwan et Soizic sont « enseignants de gauche », ce qui est presque un pléonasme. Lui est prof de technique dans un bahut pour cancres. Elle, est affublée du titre ronflant de « professeur(e) des écoles » depuis qu’on n’ose plus dire « institutrice ». Ils se sont connus, il y a une quinzaine d’années, à l’École Normale ou, plus exactement, à l’IUFM. Notre époque péroreuse et pédante rebaptise tout. « IUFM », ça doit vouloir dire « Institut Universitaire pour Formater les Médiocres » mais je n’en suis pas certain. Bref, c’est une sorte d’École Normale dans laquelle on a remplacé l’apprentissage du savoir par un verbiage « psychopédagogique » prétentieux.

Chez les Le Roidec, on est de gauche de père en fils, et ce, depuis la nuit des temps.

Le père, Loïc, communiste, viscéralement anticlérical, travaillait dans un abattoir de volailles de la région. Il buvait comme un trou, et, quand il rentrait « fin bu » – ce qui arrivait souvent – il battait sa femme comme plâtre, sans que cela émeuve le voisinage (2).

La mère, Marie, une bigoudène de Pont-l’Abbé, est restée longtemps croyante. Tant que le vieux recteur de Saint-Locdu  sévissait encore, elle allait à la messe tous les dimanches. Elle était de toutes les Troménies, de tous les Pardons : une vraie grenouille de bénitier !

Quand le vieux recteur est mort, il a été remplacé par un curaillon progressiste au look de loubard – jean crado, t-shirt  et baskets – qui, lui, ne croyait qu’aux droits de l’homme.

Alors, pour suivre son curé, la vielle Marie est devenue socialiste pure et dure. Les mauvaises langues disent qu’elle a perdu la foi quand son mari a définitivement détruit son foie. Certains se plaisent à raconter, avec une certaine mauvaise foi, qu’elle avait les foies blancs, chaque fois qu’il rentrait bourré, en gros deux ou trois fois par semaine. Les gens ont la dent dure dans ces coins perdus qui distillent l’ennui. Le malheur des autres leur fait oublier leur propre déchéance.

Plus jeune, Erwan a milité dans tous les mouvements d’extrême-gauche : anars, zadistes, Blacks-Blocs  et  autres groupuscules gauchistes, souvent violents.  Puis  il a rencontré Soizic qui n’a eu aucun mal à le convertir à l’écologie. Mais pas n’importe quelle écologie, pas celle des bobos parisiens, non, l’écologie pastèque : verte à l’extérieur et rouge vif à l’intérieur.

Erwan et Soizic sont également  bretons-bretonnants, très attachés à leurs racines – ce qui est plutôt louable – mais  aussi  au progrès incarné par la gauche, par opposition au conservatisme et au passéisme de droite. Ils sortent peu : un fest-noz de temps à autre où ils s’emmerdent à cent sous de l’heure en dansant la Ridée, au son d’un biniou asthmatique.

Mais ils participent tous les ans à deux festivités incontournables :

Le « Festival inter-celtique » de Lorient, pour la tradition (le biniou, la bombarde) et les  « Vieilles charrues » à Carhaix, pour le vacarme techno et l’atmosphère crado. Dans cette ambiance bigarrée,  ils se sentent « citoyens du monde », ce qui ne les empêche pas de scolariser leurs deux fils – Iwan et Maël – dans une école « Diwan » où les cours sont dispensés en breton (car il ne vous aura pas échappé que la langue bretonne est très utile pour les échanges internationaux).

Erwan et Soizic admirent les « grands hommes » bretons. Si vous pensez à Surcouf, Jacques Cartier, Bertrand du Guesclin ou Georges Cadoudal, vous avez tout faux. Eux, ils adulent Yves Cochet, Yannick Jadot et Benoît Hamon, le freluquet brestois aux oreilles de musaraigne…

Les Le Roidec sont assez binaires (et sectaires) comme tous les imbéciles qui se prennent pour des intellos. Ils sont POUR ou CONTRE, sans la moindre nuance : contre la souffrance animale mais pour l’avortement ; contre les OGM, mais pour la légalisation du cannabis ; contre les frontières et pour les migrants. C’est d’autant plus facile que, dans leur coin, on ne voit (presque) jamais de Noirs ou d’Arabes… et, bien sûr, contre la malbouffe, la charcutaille et les produits  carnés.

Autrefois, Erwan aimait bien boire un coup en mangeant un steak. Puis, au fil des années, à l’instar de Soizic, il est devenu végétarien, puis végétalien, puis végan, puis  antispéciste.

Maintenant, le dimanche, c’est la fête chez les Le Roidec : jus de tomate (bio) en guise d’apéro,  tout en écoutant un vieux  vinyle de Glenmor, Gilles Servat ou Alan Stivell. Ensuite, on fait bombance de radis, betteraves, boulgour, quinoa et des tas d’autres végétaux anciens oubliés et redécouverts : panais, rutabaga, topinambour (on comprend pourquoi ces légumes ont été oubliés… quand on y a goûté !) et, comme dessert, des fruits (également bios), le tout arrosé à l’eau de Plancoët gazeuse. Parfois – soyons fous ! –  ils s’octroient une bolée de cidre, au diable l’avarice !

Pour finir, un café « équitable » acheté dans une boutique bio et payé deux fois son prix pour que 0,005 % revienne au pauvre gars qui produit le café, quelque part en Afrique. Le commerce équitable, c’est bien, c’est le contraire du « TPMG » (5) capitaliste.

La maison bleue : Quand le vieux Le Roidec et mort, noyé dans la vinasse, Erwan a hérité de sa maison. Une longère en granit, couverte en ardoise et dont le sol était encore en terre battue, (comme l’avait été la mère Le Roidec durant des décennies). Erwan aurait pu restaurer cette vieille ferme qui avait un certain cachet,  mais lorsque on est écolo « et en même temps » prof de technique, on se doit d’anticiper le réchauffement climatique. De surcroît, son job ne prédispose ni à l’infarctus ni aux ampoules aux mains.  Quand on bosse en gros vingt heures par semaine – et encore ! – on a du temps libre, surtout que les jours de grève viennent  se rajouter aux trois mois de congés.

Il a donc laissé à l’abandon la demeure paternelle pour construire, juste à côté, une maison « écoresponsable » en bois.  Au final, sa maison lui a coûté 40 à 50 % de plus qu’une construction traditionnelle, et, pour ce prix, il a dû faire lui-même toutes les finitions, mais que ne ferait-on pas pour sauver le monde ? La touche finale a consisté à peindre les volets en bleu.

Puis les Le Roidec ont baptisé leur gîte « ty glas », ça veut dire « maison bleue » en breton. C’est un hommage à Maxime Le Forestier, un autre Breton de gauche.

Après deux  hivers, la maison, bardée de bois délavé, couverte en tôle, avec en toiture deux panneaux  photovoltaïques et un chauffe-eau solaire, faisait d’avantage penser aux bidonvilles de Dakar, Abidjan ou Calcutta qu’à l’habitat breton classique. Les gens du hameau regardaient d’un drôle d’œil cette étrange maison « autonome et écologique » qui leur semblait aussi incongrue au milieu  des vielles fermes en granit qu’un chicot carié dans un sourire « Colgate »,  ou qu’une grosse verrue sur la fesse d’une blonde. Les ploucs, c’est bien connu, sont réfractaires au progrès et totalement insensibles à l’avenir de la planète.

À vrai dire, Erwan s’est montré optimiste sur son anticipation du réchauffement climatique, car dans son coin, la météo est assez prévisible : une centaine de jours de pluie, autant de jours de tempête et autant de crachin brumeux. Le reste du temps, il fait beau et on peut vivre  portes et fenêtres ouvertes, sauf quand ce salopard de voisin, un éleveur de porcs, épand du lisier sur ses terres (3). Jean-Michel Caradec  chantait  jadis : « Qu’elle est belle ma Bretagne quand elle pleut », c’est vrai, et elle est souvent belle… en gros 300 jours par an.

Le drame : Nous sommes durant l’hiver 2019. Depuis quinze jours, il pleut. Le vent violent venu de l’ouest charrie des nuages aussi noirs que l’âme d’un damné. 7 h du matin, le réveil ne sonne pas au domicile des Le Roidec, et pour cause, le courant est coupé. La tempête a abattu la ligne qui raccorde  Kercrado à Saint-Locdu. Dans la maison, chauffée avec des convecteurs électriques, il fait un froid polaire. Dans le noir le plus total – car les volets électriques sont bloqués – Erwan se lève et se cogne partout. Il fulmine contre ses panneaux solaires qui, faute de soleil, ne servent à rien.

Il finit par trouver une lampe de poche, réveille Soizic qui grelotte, et se dirige vers la cuisine pour faire un café. Mais la plaque de cuisson ne fonctionne pas, pas plus que la cafetière électrique.

Et dire qu’il a donné à Emmaüs la « gazinière » de sa mère (car le gaz, comme le pétrole, est une énergie fossile qu’il faut impérativement bannir de tous les foyers).

Dans le hameau, les autres maisons se chauffent au bois, mais ce mode de chauffage, comme les pets de vache et le diésel, détruit la couche d’ozone. Il est donc à proscrire. D’ailleurs, pour obtenir le label RT 2005 (4) pour sa maison, Erwan a dû renoncer à avoir une cheminée (et une hotte aspirante dans sa cuisine). Bon, tant pis, oublions le café !

Soizic voudrait bien faire un brin de toilette mais là, les choses se corsent : primo, le groupe motopompe qui alimente le puits est électrique donc, en panne ; secundo, le chauffe-eau solaire ne fonctionne pas non plus, faute de soleil.

En chialant comme une madeleine, Soizic va réveiller ses deux fils. Elle secoue Iwan qui lui crie « amzer goac’h ! » (« temps de merde ! » en breton), quant à Maël, il refuse carrément de sortir de son lit en disant « anoued am eûz ! » (« j’ai froid ! ») (6). Décidément, tout va mal, d’autant plus que Soizic, contrairement à Erwan, ne parle pas un traître mot de breton.

Fort heureusement, Erwan a de la ressource : il va téléphoner aux parents de Soizic, qui habitent à quelques kilomètres de là. Mais, la box-internet n’est pas alimentée donc… le téléphone fixe est en rade. Il a bien un téléphone portable, qu’il recharge pendant ses cours, au bahut, mais on se demande bien pourquoi  car à Kercrado il n’y a pas de réseau. Autrefois, on arrivait parfois à (mal) capter mais un groupe d’écolos « électro-sensibles » a saboté l’antenne-relais la plus proche, par peur des ondes maléfiques de la 4G. Erwan, l’imbécile, a participé au sabotage, par solidarité…

Et c’est là que tout se gâte : Soizic pète un plomb et invective son homme : « Y en a ras la bolée (7) de ta maison de merde ! On a encore dix ans de crédit sur cette foutue baraque mais moi, j’en peux plus… » Et elle rajoute LA menace suprême « Si ça continue, je voterai  Marine Le Pen ».

Là, Erwan qui est pourtant antimilitariste et non violent (sauf quand il balance des pavés sur les flics fascistes avec ses amis zadistes) explose littéralement et lui décoche une violente mandale.

Or  Soizic est épaisse comme un casse-croûte de chômeur.  Déstabilisée par la violence de la baffe, elle perd l’équilibre, tombe dans l’escalier et se casse le coccyx.

Erwan se sent obligé de voler à son secours : il la prend dans ses bras et la porte jusqu’à sa voiture pour la conduire à l’hôpital. Mais ce jour est maudit et la scoumoune continue !

Avant, Erwan utilisait la vielle Renault 18 Diésel léguée par son père. Elle était cabossée de partout, elle polluait mais elle marchait au fuel agricole or, même un écolo pur et dur sait s’asseoir sur ses convictions au profit de son portefeuille. Erwan aimait bien cette bagnole. Sa lunette arrière portait – sous forme d’autocollants – les stigmates de ses combats passés : « Non au nucléaire ! », « Soutien à la Palestine »« Non à l’aéroport de Notre-Dame des Landes », « Oui à la légalisation  du cannabis ». Certains étaient tellement délavés qu’on ne savait plus contre quoi ils protestaient.

Puis un jour Erwan a cédé aux sirènes écolos, aux aides gouvernementales et aux offres de reprise de Renault : il a craqué pour une « Zoé » électrique de la marque au losange. Il paraît difficile à un individu normal de comprendre qu’on puisse flasher sur cet engin tout blanc, tout en plastique, qu’on croirait carrossé par « Tupperware ». Certes mais la « Zoé » est 100 % électrique, et ça c’est bon pour la planète. Erwan charge donc Soizic dans sa « Zoé » qui, faute d’avoir été rechargée, tombe en rade au bout de 15 kilomètres.  Après deux heures d’attente, dans la pluie et le vent, ils seront finalement pris en remorque par la voiture d’un paysan, un gros 4×4 Mitsubishi Diésel, toujours vaillant malgré ses 200 000 kilomètres au  compteur…       

La fin de l’histoire : Soizic et Erwan ont fini par se séparer : Soizic vit maintenant avec Yvon, un patron-pêcheur du Guilvinec qui lui a fait découvrir que le poisson, c’est bon. Toujours coincée,  elle est (juste un peu) contrariée que le bateau d’Yvon s’appelle la « Marie- salope » mais après tout, tant qu’il ne pêche pas la morue… et puis, ça lui rappelle sa belle-mère.

Comme tout ne peut pas être rose, elle a failli se pâmer quand Iwan, qui est devenu un grand dadais, lui a dit qu’à 18 ans il voulait s’engager dans les parachutistes. Et puis, nouvelle blessure, Maël, lui, aspire à devenir flic ou gendarme… C’est à désespérer de l’espèce humaine !

Selon plusieurs témoins dignes de foi, Erwan part en vrille : il va au bistrot, boit beaucoup et se nourrit presque exclusivement de burgers-frites.

Un de ses élèves l’aurait même vu entrer avec une pute dans un hôtel borgne du port de Lorient. Et le gamin a rajouté malicieusement : « Une blonde canon, maquillée comme une voiture volée. Le prof, ça doit vachement le changer de l’hôtel du cul tourné ! »

                N.B : Il va sans dire que cette histoire est une fiction et que « toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé serait purement fortuite »… quoique…

N.B.bis : Surtout, ne voyez aucun racisme anti-breton dans cette fable très morale : j’ai beaucoup d’amis bretons. J’adore la Bretagne, région magnifique qui compte plutôt moins d’écolos-abrutis que le reste du territoire. Les plus fortes concentrations sont dans les grandes métropoles.

Cédric de Valfrancisque

1)- Qui est le saint patron des larves, des bons-à-riens, des loques, des abrutis et des dégénérés, c’est dire si ses fidèles sont nombreux !

2)- Mais ça, comme dit la pub, c’était avant ! Avant Lili-Marlène Schiappa et son « féminicide »

3)- Ce qui est pourtant interdit par tous les règlements européens.

4)- RT = Réglementation Thermique, imposée pour les constructions nouvelles.

5)- TPMG : Tout Pour Ma Gueule.

6)- Le lecteur voudra bien excuser l’auteur qui, visiblement, maîtrise mal la langue bretonne.

7)- Expression locale qui veut dire « ras le bol ».