Les oubliés d’une guerre presque oubliée

En 1830 les Français débarquaient à Sidi-Ferruch, près d’Alger. À l’époque il n’y avait PRESQUE RIEN dans ce pays aride dominé par les Turcs. Nous en avons fait une belle province, riche et généreuse, du moins jusqu’en 1962…

130 ans après, mon aîné et ami était tué sur la route de Batna à Biskra (aux pieds des Aurès où les fellaghas étaient particulièrement actifs), il avait 20 ans. Maintenant ses parents son décédés et je crois qu’il n’a plus de parenté, aussi puis-je le nommer : Jean-Claude Poirson, né à Nancy en 1939.

Deux mois après son décès, son corps fut “rapatrié” dans les cales d’un bateau (on attendait qu’il y ait assez de morts pour remplir la soute réservée à ces retours funèbres), puis, sur demande des malheureux parents, chaque bière était transportée par l’armée jusqu’à l’église de son dernier domicile. C’est là qu’on a atteint à l’ignominie d’une tragédie qui à touché nos 24 500 soldats morts “pour la France”.

Lorsque le cercueil de Jean-Claude fut “livré” devant l’église, la stupéfaction de ceux qui attendaient la cérémonie religieuse fut sidérante : le convoie était formé d’un vieux GMC contenant plusieurs autres boîtes très ordinaires avec sur chacune un drapeau tricolore et un nom punaisé sur  morceau de carton. Quatre soldats en tenue 46 (l’uniforme de travail  ordinaire) descendirent la bière du véhicule puis attendirent ; alors le sergent de service s’approcha du père de Jean-Claude et lui demanda s’il voulait garder le drapeau, un échange bref et tendu s’engagea puis les militaires repartirent en récupérant le drapeau.

Surpris par l’épisode du drapeau, je m’enquis de ce qui s’était passé et j’appris avec stupeur que le drapeau n’était laissé aux parents que s’il était acheté par eux !

C’est le drapeau de cette république (sans R majuscule), qui s’est DÉSHONORÉE en Algérie, non seulement en donnant des gages aux tueurs du FLN dès 1958 et 1959 (la paix des braves et  l’autodétermination) mais aussi avec les massacres de la rue d’Isly, 80 morts, et d’Oran où il y eut 3 000 tués et disparus alors que l’ignoble général Katz avait interdit à son armée – forte de 18 000 hommes – d’intervenir).

 Paul Veglio

 

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8 Commentaires

  1. Un de mes cousins a été torturé et tué par le FLN. Lors de la cérémonie, ma tante à foutu à la porte tous les gradés, tous voulaient faire un discours. Ces militaires n’avaient même pas mis le pied en Algérie. Tout le village était là et la famille. La tante est tombée dans le mysticisme religieux. Elle n’est plus sortie de chez elle, sauf pour envoyer des lettres d’insultes aux nouveaux maîtres d’Alger. Elle n’a jamais été inquiétée. J’ose pas vous raconter ce qu’elle leur balançait. Peut-être que les lettres ont été détruite par la censure ? Elle est morte relativement jeune; c’était son seul enfant.

  2. Pour la Légion d’honneur, les droits s’élèvent à : 50 € pour le grade de chevalier. 75 € pour le grade d’officier. 100 € pour le grade de commandeur.

  3. Jean-Marcel Jeanneney ambassadeur de France en Algérie, sodomisé publiquement le 05 juillet 1962 sur la plage de Sidi Ferruch sans réaction de ” de gaulle “

  4. Payer le drapeau pour avoir sacrifié son fils. Quelle honte !
    Idem pour la LH à titre posthume :
    Il faut s’acquitter des droits de chancellerie (d’une vingtaine d’euros pour les chevaliers) pour obtenir le brevet officiel après la remise de la décoration et acheter lui-même sa médaille (de 295 à 1500 euros sur le site web de la Monnaie de Paris) et financer la cérémonie. Mais pas de panique, la tradition veut que ce soit la famille ou les amis et collègues qui se cotisent pour l’offrir. Enfin, il est toujours possible de récupérer la médaille de quelqu’un d’autre. Exemple avec la ministre de la Culture Roselyne Bachelot, qui porte celle de son père décédé, Jean Narquin.

    • J’ai plusieurs fois prèté la mienne , héritée de mon grand père, à des camarades officiers le jour de la remise, ils ne voyaient pas la nécessité de l’acheter .Pour en faire quoi? l’agraffer sur le pyjama?….Je précise aussi que dès acquittés les frais de chancellerie, le nouveau décoré , s’il est “pensionné “reçoit une lettre de la chancellerie lui proposant d’abandonner cette pension aux oeuvres de la LH., cette pension qui permettait aux décorés pauvres de survivre lors de sa création , n’a pas du augmenter depuis deux siècles : il vaut mieux en faire don aux demoiselles de la LH ,institution qui a , au moins le mérité de l’utilité et de la qualité !

  5. Katz ne voulait perdre ni ses étoiles ni sa pension. C’est pour ce plat de lentilles qu’il s’est déshonoré.

    • Malgré un nom qui voudrait faire FOMEC en l’apparentant à un chat, c’était en réalité un chien!!!

  6. à oran le 5 juillet 62, un lieutenant a enfreint les ordres en sauvant quelques piednoirs de l’épuration ethnique, son colonel lui a ensuite dit “si vous n’étiez pas musulman, je vous aurait fait passer en conseil de guerre” (à méditer)

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