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Les trottoirs de la République


Il n’est pas dans mon intention ici – et d’ailleurs je suis loin d’être un expert – de comparer scientifiquement les stratégies politiques et les programmes des unes et des autres pour commenter le premier tour de ces élections présidentielles. Les différences, à l’exception de trois ou quatre grandes mesures essentielles – déterminantes pour le pays et peu onéreuses à mettre en œuvre – sont difficiles à analyser en profondeur et à chiffrer réellement, tant qu’elles ne seront pas étudiées en profondeur et appliquées.

Dans l’électorat français, chaque communauté politique à son dada. Les mélenchonistes sont en révolution contre le capital et pour l’immigration, les fillonistes défendent une ligne “démocrate-chrétienne” bien pensante et bien propre sur elle, (même au détriment du bien-être social, physique et identitaire de leurs compatriotes plus modestes), les macronistes appellent de leurs vœux une France fourre-tout, grande surface des valeurs où chacun trouvera ce qu’il souhaite dans un individualisme de négation de la nation historique…

Pourtant aujourd’hui, au lendemain de cette élection et au regard de la volatilité des valeurs portées par chacun, ils se révèlent tous dans une versatilité dangereuse pour le devenir de notre pays. Plus encore, ils se donnent en spectacle comme des péripatéticiennes d’occasion qui se vendent pour arrondir leurs fins de mois pendant la journée, avant de rentrer bien sagement à la maison, le soir venu et d’aller à la messe le dimanche matin pour se faire pardonner. Et lors, comme des clients en rut, malade du besoin trop pressant de satisfaction éphémère – appelée jadis ”la petite mort”, ils sont tous prêts – et n’ont pas tardé à le montrer -,  à payer le prix de leur satisfaction indécente…

Ils se foutent bien de savoir ce qu’il adviendra du pays et de ses habitants quand, aux mains d’un pantin sans consistance, chacun ira “tirer” Marianne de son côté, espérant d’elle une faveur immédiate. Ils ne se préoccuperont pas d’une première, sévère et salutaire campagne de nettoyage de notre pays, première étape nécessaire à la reconstruction d’une Vème république rénovée, enfin stable et débarrassée de tous ses parasites. Ceux du Nord – à Bruxelles – et ceux du Sud – à Alger – , qui lui interdisent aujourd’hui d’espérer une stabilité, une croissance et une sérénité que les années passées ont vu se déliter douloureusement.

Le seul but, pour eux, tient dans un plaisir immédiat, une éjaculation politique, peu importe qu’ils souillent  le visage de cette République, image féminine qui, comme dans certaines communautés, ne sert que de façade à leur prestance et d’exutoire à leur bien-être !

Face à ces candidats, et c’est le grand paradoxe de cette élection, une vraie Grande Femme (Majuscule, coup de chapeau calligraphique !). Seule devant ces politiciens qui renieraient mère et épouse pour garder une place dans le lit de la République, Marine Le Pen nous montre, depuis sa venue dans le sérail, une position, une stature, un courage et une honnêteté auxquelles aujourd’hui aucun adversaire ne peut prétendre.

Ces hommes se parent de la cape des grandes vertus républicaines qui cache leur nudité vespérale usée par les coucheries incessantes avec les uns et les autres de leurs adversaires, comme on l’a vu ces derniers mois. Ils se pressent maintenant sur les trottoirs de la République, après avoir fait allégeance à un jeune souteneur sans panache

La différence entre les péripatéticiennes et ces hommes politiques, en dehors de leur sexe, c’est que ces derniers ne font pas le trottoir pour nourrir leurs enfants ou pour survivre, mais pour nourrir leur ego et pour continuer de vivre aux crochets d’une République et d’un peuple fatigué, proche d’une révolte portée par ses plus courageux représentants.

Tout cela est indécent. Que l’on puisse à ce point se montrer embrassant Marianne tout en caressant sans vergogne le priapisme politique d’un jeune banquier macro-prétentieux, laisse imaginer toutes les compromissions, toutes les trahisons et toutes les bassesses auxquelles ont doit s’attendre de la part de ces gens, pendant que la France continuera de se laisser dominer par des forces néfastes dont la moindre n’est pas l’obscurantisme musulman qui nous guette.

Si vous habitez Paris, vous pouvez les apercevoir foulant aux pieds les trottoirs qui mènent de l’Elysée à l’Assemblée, en cortège sur le pont de la Concorde, ignorant certainement que cet ouvrage utilise, pour sa maçonnerie, les pierres de taille provenant de la démolition de la Bastille, prise d’assaut le 14 juillet 1789…

Jean-Louis Chollet