Les Turcs valent plus que les Kurdes

Le président Donald Trump ne pouvait pas laisser le président turc Recep Tayyip Erdogan se jeter plus avant dans les bras de la Russie et de la Chine. Il a abattu la carte de l’armement des Kurdes pour forcer Ankara à revenir. Les Turcs veulent, désormais, infléchir d’urgence le projet américain d’armer les combattants kurdes en Syrie. En effet, un peuple kurde bien armé, capable de se défendre, éloignerait encore Erdogan de son grand rêve de reformer l’Empire ottoman.

Après le coup d’État organisé par les Américains contre Erdogan, pendant le mandat de Barack Obama, les relations entre Ankara et Washington étaient, disons, tendues… Les gens qui ont aidé le candidat Trump à arriver au pouvoir, ont mis en place des actions destinées à entrer, au plus vite, dans les bonnes grâces du président turc. Pour ceux qui pensaient que l’élection de M. Trump était une surprise, il faut savoir qu’une firme détenue par Michael Flynn, ancien conseiller de Trump en matière de sécurité, avait reçu plus de 500 000 $, en pleine campagne électorale, pour discréditer un rival politique d’Erdogan.

Mais les États-Unis doivent d’urgence virer l’État islamique de Raqqa, en Syrie, peut-être parce que trop proche de Tel-Aviv. Pour cela, il est, peut-être, utile d’armer les combattants kurdes. C’est, en tout cas, ce qu’ils laissent entendre aux Turcs.

L’invitation d’Erdogan à la Maison Blanche est bienvenue pour l’homme fort d’Ankara, qui glisse franchement vers la dictature après avoir gagné, dans des conditions étrangères à la démocratie, le référendum qui lui accorde le contrôle total sur la Turquie. M. Erdogan n’avait pas le choix, après le coup d’État militaire de juillet 2016, il avait failli tout perdre. Aujourd’hui, il a repris solidement son pays en main. Près de 150 000 soldats, juges, universitaires et journalistes ont été victimes de la purge qu’il a imposée au pays.

Malgré les conditions très discutables dans lesquelles a été remporté le référendum en Turquie, Trump l’a félicité pour sa victoire. Erdogan vient, de son côté, négocier son retour dans le giron américain, aux dépens des Kurdes et de toutes les minorités ethniques qui viendraient gâcher l’ambition turque dans la région. Erdogan met évidemment le destin de la base aérienne d’Incirlik, qui accueille environ 1 500 militaires américains, dans la balance. Incirlik est utilisée pour les frappes aériennes américaines contre l’État islamique, l’Irak et l’Afghanistan. Washington ne peut se permettre de perdre Incirlik, les Kurdes attendront.

William Kergroach

Source : Margaret Talev, sur Bloomberg.com

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6 Commentaires

  1. Les Kurdes se battent contre DAESH,eux,ce sont implicitement nos alliés.Quant aux turcs……………

  2. Ainsi, les 20 millions de Kurdes seront privés de l’indépendance pour satisfaire au califat d’Erdogan

  3. Le turque et ultra nationaliste allé dans l’Ain même des villages entreprise envahi par les turques bosseurs mais raciste même l’arabe ils détesté kurde ce justifié on va à la mosquée ensemble j’ai assisté à sa pendant plusieurs même dans le milieu professionnel turque arrête les stupéfiants sa te vas pas et le vin blanc évite raki aussi .

  4. L’Occident préfère soutenir le dictateur d’Istanbul qui a du sang jusqu’aux coudes plutôt que de soutenir le courageux peuple kurde qui lutte pour sa survie. A gerber !

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