L'Etat islamique décapite un archéologue octogénaire

KhaledelassadL’Histoire est en deuil. L’archéologie a perdu un de ses plus éminents spécialistes. Perdu? Non! Il a été assassiné par la main des barbares. Son seul crime: être un homme de savoir.
Qui était cet homme? Son nom: Khaled el-Assaad. Il était âgé de 82 ans. Connu pour être l’un des plus grands spécialistes de l’Orient antique, il avait consacré cinquante ans de sa vie au site de Palmyre qu’il avait dirigé de 1963 à 2003. Après sa retraite, il avait néanmoins continué à travailler sur le site et participait à des colloques ou autres conférences d’historiens.
Les jihadistes de Daech ont capturé l’octogénaire à leur entrée à Palmyre. Pendant toute la durée de sa captivité, il y fut interrogé pour qu’il renseigne les fous de Dieu sur l’emplacement d’un supposé trésor.
Le mardi 18 août, ses bourreaux viennent le chercher dans sa cellule, le mènent vers la place publique où le peuple a été réuni. Il y est assassiné. Son corps sera accroché ensuite à un poteau, sa tête posée sur le sol de la cite syrienne. Macabre mise en scène dont les daechiens sont friands, et qui sans cesser de nous émouvoir, ne nous surprend plus.
Les sommités du monde universitaire ne manquent pas de saluer la mémoire et le courage de cet homme décrit par tous comme affable et éminemment cultivé. Lorsqu’en mai dernier l’antique cité était tombée aux mains de l’autoproclamé “État Islamique”, l’on avait proposé à l’octogénaire de le faire partir vers une destination où il serait moins exposé à la fureur des fanatiques. Il avait poliment décliné l’offre: “Je suis palmyrénien et je resterai à Palmyre même s’ils doivent me tuer”.
Qui est surpris? Nous savions déjà que le califat n’était que barbarie. Ces suppôts de Satan étaient d’ores et déjà frappés du sceau d’infamie, de barbarie, de sadisme et d’inhumanité. Un nouvel adjectif vient compléter cette sinistre liste. Lâches! Qu’est-ce, si ce n’est pure lâcheté, que d’assassiner un vieillard ligoté et affaibli par les privations subies pendant sa captivité? Quel danger pouvait-il représenter pour leur ubuesque “calife”? Je parierai qu’ils s’y sont pris à plusieurs pour qu’il ne leur échappe. C’est qu’il devait être une sacrée menace, le bougre. Lâches!
L’Histoire est en deuil, elle a perdu un de ses enfants chéris. Un sang innocent se mélange à présent à la terre de l’antique cité qui vit s’affronter l’empereur Aurélien et la rebelle reine Zénobie. Bien que celle-ci fût vaincue, Aurélien la gracia et lui épargna le déshonneur. Il faut dire que l’imperator était d’une autre trempe que le calife à la Rolex.
Nicolas KIRKITADZE