Lettre à Joseph, un homme bon, droit et délicat

Joseph-Scipilliti
Cher Joseph,
Je n’approuve ni ne juge ton double geste de ce funeste jeudi.
A la lecture de ton testament, j’en mesure néanmoins toute la puissance, symbolique au moins autant qu’excessive et douloureusement définitive. Apprenant la tragédie dans laquelle ton acte nous a tous plongés avec toi, une camarade commune à qui tu avais su prodiguer tes généreux et désintéressés conseils, s’est délestée de son effarement par ces quelques mots « c’était un homme bon et doux »… Sache, cher Joseph, qu’elle a dit une prière pour toi et aussi pour celui que tu as visé par trois fois.
Depuis ce drame, des bribes de souvenirs me reviennent, un repas avec de la charcuterie, du vin et des rires, des conseils pleins de bon sens à des questions parfois candides, et toujours ce brin discret de l’affection dans tes réponses, cet échange, cet été même, où tu avais pris de ton temps pour aller chercher des éléments pouvant m’aider alors que je ne t’avais même pas sollicité, simplement par empathie, par désir de bien faire et d’aider ton prochain. Je me souviens aussi de cette fin de soirée invraisemblable après le procès contre Jacques Philarchein et Renaud Camus que tu évoques dans ton testament, cette froide soirée de février 2014 où tu n’avais pas pu récupérer tes affaires au vestiaire…
En te lisant, je n’ai pu m’empêcher de penser à Winston, celui qui ne voulait pas se faire écraser par la broyeuse étatique totalitaire de 1984. Comme lui, tu luttais pour la liberté, pour la justice, comme lui tu refusais de te laisser happer par un système odieusement mafieux, dont l’écoeurant Mur des Cons avait éclairé pour un temps les actualités, avant que les bonnes gens oublieux retournent à leurs activités, feignant opportunément d’ignorer que l’ampleur du Mal en interne est bien plus terrible encore que ce seul Mur, et ses adeptes bien plus nombreux.
Quant aux victimes quotidiennement intimes de ce système judiciaire si bien rôdé, elles sont condamnées au silence, sous peine de représailles par les Frères tout puissants, et à une doucereuse et confortable résignation. Concilier le désir noble de vouloir rendre la Justice pour finalement, toute sa carrière durant, ne côtoyer que l’injustice et les malversations jusqu’au jour de rendre sa robe, quelle perfide ironie !
A la vue de l’ornement de la rampe du grand escalier menant à la 17e Chambre avec son œil dans un triangle, le même exactement que celui placé en haut de la déclaration des Droits de l’Homme, on comprend immédiatement où l’on se trouve.
https://www.youtube.com/watch?v=usvbk6NNRK4&feature=youtu.be
Que tu as été patient toutes ces années ! J’admire ta constance dans l’adversité, ton sens de la justice et de la justesse, ton honnêteté jamais vacillante. Comment as-tu fait pour être resté si droit dans une mafia si épaisse, si étanche, si monstrueusement malhonnête ?
http://static.resistancerepublicaine.eu/wp-content/uploads/2015/10/Journal-indélicat-Enregistré-automatiquement.pdf

Tellement grand est le conformisme général que si l’impertinent n’est pas là pour se défendre avec un dossier solide, il est condamné d’avance“.

Que dire de ces vils laquais médiatiques qui te salissent aujourd’hui et dont certains sont de cette même communauté, de cette fraternité maçonnique possédant, à elle seule, plus de pouvoirs encore que le chef de l’Etat ? Rien que de coutumier. Ils parlent de ton testament mais n’en mettent surtout pas le lien. C’est qu’il ne faudrait pas que les gens sachent.
Et puis diable ! Deux cent quarante pages ! Qui aujourd’hui prend le temps de lire autant de mots ?! Avec une telle fainéantise intellectuelle des Français, la magistrature franc-maçonne peut continuer à rouler tranquille, à bafouer ses propres lois, à se repaître dans des petits arrangements communautaires qui rapportent. Les sans-dents continueront de subir la justice, mais celle-ci continuera de se contourner, au vu et au su des propres membres de son ministère.
Ce monde, heureux de sa propre ignorance, continuera de tourner de travers. L’important c’est que le bon peuple soit convaincu que tu étais un mauvais homme, un homme qui pensait mal, qui avait de mauvaises convictions, des convictions qui ne rentrent pas dans le moule de la propagande. Winston n’a qu’à bien se tenir. Les faux rebelles de pacotille font mine de condamner le terrifiant monde de 1984 mais nous savons bien que ce n’est qu’une posture. En réalité on dirait bien que chacun est au contraire ravi d’y adhérer en regardant ailleurs. Surtout ne pas chercher à connaître la vérité, on ne sait jamais, des fois qu’elle ne soit pas comme on imagine.
Alors la magistrature restera ce qu’elle est : un état dans l’Etat, avec ses propres codes, ses passe-droits, ses modalités particulières, ses barbouzes, ses faussaires. Et le peuple béat n’y verra que du feu parce qu’on lui aura expliqué que tu délirais, que tu étais à l’ouest, pire même, que tu étais… dé-sé-qui-li-bré !
Les pseudo défenseurs des droits de l’Homme, ces pions imbéciles, continueront d’accorder leur silence tacitement complice à la détresse impuissante des avocats à la probité moralement torturée par des pervers maçons oeuvrant dans les couloirs froids des Palais. C’est que le laminoir à Cons de la magistrature a ses rouages bien huilés, feutrés et silencieux… Silence on broie…
Ton geste fou, désespéré, c’est si peu toi, l’homme patient, calme, courtois, bien élevé, soucieux des convenances, gentil, … délicat.
Tu étais de ces êtres discrets qui ne font pas d’éclats mais dont on sait d’emblée qu’ils ne transigeront pas.
La liberté est un bien précieux, le plus précieux de tous. Ta vie t’en a été témoin, ton geste tragique et ton départ encore plus.
Nous, tes compagnons de route dans la cohorte des têtes qui dépassent du rang et ne veulent pas se laisser faire, sommes en état de sidération aujourd’hui. Nous comprenons que tu as été poussé à bout après tant d’années de patience, mais tu nous laisses dans la peine.
Où que tu aies enfin posé ton fardeau, cher Joseph, je t’embrasse.
Caroline Alamachère