Lettre ouverte à Marine Le Pen sur l'islam

Madame,

Il y a maintenant dix mois que vous avez succédé à Jean Marie Le Pen à la tête du Front National, faisant naître un grand espoir parmi les patriotes de notre pays. Nombre d’entre nous ne se reconnaissent pas dans l’ancien Président et attendaient ce jour pour voir un parti national responsable jouer le rôle que l’histoire est prête à lui confier.

Le bond que votre popularité a aussitôt effectué dans les sondages – même avec la prudence qui s’impose face aux limites de cet instrument – témoigne de cet espoir, et vos premières initiatives l’ont justifié : déclarations sans ambiguïté sur les prières de rues musulmanes considérées comme une occupation, débat sans concession avec l’islamolâtre Mélenchon, tentatives de rapprochement avec la communauté juive et l’ État d’Israël, exclusion de militants nostalgiques qui lèvent le bras vers un passé douteux quand il faut tendre la main à l’ avenir menacé.

Par la suite, le recentrage à gauche que vous semblez vouloir imprimer au FN a intéressé les uns et dérouté les autres, mais là n’est pas l’essentiel. L’adhésion à votre formation est d’abord motivée par le désespoir d’une partie croissante du peuple devant la disparition programmée de la France, et ceux qui comme moi ont une sensibilité de droite sont prêts à s’accommoder d’une orientation raisonnablement différente dès lors qu’elle préserve l’essentiel à leurs yeux : l’identité de notre nation.

Or à cet égard, après un début sans faute, votre discours a semblé évoluer au fil des mois au point que j’estime devoir vous demander des explications.

Le 7 juin, le site Nations Presse Infos publiait un étonnant article dans lequel on apprenait qu’une musulmane voilée et pratiquante (« je fais mes prières et le ramadan ») avait pris sa carte au Front National sans que cela semble poser de problème, au contraire.

http://www.nationspresse.info/?p=135408

Le 23 juin suivant, la perplexité de nombre d’entre nous n’a pu qu’augmenter après votre prestation télévisée sur France 2 au cours de laquelle vous n’aviez dit mot de l’islam pendant deux heures, et je m’en étais ouvert aussitôt dans nos colonnes.

http://ripostelaique.com/marine-le-pen-va-t-elle-virer-sa-cuti-sur-lislam.html

Aujourd’hui hélas la perplexité se transforme en inquiétude après la parution dans l’hebdomadaire « Le Point » de cette semaine, d’un article intitulé « les musulmans de Le Pen ». Où l’on apprend que dans les Bouches du Rhône, une structure dite Alliance Républicaine Éthique (ARE) a été créée conjointement par Stéphane Durbec, conseiller régional FN, et Omar Djellil, responsable de la mosquée Al Taqwa, la plus grande de Marseille. Objectif : explorer « l’idée d’un rapprochement possible entre le FN et les citoyens français issus de la diversité ». C’est sans doute pour favoriser ce rapprochement que Durbec propose un « retrait du recours judiciaire déposé par le FN contre le projet marseillais (de grande mosquée), afin de « donner un signe d’ouverture montrant que nous ne sommes pas hostiles aux mosquées », et que Jean Marie Le Pen, l’ encore président d’honneur du FN dit : « oui à la grande mosquée de Marseille aux conditions de d’Omar Djellil » c’est-à-dire pas de dimension cathédrale et pas de minarets (pour commencer ?).

Certes vous avez, poursuit l’article, convoqué sèchement M. Durbec pour lui signifier votre opposition à l’ARE. Mais ce serait parce qu’elle fait de la concurrence à une autre structure envisagée par Louis Alliot avec le même objectif et intitulée « Cercle des patriotes musulmans ».

Benoit Girard, professeur d’histoire-géographie présenté comme l’un des rédacteurs de votre programme sur l’ Éducation Nationale, conclut : « taper sur l’islam et les musulmans, c’est entretenir de faux débats qui ne font que préserver le système ».

Cette ambiguïté du discours sur l’Islam dément l’évolution du Front National par rapport à l’époque de Jean-Marie le Pen, car elle ne fait que confirmer en l’amplifiant, l’ambiguïté de l’ancien président. Il n’est que de se souvenir de sa bienveillance affichée à l’égard de l’Irak de Saddam Hussein et de la république islamique d’Iran. Et surtout de son inoubliable déclaration selon laquelle les cinq piliers de l’islam sont compatibles avec le mode de vie français, qui faut-il le rappeler découle entre autres de la laïcité.

Compatible avec la laïcité l’obligation de prier cinq fois par jour en quelque lieu qu’on se trouve, y compris dans l’espace public, et en cessant le travail si nécessaire ?

Compatible avec la laïcité l’obligation de faire le ramadan, qui suppose une réorganisation de toute la vie économique et sociale pendant un mois afin de permettre cette pratique stupide ?

Compatible avec la laïcité l’obligation de « l’aumône » qui n’est en réalité qu’un impôt déguisé perçu par la communauté ?

Et comment ne pas voir que les musulmans cherchent à investir le FN comme ils l’ont fait avec tous les autres partis parce que cette idéologie est d’un extraordinaire prosélytisme, et n’entend laisser aucun secteur de la société hors de son influence ? Leur modération affichée quand ils sont minoritaires est conforme à la taqya, cette stratégie de la conquête à petits pas qui est à l’islam ce que le léninisme était au communisme (allez donc voir en Tunisie, en Égypte, et demain en Libye).

Madame Le Pen, vous avez maintes fois déclaré que désormais votre parti veut le pouvoir. Mais dans quel but ? Allez-vous imiter feu le RPR, qui après avoir combattu l’immigrationisme fanatique de la gauche a fini par aller à la soupe électorale musulmane ? Allez-vous, comme je me le demandais dans mon article du 27 juin, emprunter la voie de l’Alliance Nationale en Italie ? Ce parti a suivi une trajectoire voisine du FN pour finir lui aussi par se rallier à la bien-pensance avec son chef Gianfranco Fini, et dans mon article du 27 juin je me demandais si Marine Le Pen allait être la Fini française.

Madame, des millions de Français sont désespérés de voir tout le personnel politique sacrifier l’âme de la France sur l’autel de son ambition politique. Si le dernier espoir que vous incarnez pour eux était à son tour trahi, la France entrerait dans une des pires périodes de son histoire. Il est encore temps de contrarier ce destin indigne d’elle.

Recevez, Madame, l’expression de mes sentiments patriotiques les plus vigilants.

Jean de la Valette

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