Interviewé par Robert Ménard, ce jeudi, sur Sud Radio, Pierre Cassen, parlant des dignitaires musulmans qui, en France, réussissaient l’exploit de défendre la liberté d’expression tout en cherchant à réintroduire le délit de blasphème, termina l’entretien en les qualifiant de “faux-culs”, terme repris d’ailleurs apparemment avec plaisir par Robert Ménard.
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Notre rédacteur, en parlant des faux-culs, aurait pu ajouter tous ces dirigeants d’associations laïques, qui, pratiquant un incroyable relativisme, renvoient dos-à-dos, dans leurs communiqués, l’incendie de Charlie Hebdo et les manifestations d’intégristes chrétiens, comme si la destruction d’un journal par le feu se situait, à présent, au même niveau que des manifestations qui, à notre connaissance, n’ont endommagé aucun local.
Il aurait pu évoquer tous les lieux communs énoncés, comme à chaque fois que les disciples de la religion d’amour et de paix se distinguent en posant des bombes ou en essayant de rééduquer à leur façon les Juifs, les homosexuels, les mécréants et les chrétiens :
– L’islam n’a rien à voir avec ces horreurs !
– Attention aux amalgames, pas de stigmatisation !
– 98 % des musulmans sont des êtres paisibles appelant la laïcité de leurs voeux !
– Il faut encore plus d’islam de France, encore plus de mosquées !
– C’est peut-être un coup du Mossad ou de l’extrême droite !
Mais c’est au sujet du référendum grec que nous assistons à un numéro grandiose, de la part de tous ceux qui commencent à nous dire que, certes, il est légitime de demander l’avis du peuple grec… mais qu’il ne faut pas le faire, malgré tout ! Il y a une semaine, Sarkozy nous expliquait que, grâce à l’accord trouvé avec Angela Merkel et les dix-sept, l’euro était sauvé, et par là-même, l’équilibre de l’Union européenne et même du monde l’était ! Naturellement, il y a une semaine, le scenario vendu par le chef de l’Etat était présenté comme le seul possible, excluant de fait la sortie de la zone euro par la Grèce.
Rappelons qu’à l’issue de cette émission, sur la deuxième chaîne, un plateau réunissait Manuel Valls, Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen, Valérie Pécresse et l’économiste François Lenglet. Ce dernier avait osé prendre le contre-pied de l’optimisme général des dirigeants de l’UMP et du PS. D’abord, il avait montré un grand scepticisme sur la solidité et la viabilité de cet accord, et, surtout, il avait affirmé que les Grecs, aujourd’hui, avaient intérêt à sortir de l’euro. Il avait été aussitôt tancé par Manuel Valls en personne, qui, d’un air très inquisiteur, avait expliqué au journaliste qu’on ne pouvait tenir des propos aussi irresponsables.
Ce qui est extraordinaire avec les socialistes, c’est qu’on ne s’ennuie jamais, et qu’ils prennent un malin plaisir à détricoter les scénarios qui paraissent écrits d’avance. Ainsi, Dominique Strauss-Kahn était-il annoncé comme le futur candidat socialiste, et même comme le Président de la République que la France attendait… Patatras, Madame Diallo est passée par là… Ainsi, Papandréou avait-il, jusqu’à ce jour, cautionné la politique du FMI et de l’Union Européenne, avalé toutes les couleuvres, entendu toutes les insultes de son peuple et de son opposition, oublié juste de demander l’avis des électeurs, donné son accord au plan Sarkozy-Merkel, le défendant mordicus dans les jours suivants, et qui, soudainement, annonce qu’il va demander un référendum. Aussitôt, panique à bord ! Les hommes politiques français de droite se déchaînent contre le premier ministre grec. On explique que ces salauds de Grecs vont couler l’économie mondiale et ruiner les Français. Pour un peu, ce n’est pas “A Berlin” qu’on va faire crier dans la rue, mais “A Athènes”. Papandréou est convoqué comme un vulgaire valet de chambre pris en faute. Merkel et Sarkozy lui précisent même la question qu’il a le droit de poser, et celle qu’il ne doit pas poser !
On aurait pourtant pu penser que les socialistes auraient été les premiers à soutenir l’idée de leur camarade grec. François Hollande, surnommé Flanby par Montebourg, largement en tête dans les sondages, a dit pis que pendre du plan Sarkozy-Merkel, parfois avec pertinence, sur le rôle futur de la Chine, souvent de manière inquiétante en nous vendant la litanie “Encore plus d’Europe”. Mais au moins, les socialistes français s’opposaient à ce plan. Comme d’autre part, galvanisés par la réussite de leurs primaires (en fonction des critères de la rue de Solférino, repris par tous les médias, 4,5 % de votants, c’est un raz-de-marée démocratique), ils déclamaient à qui mieux mieux qu’il fallait que Sarkozy entende que notre peuple avait soif de démocratie. En voilà une occasion qu’elle était bonne de piéger le Président de la République, et pour mettre en pratique les belles paroles qu’ils tenaient. Dans les faits, cela a été un peu plus compliqué. Cela donnait ceci.
– Martine Aubry, vous êtes la première secrétaire du PS, vous pensez quoi du référendum grec ?
– Bah, euh, c’est pas moi la candidate, c’est François…
– François Hollande, vous êtes le candidat socialiste, vous pensez quoi du référendum grec ?
– Bah, euh, je ne suis ni pour ni contre, faut voir…
– Pierre Moscovici, vous êtes le Monsieur Europe du PS; vous pensez quoi du référendum grec ?
– Bah, euh, le problème n’est pas le référendum grec, le problème est de sauver l’Europe, ce que Merkel et Sarkozy sont incapables de faire ! Il faut donc que les socialistes gouvernent l’Europe, pour davantage de fédéralisme !
Il est vrai que les camarades se souviennent sans doute qu’ils avaient eu la brillante idée, en 2005 de demander à Chirac un référendum sur le traité européen, convaincu que ce dernier refuserait. Et que, comme le disait Strauss-Kahn, ce dernier avait eu la connerie de le leur accorder ! Cela avait été un peu ennuyeux, car les Français n’avaient pas voté comme il fallait ! Il avait fallu promettre, après cette catastrophe, lors de la présidentielle 2007, qu’on revoterait par référendum… pour finalement soutenir piteusement Sarkozy, et l’aider, en 2008, à contourner le peuple français en adoptant le traité de Lisbonne !
Le bal des faux-culs va donc continuer. A l’heure où ces lignes sont écrites, le référendum grec paraît avoir du plomb dans l’aile, Papandréou paraît prêt à le retirer, et à aller vers un gouvernement d’union nationale. Mais les citoyens grecs, français et européens auront en tout cas eu la confirmation d’une chose : pour leurs dirigeants, l’Europe est une chose trop importante pour qu’on demande l’avis des peuples, et, sur cette question, UMP et socialistes sont au diapason.
Cela n’empêchera pas, sans vergogne, Flanby et ses copains, dopés par des sondages étonnants, de faire campagne en parlant des États-Nations, et d’un peuple de France qui a besoin qu’on lui demande son avis…
Dans une scène mémorable des “Tontons flingueurs”, Lino Ventura, sur un dialogue de Michel Audiard, avait cette réplique inoubliable : “Les cons, cela ose tout, c’est à cela qu’on les reconnaît !”
Les faux culs aussi !
Lucette Jeanpierre