L’intéressant parcours de Jean-Christophe Cambadélis

cambadelis-et-desir« Je devais redoubler, cela me faisait suer », a confié non sans cynisme Jean-Christophe Cambadélis quand a été mis en doute son parcours universitaire. Intéressante argumentation de la part d’un donneur de leçon comme en produit en série le PS.

J’espère que de nombreux écoliers, collégiens, lycéens, étudiants reprendront cet argument.

Ils pourront également demander pour le Brevet, le Bac, le Master, une dérogation pour « compétence acquise », comme M. Cambadélis. Toutefois pour l’obtenir, il sera nécessaire qu’ils aient milité dans des partis gauchistes, ceux qui ont façonné l’« élite » politique qui dirige si bien le pays.

Ensuite, ils passeront une thèse bidon validée par des membres du parti gauchiste dont ils sont adhérents. Enfin, ils émigreront vers le PS et feront carrière.

Le parcours de M Cambadélis est un exemple à suivre.

A l’ombre de Jean-Jacques Fol

« J’ai bénéficié d’une dérogation pour ” compétences acquises ” signée par le président de l’université de Jussieu, Jean-Jacques Fol, afin de passer de la licence à la maîtrise alors que je n’avais pas validé toutes mes matières. »

Jean-Jacques Fol (1930 – 1988) donc. L’homme eut un parcours très intéressant.

Fin 1953, il est instituteur au centre psycho-pédagogique de Senlis, puis dans la 13e circonscription de la Seine. Après trois ans au lycée franco-finlandais, il part sévir à Madagascar notamment au lycée Rabearivelo à Tananarive.

Il obtient une thèse de haut niveau (« Petsamo, 1918-1944 »),[1] puisqu’il la passe en 1968, année où tout et n’importe quoi faisait figure de travail universitaire.

Fol commence alors une carrière dans l’enseignement supérieur comme maître assistant à l’université du Bénin à Lomé, au Togo.

En 1972, il rentre en Métropole pour assurer la même fonction à l’université Paris VII-Jussieu jusqu’en 1978, date à laquelle il accède à la fonction de maître de conférences, avant d’accéder au rang de professeur des universités en 1979. Il passe vice-président de l’université Paris VII-Jussieu, puis président de l’établissement de 1982 à 1987.

C’est sous sa présidence, en 1985, que Cambadélis passe sa thèse.

Une OCI connection au cœur de l’université française ?

Le directeur de cette dernière est Pierre Fougeyrollas (1922 – 2008), sociologue et anthropologue enseignant à Paris VII-Jussieu.

Fougeyrollas a été remarqué par son nationalisme africain radical, mais ses prises de position lors des événements de 1968 au Sénégal l’éloignent de Senghor dont il était un proche.

En 1974, il adhère au groupe trotskiste de l’OCI (Organisation Communiste Internationaliste) et rédige avec Pierre Lambert, le dirigeant de l’organisation, l’Introduction à l’étude du Marxisme.

Christophe Cambadélis a commencé à militer au sein de l’OCI dans les années 1970.

L’actuel secrétaire du PS rompt avec l’organisation trotskiste en 1986 pour rejoindre les socialistes.

Un jury de thèse particulier

La thèse de Cambadélis ne porte pas sur « les mouvement sociaux sous la Ve République » comme il est souvent écrit, mais s’intitule « Bonapartisme et néocorporatisme sous la Ve République ». Il s’agit, selon Mauduit[2], d’un travail tapé à la machine par l’assistante de Cambadélis reprenant des passages entiers de publications de l’OCI, et notamment de son organe théorique, La Vérité, et de son hebdomadaire Informations ouvrières.

Cambadélis obtient son doctorat « haut la main ».

Faut-il attribuer cette brillance intellectuelle au fait que le jury compte deux de ses proches, Pierre Fougeyrollas et Gérard Namer, professeur de sociologie et universitaire socialiste avec lequel Cambadélis vient de créer des sections Force ouvrière dans l’enseignement supérieur ?

Est-ce que la dégradation actuelle (peut être volontaire – ce qui ne saurait être écarté quand on connaît la mentalité des groupuscules trotskistes –) de notre système universitaire, l’état de déliquescence de notre enseignement en France, ne s’expliquerait pas aussi par le caractère factice des diplômes obtenus par nos « élites ?

Marcus Graven

[1] Petsamo : région du nord-ouest de la Russie, attribuée à la Finlande en 1920, puis récupérée par la Russie alors URSS en 1944

[2] Laurent Mauduit « À tous ceux qui ne se résignent pas à la débâcle qui vient »

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