L’intervention française au Mali n’a rien réglé du tout

Document de 2013

Isabelle Lasserre, que je considère comme une des meilleures spécialistes de la géopolitique du moment, fine connaisseuse des crises actuelles et des questions militaires, nous rappelle qu’au Sahel la lutte contre les jihadistes est loin d’être terminée.

On se souvient qu’en février 2013, François Hollande débarquait au Mali en héros et déclarait vivre “la journée la plus importante de sa vie politique”.

Certes, ce n’était pas le général Douglas MacArthur  signant la reddition du Japon, mais il savourait le succès de l’opération “Serval” et les acclamations d’une foule en liesse.

Car répétons-le, cette opération fut menée avec un brio salué dans le monde entier, bluffant même les grands chefs de l’orgueilleuse armée américaine.

“Serval est l’opération militaire occidentale la plus réussie depuis la crise de Suez” dit un diplomate très au fait des affaires militaires.

Décision politique courageuse et rapide.

Envol des avions de chasse pour bloquer la colonne de jihadistes venus du Nord et fondant sur Bamako à bord de leurs pick-up.

Largage de parachutistes pour barrer la route du Nord aux rebelles en repli.

Puis traque des jihadistes dans un climat torride des plus éprouvants.

Ces premières heures furent décisives pour empêcher la chute du Mali aux mains des islamistes et sauver des milliers de résidents français et franco-maliens.

La reconquête du Nord-Mali permit de libérer Gao, Kidal et Tombouctou.

Mais cinq ans plus tard, insécurité et terrorisme islamique se propagent à nouveau, malgré la présence des soldats français de l’opération “Barkhane” et des 11000 Casques bleus.

L’installation d’Ibrahim Boubacar  Keita au pouvoir, ami de François Hollande, s’avère être une erreur majeure.

Corruption, arrogance et mépris envers les peuples du Nord sont la norme.

“MBK au Mali, c’est Hamid Karzaï en Afghanistan” dit un ancien diplomate.

Où passent les centaines de millions d’aides internationales qui pleuvent sur Bamako, sans contrepartie ni contrôle ? Mystère.

La France donne le sentiment de soutenir la corruption et la gabegie au plus haut niveau de l’Etat malien.

Etat qui a totalement disparu au Nord  Mali, pendant que le chaos s’installe au Centre. Partout c’est la peur, le retour des violences et des règlements du comptes.

Les islamistes progressent sur l’insécurité, les rivalités entre communautés, la pauvreté, l’incurie des dirigeants et la corruption généralisée.

Pas étonnant que l’armée française soit désormais considérée comme une armée d’occupation à la solde d’un pouvoir corrompu.

L’Algérie pratique un double jeu, tout comme le fait le Pakistan avec les Occidentaux en Afghanistan, en offrant un sanctuaire aux talibans.

Alger lutte officiellement contre le terrorisme tout en servant de base arrière aux islamistes d’Al Qaida et ses branches affiliées.

Le terrorisme gagne le Niger et le Burkina-Faso.

A ce rythme, les pays du Sahel vont tomber comme des dominos.

On a vu qu’en Centrafrique, le pouvoir ne contrôle plus que la capitale, Bangui, le pays se déchirant entre chrétiens et musulmans, malgré l’opération Sangaris, 7ème opération française en RCA depuis 1960.

Bamako, Niamey et Ouagadougou sont sur la même pente qui mène au chaos.

La France s’enlise au Sahel et ce ne sont pas les troupes du G5 Sahel ( Mauritanie, Niger, Burkina-Faso, Mali et Tchad ) qui vont modifier la donne.

Au Mali, la paix s’éloigne de jour en jour, Nord et Sud ne partageant rien en commun. Les fractures ethniques sont  séculaires.

Comment développer l’Afrique dans ces conditions ? Ce continent régresse depuis plus d’un demi-siècle.

Entre la corruption, les guerres, les rivalités ethniques, l’insécurité, la mauvaise gouvernance et la gestion clanique, l’Afrique indépendante est devenue un épouvantail à investisseurs.

Les guerres en Afrique ont englouti la totalité des aides internationales.

Une étude de l’ONG Oxfam avait chiffré à 300 milliards de dollars le coût des guerres africaines entre 1990 et 2005.

Et que dire de l’explosion démographique alors que le PIB ne suit pas ?

300 millions d’habitants en 1960

1 milliard en 2018

2 milliards en 2050 ?

Paix impossible = développement impossible = émigration vers l’Europe.

Comparée au torrent migratoire qui nous attend, l’immigration actuelle n’est qu’un minuscule ruisseau…

Il n’y a aucune illusion à avoir avec les irresponsables qui nous gouvernent et qui refusent toute politique de fermeté envers les clandestins dont 95% restent en France.

L’Europe fonce tout droit vers le chaos racial et les conflits interconfessionnels.

A terme, l’immigration de masse de déshérités, dont beaucoup sont illettrés, va engloutir la plus grosse partie du budget social.

Tout notre modèle social, acquis de haute lutte au cours du 20ème siècle, va s’effondrer dans les années qui viennent.

Rappelons que la moitié des paysans vivent avec moins de 350 euros par mois, pendant qu’un seul mineur isolé coûte au contribuable 50 000 euros par an.

Le coût annuel d’un mineur isolé représente  12 années de travail d’un paysan !

Qui ose dénoncer cette ignominie ? Personne !

Et la France a accueilli plus de 20 000 mineurs isolés en 2017, un chiffre qui explose. Et sans compter les centaines de milliers d’adultes qui se  pressent aux frontières et qui ne repartiront jamais.

Qui peut croire que la France va résister à un tel choc financier alors que nous avons 2200 milliards de dettes, chiffre  en constante augmentation ?

La faillite est pour bientôt.

Jacques Guillemain