LREM : Le Gendre flingue ses potes députés, Schiappa poignarde Buzyn

Il paraît que je fais partie des détracteurs compulsifs de LREM, que je passe mon temps à tirer à boulets rouges sur le gouvernement, le parti de la majorité, les personnalités qui soutiennent tout cela. Mais désormais, mes collègues détracteurs du pouvoir et moi-même, risquons le chômage, et pas forcément partiel : plus besoin de les conspuer, ils s’en chargent eux-mêmes !

L’autre jour, une note confidentielle fuitait, elle émanait de Gilles Le Gendre, président du groupe LREM à l’Assemblée, qui délivrait à Macron en personne ses desiderata concernant un remaniement ministériel. Selon l’autoproclamé “très intelligent” cadre du parti, il faut arrêter avec Édouard Philippe, trop raide et trop à droite, et le remplacer par Le Drian ou Le Maire : car, précise-t-il, personne parmi les députés n’aurait l’envergure… C’est bon à savoir, surtout quand cela vient du chef. De même, il se verrait bien lui-même ministre des Relations avec le Parlement, et prône un retour de Valls, comme ministre des Affaires étrangères : je ne sais même pas si une telle éventualité arrangerait nos relations avec l’Espagne, en tout cas le “très intelligent” député n’a pas perçu les risques de guéguerre des chefs, pourtant assez évidente, que cette nomination ne manquerait pas de déclencher dans la majorité.

Monsieur Le Gendre est très intelligent, toujours selon lui, mais cela ne l’empêche pas de laisser fuiter ses correspondances personnelles, et de déclencher ainsi l’ire des députés qu’il représente. Au sein du groupe LREM qu’il préside, c’est la curée contre lui, que peu soutenaient déjà en réalité. On réclame sa tête, en haut lieu.
Et on sera probablement écouté, car LREM, qui vient de perdre la majorité absolue, est en crise : des députés unis derrière Aurélien Taché ont quitté le groupe majoritaire, en se réclamant de l’écologie et du social. Façon de dire que ce gouvernement ne représentait pas ces idées comme il le faudrait… LREM ne peut se permettre de nouvelles défections, et Legendre concentre les rancœurs sur son nom.

Aujourd’hui, c’est Marlène Schiappa qui vient de torpiller la candidature déjà en détresse de madame Buzyn. “Plus personne ne croit qu’Agnès Buzyn sera élue maire de Paris”, vient de déclarer la ministre, par ailleurs deuxième sur la liste de la candidate LREM. Bonjour la confiance, et l’ambiance à la section LREM de Paris… Pour Schiappa, inutile de faire campagne dans la plupart des quartiers, c’est perdu d’avance, c’est comme “vouloir vendre des airPods à des sourds” a-t-elle dit à propos de la circonscription de la porte de Vanves. Il faut juste sauver les meubles dans les quartiers bobos où il reste une chance de gagner. Tout est dit, en peu de mots : LREM est un parti de bobos détesté dans les quartiers populaires, madame Buzyn est une mauvaise candidate, dont elle-même a dit qu’elle se maintenait pour défendre son honneur : mais est-ce le rôle d’une candidature à la mairie de Paris ? La vie des Parisiens passe donc au second plan aux yeux d’une candidate centrée sur les nombreuses casseroles qu’elle traîne ? En tout cas, ceux qui s’apprêtaient à voter pour des listes LREM à Paris feraient bien de se reporter sur d’autres, les candidats eux-mêmes ne veulent pas de leur voix…

On en apprend de belles, rien qu’à écouter les gens de LREM. Le parti de la majorité ressemble de plus en plus au radeau de la Méduse, un radeau que beaucoup semblent vouloir quitter au plus vite. Ça sent le sapin pour la majorité, c’est panique à bord, sauve qui peut. Et ça ne fait que commencer : nous verrons la suite dans quelques semaines, quand la cerise se fera vraiment sentir, quand les attaques contre la gestion de la pandémie mettront le pouvoir en difficulté…

Olivier Piacentini