Macron, homme du XVIIIe siècle au 3e millénaire…
Le dernier discours d’Emmanuel Macron démontre qu’il n’est pas de notre époque. C’est un homme du passé, un homme du XVIIIe siècle égaré au 3e millénaire. Tout, de son discours à ses attitudes, témoigne chez lui de sa nostalgie des modèles des tyrans éclairés du XVIIIe siècle.
Sa posture de rationaliste qui sait mieux que quiconque dénote chez lui cette certitude. Celle qu’il existe une élite qui sait avec les autres ignorants. Il sait, mais il sait avec certitude, tout comme le physicien des XVII et XVIIIe siècles pouvait être un mécaniste sûr de sa science. Il y a chez Macron cette culture rétrograde selon laquelle les élites savent et peuvent déterminer l’avenir en étant sûrs de leur choix. Il est dans la nostalgie de ces tyrans éclairés qu’on ne contredit pas, parce qu’ils ont la même supériorité que l’ingénieur qui organise sa chaîne de fabrication et qui oblige les ouvriers à exécuter des tâches. Lui sait. Les autres exécutent.
Son vocabulaire transpire ce sentiment de supériorité de ces hommes de science du XVIIIe siècle, souvent très immodestes, qui pensaient avoir raison sur tout. Le déterminisme régnait en maître dans les esprits de cette époque. Les statistiques naissantes permettaient de prédire avec certitude l’état des populations et il s’agissait de décider en toute bonne raison. Mais ce vocabulaire du scientifique apathique, dénué de tout sentiment humain, l’amène à cette arrogance détestable. Lui, le tyran éclairé, impose aux ignorants, pour leur bien, pour un bien futur. Je n’ai pas à plaire au peuple, pense-t-il, jusqu’à l’affirmer, comme si la relation du tyran avec les populations était l’exercice de l’autorité ou la seule alternative de la séduction démagogique. Dans ces propos, Macron ne se met jamais sur un pied d’égalité. Impossible.
Ses discours, et celui-ci en particulier, ne sont qu’une succession de jugements. Il juge les autres, la foule troublante, les syndicats inaptes, etc. Il est intrinsèquement supérieur, habilité à juger autrui. À tel point que son vice de supériorité, il ne peut s’en empêcher avec des égaux. N’aurait-il pas dit à Zelensky qu’il devait devenir homme d’État après avoir été homme de guerre ? Nombre de journalistes n’en ont pas cru leurs oreilles. Outrecuidance, inconscience, vanité… N’a-t-il pas fait la leçon au président de la République du Congo, se faisant rabrouer sévèrement à juste titre ? Le tyran se croit au-dessus de tous, apte à juger en toute circonstance, tout le monde, tout le temps, sauf lui-même.
Mais le corollaire de cette position du maître qui juge tout le monde, c’est que le tyran n’a jamais tort. Il est la science au pouvoir. Donc, lui ne se trompe jamais. La faute est toujours chez l’autre. C’est bien pourquoi toute la Macronie aime tant discréditer ses opposants. On dévalue, on insulte et surtout on n’écoute pas, on n’entend pas, ni des hommes de science reconnus mondialement, ni les gens qui savent ce qu’ils vivent. Son discours manifeste cette complaisance personnelle et son autosatisfaction permanente.
Or, tout cela appartient au XVIIIe siècle. Avec l’abus d’autorité, la stupidité progressive du tyran l’enferme dans ses petites certitudes alors que le monde est complexe et que l’enjeu est d’entraîner les autres avec soi. Visiblement, Macron n’a pas été l’élève de Ricœur, quoi qu’il en dise, parce que le philosophe enseignait la modestie et la science de l’interprétation, soit la pluralité des points de vue. Visiblement Macron a raté quelques révolutions scientifiques des XIX et XXe siècles qui rendent plus modeste, plus humble. Nous savons aujourd’hui que nous ne pouvons pas déterminer, prévoir avec certitude. Les sciences sociales nous ont appris tant de choses sur la motivation, le désir, l’exercice du pouvoir dans des mondes d’une grande complexité. Visiblement, Macron n’a rien entendu de la dynamique des groupes, de la considération ou de la reconnaissance.
Bref, Macron semble, comme beaucoup de ces congénères hauts fonctionnaires, arrêté en ce XVIIIe siècle. Le technocrate croit encore en la planification, dans l’omniprésence de l’État, dans le pouvoir des normes, etc. Il est tout entier un homme d’un lointain passé intellectuel. Le progressiste est un malheureux scientiste qui sert les intérêts des mêmes scientistes de laboratoires qui ont exigé de lui d’obtenir le droit de faire des chimères humaines et animales, de se bercer d’illusion avec des milliards engloutis dans les mirages de l’intelligence artificielle dont le seul but est l’administration totalitaire et le contrôle social généralisé ; le rêve panoptique de Bentham, un autre tyran fou du XVIIIe siècle, qui rêvait de ces prisons où, d’un point central, l’on voyait toutes les cellules pour mieux surveiller les populations.
Son usage pathétique, pour ne pas dire toxique de la Ve République montre de plus que la France a accepté une monarchie républicaine parce que les hommes qui occupaient la fonction n’en ont pas trop abusé. Pourtant, et nous en avons la preuve, la Ve République, mais la République tout entière n’a rien à voir avec l’idéal démocratique où le peuple se gouverne par lui-même. Macron est bien un homme du passé, solitaire, autoritaire, inapte au dialogue, incapable d’échanger d’égal à égal ; et on se souvient de ses monologues épuisants et insipides à la Castro, lors de ses journées en provinces, après les Gilets jaunes.
Il est temps de liquider ces institutions dangereuses pour nous tous, il est temps de ne plus rien confier à des élus qui se croient trop vite en droit de décider ou de diriger contre les populations, sans leur avis, sans leur assentiment, sans leur contribution et leurs idées. La France est malade de son esprit technocratique, de ses experts qui parlent sans jamais supporter la contradiction. Et les plateaux de télévision regorgent de ce type de complices du tyran. Je pense en particulier à quelques fous furieux qui s’agitent et agonisent de sottises quiconque interroge leur science incontestable : Jancovici et Alexandre en tête. Il est temps d’apprendre à écouter, il est temps d’aimer son prochain, il est temps de construire ensemble. Mais pour cela, il faudrait que nous soyons désireux de nous respecter. Je crois malheureusement que notre Président ouvre la voix à d’autres petits tyrans. Pourtant, le XVIIIe siècle est loin ; cela montre que l’Occident régresse.
Pierre-Antoine Pontoizeau