Macron, Stora, Aphatie : les héritiers des porteurs de valises

Le 29 janvier 2020

Honte à vous, monsieur le président !

« Monsieur le président / Je vous fais une lettre/

                Que vous lirez peut-être/ Si vous avez le temps… »                   (Boris Vian : « Le déserteur »)

 

Cette « lettre ouverte » s’adresse à Emmanuel Macron, pour lui dire, entre autres, qu’avec un Chef des Armées tel que lui, je déserterais si la France devait avoir à se battre un jour.

Mais je veux également lui dire mon envie de déserter ce pays, Mon pays, dont il a fait une pétaudière, un « land » européen, où l’on confine le Franchouillard de souche, tandis qu’une faune allogène continue ses trafics dans des zones de non-droit où la police n’ose plus s’aventurer.

Lui dire, enfin, qu’en chargeant Benjamin Stora d’une mission de « réconciliation »  entre la France et l’Algérie, il a ouvert la boîte de Pandore et jeté du sel sur une plaie encore à vif, dans le seul but de s’attirer les suffrages des Franco-algériens (je devrais écrire Algéro-français car ils se sentent, d’abord Algériens) ; Français par les hasards du « Jus solis » (1) ; Français qui ne manquent pas une occasion d’afficher leur mépris, voire leur haine, pour leur pays d’accueil, l’Etat colonisateur honni; Français un peu… masochistes car on se demande pourquoi ils ne vont pas vivre en Algérie.

Mais cette lettre peut s’adresser également aux présidents de la plupart des associations patriotiques ou militaires : certains ont accueilli le « Rapport Stora » avec un silence gêné, d’autres  ont trouvé l’initiative « intéressante », d’autres ont demandé à leurs ouailles de se garder de toute critique envers  Emmanuel Macron, d’autres enfin ont applaudi au nom de la « repentance ».

Je m’attendais  à une levée de boucliers, à une indignation aussi bruyante que légitime.

Par lâcheté, veulerie, carriérisme, opportunisme, esprit de collaboration(2), complicité ou, tout  bêtement, inculture crasse ou imbécilité chronique,  les chefs  gaulois ont préféré baisser leurs braies plutôt que de lever leurs boucliers. Ils n’ont plus peur que le ciel leur tombe sur la tête puisqu’ils ont adopté la politique de l’autruche : la tête dans le sable et le cul à l’air, prêt à recevoir les derniers outrages. (Vous me direz que c’est très « tendance », mais ce n’est pas une raison !)

Et pourtant, à quoi devait-on s’attendre de la part de Stora ? Il suffisait de lire (certains de) ses livres. Je dois d’ailleurs lui reconnaître un mérite : lui, au moins, a choisi son camp !

Il est bon de savoir qui est précisément Benjamin Stora : c’est un Séfarade, né le 2 décembre 1950, à Constantine (Algérie). De 1968 à 1984, il était membre du groupe trotskiste « Alliance des jeunes pour le Socialisme », satellite  de l’Organisation Communiste Internationaliste(OCI), dirigée par Pierre Lambert. En 1971, il assistait à la scission de l’UNEF. Il a fait partie du comité directeur de l’OCI de 1977 à 1984. (Il en était même permanent). En 1978, il consacrait une biographie au nationaliste algérien et leader indépendantiste Messali Hadj (fondateur du Mouvement National Algérien), qui a été proche des trotskystes français. Avec l’ensemble du secteur jeunesse de l’OCI, Benjamin Stora rejoint le parti socialiste en 1985. En 2012, il a soutenu François Hollande, qu’il lui est arrivé de conseiller. Ces liens ont contribué à la reconnaissance en 2012, par la République française, du pseudo massacre du 17 octobre 1961 perpétré par la police sur des manifestants algériens, répondant à l’appel du FLN, en plein cœur de Paris(3). En 2011, le candidat François Hollande avait participé à une commémoration, sur le pont de Clichy, en sa présence.

Voilà donc un personnage peu suspect de sympathie pour l’Algérie française…

Emmanuel Macron n’a pas choisi Benjamin Stora par hasard. D’ailleurs, ce rapport honteux était à peine publié que, déjà, les journaleux « collabos »  donnaient de la voix.

La palme d’or de la félonie revient à Apathie, ce basco-béarnais – mitterrandolâtre de la première heure – qui cultive son accent du Sud-ouest (comme Jane Birkin entretient son accent anglais) pour ne pas avouer qu’il est un « Bobo » parisien de la pire espèce. Sentencieux, arrogant, donneur de leçons, ce type est une tête-à-claque tout simplement insupportable. Après ses débuts à « Politis » (extrême gauche), « Libération » (gauche trotskiste), « Le Monde » (gauche marxiste), il s’est recentré en s’embourgeoisant, ce qui est assez classique chez les parvenus.

                                                                                                                                                                             

Archétype de la « gauche-caviar », il est l’un des journalistes les mieux payés de l’audiovisuel.

Monsieur Apathie vient de découvrir des horreurs, ce qui lui permet de piquer de grosses colères (feintes) sur les plateaux télé. Le problème, c’est que même avec un accent à couper au couteau, n’est pas Raimu qui veut !  Ce faux-dur n’impressionne que lui ! D’ailleurs, que nous dit-il ?

Que – primo – le Maréchal Bugeaud a commis des atrocités lors de la conquête de l’Algérie, et que – secundo – le Français colonisateur étant, par nature, un tortionnaire, la France a utilisé du Napalm pour mâter les Moudjahidines de l’ALN. Les Français sont donc des salopards : CQFD !

Diantre ! Cet Apathie, contrairement à la « Grande-duchesse de Gérolstein » d’Offenbach, n’aime pas les militaires ; d’ailleurs, il se vante d’avoir tout fait pour se faire réformer(4).

S’il avait un tant soit peu patriote, il aurait du respect pour le parcours de Bugeaud :

Thomas Robert Bugeaud de La Piconnerie  s’engage à l’âge de 20 ans, en 1804, comme vélite dans les grenadiers de la Garde impériale. Il est promu caporal à Austerlitz et sert ensuite comme sous-lieutenant dans les campagnes de Prusse et de Pologne (1806-1807), il est blessé à la bataille de Pułtusk le 26 décembre 1806. Il combat ensuite en Espagne. Héroïque aux sièges de Lérida, Tortose et Tarragone, il est nommé chef de bataillon en 1811, puis lieutenant-colonel après la bataille d’Ordal (14 septembre 1813) où il met en déroute un régiment anglais. Il est promu colonel à son retour en France. Mis en demi-solde à la Restauration, la colonel Bugeaud revient vers l’Empereur durant les  Cent-Jours.  Rayé des cadres à la seconde Restauration, il se retire dans sa propriété de La Durantie à Lanouaille, en Périgord.  En 1825, il est élu maire d’Excideuil, fonction qu’il occupera jusqu’en 1830.

Puis cet homme d’action reprend du service. Général, il est envoyé en Algérie  (6 juin 1836) avec ordre d’écraser la révolte d’Abdelkader. Il remporte un premier succès à la Sikkak le 6 juillet 1836. Rentré en France, il déplore la conquête de l’Algérie : une « possession onéreuse dont la nation serait bien aise d’être débarrassée ». Bugeaud, lieutenant-général, est cependant nommé gouverneur général de l’Algérie par le ministre Thiers en 1840.

Le jour de son retour à Alger, le 22 février 1841, il adresse une proclamation aux Européens d’Algérie, et une autre à l’armée. Aux uns, il déclare être « l’adversaire de la conquête absolue en raison des moyens humains et financiers qu’elle exigerait », mais ajoute qu’il s’y consacrera désormais tout entier. À l’armée, il dit que son but n’est pas « de faire fuir les Arabes, mais de les soumettre ». Disposant de 100 000 hommes, Bugeaud emploie des méthodes inspirées par son expérience de la guérilla  en Espagne. Il allège le soldat et remplace les voitures par des mulets. Les troupes deviennent des colonnes mobiles ; elles pourchassent les combattants arabes dans  les coins les plus reculés. Cette époque n’était pas à la guerre en dentelle et les méthodes « musclées »  de Bugeaud firent même l’objet d’une interpellation à la Chambre des Pairs. Bugeaud assume tout et déclare : « Je considère que le respect des règles humanitaires fera que la guerre en Afrique risque de se prolonger indéfiniment. ». Bugeaud est un peu le précurseur des « commandos de chasse » mis en œuvre par le général Challe en 1958. Il avait compris qu’on ne peut pas éliminer la guerre, c’est hélas impossible, mais qu’on doit la gagner le plus rapidement possible, pour que les effets  bénéfiques de  la  victoire l’emportent  sur  les  effets  négatifs  de  sacrifices  prolongés.

Je rappelle que l’auteur  de cette vision n’est pas Clausewitz, mais…  Jules César.

Maréchal de France en juillet 1843, il attaque le Maroc, qui aidait  Abdelkader. Le 14 août 1844, les troupes marocaines sont surprises par Bugeaud sur l’oued Isly. La victoire des Français oblige le sultan du Maroc à changer de politique vis-à-vis de la résistance algérienne.

Cette victoire lui vaut le titre de Duc d’Isly.

La préoccupation constante de Bugeaud est d’associer l’armée à la colonisation. « L’armée est tout en Afrique », disait-il ; « elle seule a détruit, elle seule peut édifier. Elle seule a conquis le sol, elle seule le fécondera par la culture et pourra par les grands travaux publics le préparer à recevoir une nombreuse population civile. ».  Il intensifie la colonisation agricole avec la création des bureaux arabes. Il restera toute sa vie fidèle à sa devise « Ense et Aratro ». (par l’épée et par la charrue).

Bugeaud n’était pas un tendre, c’était un soldat et un bâtisseur.

Il repose aux Invalides, comme d’autres de nos grands chefs militaires…                                                   

Signalons, au passage, que les descendants d’Abdelkader continueront  à percevoir pendant des années une confortable pension de l’Etat colonisateur français(5).

Second point qui chagrine et irrite monsieur Apathie: l’utilisation du Napalm en Algérie.

Faisons encore un peu d’histoire : Le Napalm a été inventé en 1942, par l’Université d’Harvard. C’est de l’essence gélifiée, utilisée dans les bombes incendiaires et les lance-flammes.

En 1980, son usage a été interdit (contre les civils) par avenant aux Conventions de Genève.

Il est amusant – si je puis m’exprimer ainsi – de constater que les bombardements sont, pour la « bienpensance »,  tantôt des monstruosités (Guernica), tantôt des moyens pour les démocraties de défendre la liberté. Là, loin de provoquer l’indignation, ils sont justifiés et légitimés.

Le 6 août 1945, un bombardier B-29 piloté par Paul Tibbets, baptisé « Enola Gay » décollait, avec à son bord une bombe atomique d’une puissance de 15 kilotonnes. À 8 h 16, la bombe explose à 587 mètres du sol, au cœur d’Hiroshima. L’explosion, équivalant à… 15 000 tonnes de TNT, rase la ville ; 75 000 personnes sont tuées sur le coup. Trois jours plus tard, le 9 août, le B-29 « Bockscar », largue une autre bombe atomique sur Nagasaki.  Cette seconde bombe était au plutonium, d’une puissance de 21 kilotonnes, différente de celle d’Hiroshima. Le scénario sera moins meurtrier mais 35 000 habitants de Nagasaki  seront tués, encore des civils.

Préalablement, il y eut une longue série de raids sur Tokyo : le 24 mai 1945, 3646 tonnes de bombes incendiaires furent larguées sur la ville. Le dernier bombardement nocturne, dans la nuit du 25 au 26 mai, est mené par 502 avions qui larguent 3 252 tonnes de bombes incendiaires.

Le bilan de ces raids est d’environ 100 000 morts, civils pour la plupart. Ce qui permettra au général Curtis Lemay, un grand humaniste, de faire de l’humour en déclarant : « Les Nippons doivent être brûlés, bouillis ou cuits à mort ». L’efficacité du Napalm n’était plus à démonter. Au nom de la démocratie et « pour la liberté », donc vous aurez compris qu’il serait malvenu, presque incongru, d’oser condamner une telle boucherie.

Souvenons-nous, que la ville de Brest a subi…165 bombardements  de la part des Alliés. Ces bombardements ont fait 965 morts et 740 blessés graves. Le raid aérien sur Royan – le 5 janvier 1945 – a débuté par le largage de plus de 2 000 tonnes de bombes, classiques et incendiaires. Ce raid a totalement détruit la ville et tué plus de 500 victimes civiles (et a fait un millier de blessés). On peut citer aussi le bombardement de Dresde, du 13 au 15 février 1945. Un bombardement de l’US Air Forces et de la RAF, effectué  avec des bombes incendiaires (encore le Napalm !) et des bombes classiques.  L’évaluation du nombre des victimes civiles se situe autour de 35 000 morts (dont 25 000 corps formellement identifiés).

Alors oui, monsieur Apathie, l’aviation française a bien utilisé du Napalm (pudiquement appelé « bidons spéciaux ») en Algérie. C’était une arme de guerre, or on gagne les guerres en s’en donnant les moyens.  Balancer du Napalm sur une Katiba de l’ALN qui se carapate dans le djébel me semble moins choquant, moins scandaleux, mois amoral, que de faire griller des populations civiles.

Grâce au général Challe, la France a gagné militairement la guerre d’Algérie. Juste avant les Accords d’Evian, la rébellion ne comptait plus, sur le sol algérien que 7 à 8 000 combattants réguliers.

Ils avaient  perdu 40% de leur potentiel: une bonne partie de leur armement est inutilisable faute de munitions. En face, 210 000 Algériens combattaient aux côtés de l’armée française; s’y ajoutaient 60 000 Musulmans des groupes d’auto-défense(6).

Et puis, disons, pour conclure, que j’en ai marre des donneurs de leçons de gauche : ils ont adulé Mao-Tsé-Toung (Mao-Zedong), responsable de …60 millions de morts ; Ils ont nié les purges de Staline qui ont fait 10 ou 15 millions de victimes ; ils ont applaudi la libération du Cambodge (et le camarade Pol-Pot qui a tué 2 à 3 millions de Cambodgiens) et ils s’autorisent à critiquer la France, à cracher sur son armée et à entacher ses victoires.

Monsieur Apathie (« Apathie » ou « Aplati » ?), de grâce, oubliez  votre gilet rayé et votre servilité reptilienne de larbin journalistique. Pour une fois – une fois n’est pas coutume – soyez intellectuellement honnête.

Eric de Verdelhan

1)- Cette ineptie qui consiste à nous faire croire qu’une vache née dans une écurie serait un cheval.

2)- Au sens où l’entendait le socialiste Marcel Déat.

3)- En pleine période de conflit, la Wilaya VII, une force ennemie, appelait à une manifestation en plein Paris. N’importe quel pays, aussi démocratique soit-il, aurait envoyé l’armée, pas la police !

4)- « Mon service militaire » de Jean-Michel Apathie ; Biographies et mémoires ; 2019.

5)- la Cour des comptes relève que cette rente était de 1,3 million de francs par an en 1979.

6)- « Les mensonges de la guerre d’Algérie » de Jacques Demougin; Cide; 2005. Ces chiffres sont corroborés, entre autres, par Ph.Tripier « Autopsie de la guerre d’Algérie » France-Empire; 1972.