Malentendu à la 17e chambre : deux héros français fustigés

juge1Gros sur la patate.  Je m’attendais au verdict mais pourtant… il fait mal. Deux héros, héros de la lutte pour la liberté et la dignité de toutes et tous, ont été fustigés : condamnés pénalement. Le symbole est terrible.  Pour moi, il s’agit d’un malentendu, terrible mais en même temps, simple malentendu.

Je m’attendais au verdict. Les juges ont demandé et redemandé à Pierre et Pascal de leur expliquer s’ils pensaient avoir ou pas provoqué à la haine. Là était la question que les juges devaient résoudre. Là seulement. Plusieurs fois, ils ont reposé la question aux « accusés », j’ai senti les juges prêts à écouter.

Mais les réponses étaient décalées, un peu à côté, un peu embrouillées.  « Ce que nous disons est vrai et doit être dit » répondaient Pierre et Pascal et leurs émouvants témoins. Oui mais nous avons l’impression que vous incitez à la haine, demandait la Présidente. Non, répondaient Pierre et Pascal… Qu’est-ce que la haine, quel verbe fallait-il employer dans cette loi, demandait un de leurs avocats ?

Finalement la procureure, tout en rappelant, comme le premier jugement, que la critique d’une religion est légitime, estima qu’il y avait dans les propos une provocation à de la « haine ». J’ai retenu qu’elle a affirmé qu’il y avait des « termes guerriers »… Termes guerriers ! Comment parler d’islam sans employer les propres termes des textes de l’islam qui sont des plus guerriers ?

Est-ce que quiconque, ou quelque bien que ce soit, a été attaqué ou abimé à la suite de propos de Riposte laique ? Je n’en ai jamais entendu parler. Est-ce que quiconque a déclaré, qu’après avoir lu Riposte laique, il avait éprouvé des sentiments haineux envers les musulmans ? Personne à ma connaissance.

18juinChristinepascalPierre Cassen et Pascal Hilout, comme les autres fondateurs de Riposte laique : Christine Tasin, Anne Zélensky, Annie Sugier, Maurice Vidal, et mes excuses à qui j’oublie, sont des héros.  Comme l’homme seul face aux chars de la place Tiananmen, ils font face, quasiment seuls, à un des mouvements les plus violents de l’histoire, celui des combattants dans le sentier d’Allah,  ceux qui clament préférer la mort à la vie …

Grâce à Pierre, Pascal, Brigitte, Christine, ce sont des dizaines de personnes, d’ici et d’outre Méditerranée, qu’aucun journal n’écoutait, qui ont pu faire part de leurs conditions de vie, de leurs expériences tragiques ou instructives, de leur savoir. Des « mécréants/ kuffars » victimes d’un « jihad de voisinage » éreintant, désespérant. Des libres penseurs ou ex-musulmans des pays conquis par l’islam qui nous supplient de défendre nos libertés, afin qu’ils aient une chance de recouvrer ou d’obtenir les leurs un jour…

Cet espace d’expression est dû au seul courage et au dévouement de Pierre, Pascal et les autres.

Mais tout ceci n’était pas le problème que devaient résoudre les juges. Les juges ont une loi et doivent répondre à la question posée par le texte de la loi. Or ce texte pose des problèmes des plus complexes.  En quoi consiste la provocation à la haine, par quel processus et dans quelles conditions la critique d’un texte religieux peut-elle ou pas amener des lecteurs à la haine ? Si dire la vérité d’un texte, le rapporter exactement est la condition d’une reconnaissance d’absence d’incitation à la haine : comment des juges qui ne sont ni orientalistes/islamologues, ni arabisants peuvent-ils apprécier la vérité, l’adéquation des termes utilisés dans des commentaires ? etc.

Habituellement lorsqu’un tribunal doit apprécier des faits selon des connaissances spécialisées qu’il n’a pas, il nomme un ou des experts judiciaires. Or même ce recours-là est délicat lorsqu’un savoir est devenu enjeu de pouvoir, comme l’est devenue la pensée islamique. Pour déterminer quel expert est réellement à la fois compétent dans ce domaine et indépendant, il faudrait que parmi les juges eux-mêmes se trouvent des experts du sujet.

Le talmud prévoit déjà cette situation où un tribunal a besoin de connaissances qui se trouvent être enjeu de pouvoir. A l’époque, les savoirs les plus exposés étaient la science de la traduction et celle de la sorcellerie. Pour les juges juifs d’alors, le tabou sur la sorcellerie était aussi fort que le tabou sur le religieux aujourd’hui pour les juges d’un Etat laïque : honni soit qui y toucherait !  Pourtant, dit le talmud, dans tout sanhédrin (tribunal), il faudra que parmi les juges se trouvent des hommes connaissant les 70 langues des 70 nations de l’époque et … la sorcellerie. Car, explique le talmud, un tribunal doit pouvoir statuer sur les cas de sorcellerie qui lui seraient soumis.

Or quels experts pouvaient dire au tribunal si les termes utilisés étaient légitimement ou outrancièrement guerriers ? Aucun.

Les seuls experts convoqués étaient les pseudos experts de l’antiracisme.  Vous savez : ceux qui sont capables de vous dire que l’islam est compatible avec la démocratie tout en refusant, virginité laïque oblige, à toute incursion dans le domaine « théologique », à toute prise de connaissance de la doctrine islamique. Ceux qui ne savent même pas par exemple que le terme de « théologie » est en soi, dans la vision islamique, un blasphème : car qui peut prétendre avoir un savoir sur dieu, expliquait Si Hamza Boubaker, dans son … « Traité de théologie musulmane ».

Ri7Tubiana Dubois condamn RLL’œil accusateur braqué sur les juges, une meute d’inquisiteurs d’inconscients et d’arrières pensées et de mauvaises intentions, des rationalistes « experts en reniflage » de putrescence infernale, en odeur de marque diabolique. Qui sommait implicitement le tribunal de prononcer un vade rétro satanas sous peine d’être suspecté d’être dans le mauvais camp…

L’œil accusateur braqué sur les juges, des notables aussi. Car ce procès avait un furieux air de procès de classe. Prolétaires des droits humains, des droits des plus faibles, contre nobliaux de l’antiracisme si imbus d’eux-mêmes, si sûrs d’eux… car ils ont un pouvoir financier et relationnel considérable face à ceux qu’ils traînent dans la boue.

Lors du procès de Pierre et Pascal, le pire fut l’affirmation péremptoire de Michel Tubiana : «  Cela me rappelle ce que l’on trouve sur le talmud sur internet ! » lança-t-il !  Michel Tubiana serait certainement bien en peine de démontrer le bien-fondé d’une pareille comparaison, textes à l’appui : a-t-il seulement lu coran, sunna, talmud ? Invoquer des textes antisémites diabolisant les « juifs talmudistes » pour défendre… un corpus de textes parmi les plus antisémites de l’histoire, et sans avancer le moindre argument à l’appui d’une telle comparaison : il fallait oser.

Ainsi, le tribunal, avec pour bagage sa science du discernement et de l’écoute, se trouvait d’une part sous la pression de ces drôles d’ « experts »,  qui l’adjuraient de ne pas trahir la cause sacrée de l’antiracisme, et d’autre part face à des auteurs et témoins, qui lui expliquaient tout le pourquoi de leurs articles, mais sans faire assez clairement, m’a-t-il semblé, le lien avec la seule question posée : comment, en quoi, pouvaient-ils ou non opérer ce que la loi intitule une provocation à la haine ?

D’où le malentendu. Il faut espérer que la Cour de Cassation le dissipera.

Je ne veux pas entrer dans la discussion détaillé des éléments des textes poursuivis, car les débats doivent avoir lieu maintenant devant la justice sur les problèmes de droit en cause. Mais je pense que les magistrats devraient avoir au moins à l’esprit le point fondamental suivant. Lorsque nous disons que l’islam est guerrier, les musulmans qui connaissent leurs textes, ne se sentent nullement insultés : dans leur vision du monde, de la volonté de dieu, la guerre n’est pas un but en soi, leur objectif est bien la paix qui adviendrait si le monde pouvait répondre à l’appel à l’islam, mais la guerre est noble dès lors que son but est noble, dès lors qu’elle est combat pour dieu, pour instaurer sa loi sur le monde entier.

Les esprits cultivés français ne peuvent pas imaginer cette réalité. La « culture générale » ne suffit pas à situer le problème posé par les cas liés à l’islam, au contraire même, elle empêche de voir une réalité trop décalée par rapport aux catégories de pensée que la « culture générale » occidentale, européo-centrée, présente comme seules existantes, seules possibles. D’où les malentendus.

Pour les esprits « christianocentrés » des Français même athées, il va de soi que guerre est synonyme de mal, que lier la représentation de la guerre à une personne revient à donner une raison de la prendre en horreur. « Celui qui a usé de l’épée périra par l’épée ».  Pour les esprits christianocentrés, il n’est même pas concevable qu’existe la vision basée sur le coran, la vision d’un dieu qui aime les « endurants », les combattants qui meurent au combat et leur réserve les plus grandes récompenses. D’où les malentendus.

PierreCFLEn réalité, l’accusation de racisme me fait de plus en plus penser à la scène du film « les Tontons flingueurs » où un des « tontons » lance le cri du cœur : «  Touche pas au grisbi salope ! ». Car l’envers du décor de cette comédie de la « lutte contre le racisme », est la lutte entre affairistes et défenseurs des droits humains.

Pour des raisons que lui seul connait, Georges Soros finance le « Ccif », dont le nom et le sigle ressemble tant au « seif al islam », glaive de l’islam.  http://www.europe-israel.org/2014/06/georges-soros-ce-juif-anti-sioniste-qui-finance-lislam-politique/

L’Etat français quant à lui, et quantité de ses élites, dont des anciens membres de l’exécutif, ont pour client des Etats islamiques. Peut-on se permettre de déplaire à un client en lui parlant de « droits humains » ?  Fera-t-on une remarque désobligeante à un prospect qui vous propose un marché alléchant et bat sa femme devant vous ? Oui quand on a pour valeur suprême l’humain, non quand on a pour valeur suprême l’argent. Voilà pourquoi « la France » doit faire taire les défenseurs des droits humains.

Alors d’abord on lance les « intellectuels » censés les convaincre qu’à trop demander le respect de la personne humaine, on risquerait la guerre civile. Puis, si les opposants, pas convaincus, persistent, là on passe aux choses sérieuses, et c’est l’accusation aujourd’hui infâmante par excellence : « Touche pas au grisbi,  raciste ! ».

Le jihad judiciaire, juridique, est mené sur tous les continents. La féministe Louise Mailloux vient d’en faire les frais au Québec. Là-bas, une loi permet enfin de s’opposer aux poursuites abusives, visant à baillonner une partie de l’opinion par des procédures ruineuses : http://louisemailloux.wordpress.com/2014/06/04/communique-de-me-jean-bernier-procureur-de-louise-mailloux/.« Loi modifiant le Code de procédure civile pour prévenir l’utilisation abusive des tribunaux et favoriser le respect de liberté d’expression et la participation des citoyens au débat public. » 

Peut-être, sans doute, la « raison d’Etat économique » peut impliquer que les revendications de défense des droits humains soient contenues dans une certaine mesure, l’arbitrage est aussi délicat entre le respect de la souveraineté des Etats, qui est une condition de la paix, et un « droit d’intervention » pour raison de droits humains …

Mais face à un pouvoir exécutif trop soucieux des « affaires » de la Nation, le rôle de l’autorité judiciaire est de poser des limites, de rappeler au gouvernement ses devoirs de défense des droits des plus faibles.

La place naturelle des juges est aux côtés des défenseurs des droits humains et non des affairismes. Ils ont le privilège de pouvoir être dans une situation d’indépendance vis-à-vis des pressions des affairistes, alors que de plus en plus de catégories de Français sont sans défense face à eux. Le rôle des juges devient donc crucial pour l’avenir de nos démocraties.

Elisseievna

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