La polémique récente qui opposa Christine Tasin et Béatrice Bourges, et par là même, une certaine frange du Printemps Français à une certaine frange de Résistance Républicaine (mais pas tout le PF à toute RR), ne doit pas tromper. Cette polémique fut initiée par Mme Tasin (1) et renforcée par M. Philarcheïn (2) qui s’opposa en termes très courtois à sa présidente, poussant la facétie jusqu’à reprendre le titre de l’article initial en changeant le mot « échec » par le mot « succès ». Sur ces entrefaites, Mme Bourges contesta via Boulevard Voltaire par un article qui ne manquait pas d’intérêt (3). M. Cassen lui-même avait déjà exhorté Mme Tasin à moins de sectarisme (4). Et puis, en définitive, le dernier mot fut acquis à Mme Tasin, qui répondit à la réponse, par des mots d’une grande élévation (5), où l’on apprit que les deux mouvements, pourtant si différents l’un de l’autre, avaient des adhérents communs, et surtout un ennemi commun : la « république » hollandiste, qu’il est difficile de ne pas qualifier de satanique, qu’on prenne ce mot dans un sens théologique ou simplement symbolique, tant elle persécute les justes et favorise les crapules.
Mme Tasin écrit sur son blog et la phrase est belle :
“Malgré nos divergences et nos analyses différentes de la situation, les ponts ne sont pas coupés entre nous, chère Béatrice, parce que nous avons des adhérents communs, des militants de nos causes respectives qui veillent et qu’il est toujours possible d’évoluer, de changer d’avis, et que la France, fût-elle laïque, vaut bien la peine que nous nous battions pour sa survie.”
Ces quelques lignes suffiraient largement à nous rassurer : il n’y aura point de divorce entre le Christ et Marianne, ou pour dire les choses de manière moins poétique, point de batailles de mégères entre l’Église et la République.
Par ailleurs, un théologien catholique ayant déjà donné une conférence commune avec Pierre Cassen et Christine Tasin, j’ai nommé M. l’Abbé de Tanoüarn, a lui aussi contribué à sa façon au débat en signant un fort bel article (6), contenant cette phrase un peu abstraite, mais si juste : « Le pire ennemi de la France, ce n’est pas l’islam, c’est elle-même. » Ce jugement n’eût guère été renié par M. Philarcheïn, notre analyste patenté de la servitude volontaire et de l’abrutissement des masses.
La France fille aînée de l’Église, mais en même temps République laïque en bonnet phrygien (une sorte de paganisme en définitive), est un être, par définition, hybride. Et la restauration de ses valeurs charnelles et politiques ne se fera que par les militants tributaires de sa double origine helléno-chrétienne, athénienne par ses institutions démocratiques et catholique par sa culture, ses monuments, son aspect charnel, ses mentalités même, dans la mesure où il s’agit de mentalités enracinées, et non d’opinions confuses matraquées par la médiacratie.
Le Christ et Marianne se découvrent aujourd’hui un ennemi commun : le « satanisme » politique. Et pour une raison très simple, « Satan », fort de ses sociétés secrètes, de ses réseaux d’influence, de son clientélisme, de ses mafias, de sa démagogie, de ses réserves d’argent-dette notamment, infiltra aussi bien l’Église que les institutions républicaines, transformant les catholiques, une partie du moins, en eunuques multiculturels et les républicains, une partie aussi, en moutons-pigeons toujours prêts à se faire tondre ou massacrer. Il ne s’agit donc pas de jouer Marianne contre le Christ, ou de faire de l’Église et de la République deux grosses matrones incultes qui ne penseraient qu’à se donner des baffes…
Les récentes et vastes manifestations sociétales ont vu cohabiter sur les mêmes avenues, sur les mêmes places, et sous la même répression fétide, des abbés en soutane, des curés sans soutane, des jeunes filles en bonnet phrygien, des Antigone au drapé antique, des garçons torses nus qui n’étaient point ceux de la gay-pride, des homos anti-mariage homo, des adoptés discourant sur les limites de l’adoption, des enfants, de vieilles personnes, des catho-monarchistes, des républicains parfois de gauche, des veilleurs de poèmes, de futurs prisonniers politiques, toute une foule bigarrée, mais d’une bigarrure qui n’est pas celle de la « diversité » obligatoire imposée de force aux peuples européens.
La République, ce n’est pas “Satan”. Et il arrive aussi qu’une certaine Église ne soit plus qu’un blasphème à ses valeurs. C’est une seule et même lèpre qui a rongé et l’Église et la République. Elles guériront ensemble. Ou périront ensemble.
Paul-Antoine Desroches
(1) http://www.bvoltaire.fr/christinetasin/pourquoi-le-printemps-francais-est-il-voue-a-lechec,29764
(2) http://ripostelaique.com/pourquoi-le-printemps-francais-est-il-voue-au-succes.html
(3) http://www.bvoltaire.fr/beatricebourges/islam-christine-tasin-se-contente-de-hurler-au-loup,29957
(4) http://www.bvoltaire.fr/pierrecassen/reponse-a-christine-tasin-et-si-on-etait-moins-sectaires,29870
ou encore
(6) http://ab2t.blogspot.fr/2013/07/une-reponse-boulevard-voltaire-ou-du.html