Mariage princier : Hollywood sur Windsor

Le seul moment de gloire qui reste à la brave Albion est une cérémonie au cours de laquelle la « Royal Family » expose ses oripeaux. Mon premier grand souvenir fut le couronnement de la Queen Elizabeth II, en 1953. J’étais à l’époque près de Londres pour travailler dans un «  summer camp », un camp d’été où je ramassais des petits pois dans d’immenses champs près de Southampton.

Nous étions libres ce jour-là d’aller dans la capitale pour célébrer le couronnement d’Elizabeth. Au milieu d’une foule enthousiaste, nous avons vu passer le carrosse bien loin sans trop distinguer qui était à l’intérieur.

Le lendemain, je voulais ramener une bricole à ma mère et je suis entré dans une boutique. J’ai vu sur les étagères des tasses, assiettes, personnages et des horreurs fabriquées à la dernière minute et à des prix hors de ma bourse. Mais la tentation fut trop grande et j’achetai un ouvre-bouteille et une petite cuillère que j’ai encore, soixante-cinq plus tard dans un tiroir. Je ne m’étais jamais cru aussi conservateur !

Puis d’autres événements suivirent, les uns empreints de joie, d’autres terriblement émouvants comme l’enterrement de Diana.

Mais ce samedi, on fêtera le bonheur d’un mariage princier entre le petit-fils d’Elizabeth et une roturière américaine, actrice de cinéma, métisse et divorcée. Du jamais vu aux dires des spécialistes de la royauté anglaise.

Il y a trente ans, jamais la famille, en particulier la Reine, n’aurait autorisé une telle union. Le déshonneur dans cette longue généalogie qui remonte à la nuit des temps. Pourtant il y en a eu des monstres dans cette famille : John le Tyran à qui le peuple imposa la «  Magna Carta » une sorte de guide de bonne conduite à la suite de ses folies,  Richard III qui dans la pièce de Shakespeare réclame «  a horse for a kingdom » ( Un cheval pour un royaume), Edward II qui épouse Isabelle âgée de 12 ans, Henri VIII, Edouard VII qui déjà préféra son Américaine Wallis Simpson, divorcée à sa couronne, Elizabeth I qui fit décapiter sa rivale, Mary Stuart reine d’Ecosse .

Nous voyons que ce n’est pas une famille d’enfants de chœur et que rien ne les arrête pour conserver le pouvoir.

Samedi prochain, le 19 mai 2018, un autre épisode, paisible et solennel, aura lieu dans les rues de Windsor. Pourtant le père de la mariée refuse d’être présent et de marcher avec sa fille dans l’église. Il ne veut plus être la proie des photographes qui l’ont payé 100 000 dollars pour des clichés personnels, lui un homme simple qui vit tranquille en Californie. Ce cirque ne le passionne pas car ce sera le cirque Barnum dans toute son horreur.

Si la Queen a donné son accord, c’est que dans la hiérarchie, Harry ne tient pas une place importante : il faudrait pour parvenir sur le trône, qu’il fasse assassiner son frère et ses neveux et nièce. Edward IV fit exécuter son frère George, James II, son neveu James, Henry VIII ses deux femmes Anne Boleyn et Catherine Howard. Cas d’histoire dans les siècles précédents mais plus au XXIe siècle. Harry se contentera donc des biens princiers  et la rente (confortable) que lui confère son titre.

Nous sommes maintenant dans le conte de fée, dans Disneyland le plus pathétique, Hollywood sur Windsor et Meghan en sera le personnage principal. Ce sera un spectacle «  very British » qui réussit à transformer un banal mariage en fantaisie internationale dans laquelle toutes les chaines du monde se vautreront toute la journée. Les Anglais ont toujours eu le sens du commerce, de la capitalisation d’un moment pour remplir les caisses du trésor royal.

Quant à moi je crois que j’irai à la pêche.

L’Histoire se rappellera que l’épouse du prince était fille de mère noire dont l’ascendance était esclave tandis que le père irlandais descend du roi Edward III. Actrice de télévision avec des scènes torrides et de nationalité américaine, elle ne pouvait rêver mieux après un mariage et de nombreuses liaisons. Le scénario rêvé de beaucoup de réalisateurs. Pauvre Queen Elizabeth qui a dû se faire expliquer cet imbroglio sexuel et international. Mais à son âge et  son expérience avec ses propres enfants, elle ne pouvait pas trouver pire situation.

Ce sera la conclusion de cette merveilleuse aventure.

André Girod