Martine Aubry réélue… mais avec 56,6 % d'abstention !

Elle sourit partout dans le journal “La Voix du Nord” depuis lundi. Normal : la joie de la victoire. Du coup les médias nationaux parlent de son retour dans la course à la direction du PS. Une photo montre même Jacques Delors et sa femme venus assister au triomphe de leur fille. Et de son « score historique » : 66, 56 %. « Roger Salengro, en 1935, n’avait atteint que 57,3 % », écrit La Voix du Nord.
Une déferlante ? Bémol du journaliste par rapport à Salengro : « Certes, à l’époque, l’abstention n’atteignait pas 55, 58 % et sa liste n’avait pas l’amplitude de celle de l’ancienne ministre du Travail ». Ce sont là termes bien élégants pour parler d’une alliance « gauches-droite ».
Oui, Martine Aubry a remporté la victoire, mais avec une abstention très forte. Sa Liste du 2ème tour « PS-PCF-PRG-MRC-Verts-Modem » n’a obtenu que 35 226 voix sur 124 106 inscrits, soit 28,4% des inscrits. Il n’y a que le maire de Roubaix, René Vandierendonck (PS-PCF-Modem), pour faire mieux au 2ème tour : 59,8 % d’abstention !
Les quartiers populaires n’ont pas été séduits par l’alliance locale des gauches et de la droite ex-UDF : 61 % d’abstention à Lille-Moulins, 58% à Lille-Sud, 56,7 % à Fives, 55,5 % à Wazemmes, 54,5 % à Faubourg de Béthune, 52,2 % à Bois Blancs… Ni les gages à Amar Lasfar et sa Ligue Islamique du Nord, ni l’affichage ostensible de candidats issus de « la diversité multiculturelle » comme dit Martine Aubry, n’ont fait baisser l’abstention.

Les élections passées, soyons lucides

La droite UMP n’a pas pris le beffroi de Lille, mais l’alliance « gauches-modem » n’a pas convaincu et fait bouger les foules. Ce n’est pas le tsunami claironné! Rappelons qu’à Lille Ségolène Royal avait battu Nicolas Sarkozy au 2ème tour des présidentielles. Elle avait fait 52 874 voix sur 122 606 inscrits, soit 43,12% des inscrits. A cette municipale, on est loin de ce score. L’alliance « gauches-modem » à l’Hôtel de ville a de quoi réfléchir. Ainsi que Martine Aubry sur son projet national pour le PS qu’elle entend calquer sur son expérience lilloise.
Fanny Deulin

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