« j’ai semé des dragons, j’ai récolté des puces »… Quand il voulait caractériser le rapport entre Lénine, réduit à l’état d’icône embaumée, et ses épigones staliniens étouffant les soviets et préparant l’extermination des hommes de la révolution d’octobre 1917, Trotsky employait souvent cette phrase de Goethe, affectionnée par Marx.
Après avoir assisté au guet-apens tendu par Pujadas and Cie, ce jeudi soir passé, on paraphrasera Goethe, Marx et Trotsky, en disant de ce dernier : il a semé des révolutionnaires et il récolte aujourd’hui des tiques-boxeurs.
Pour parler simplement, la télévision française s’est sciemment transformée en arène, ou plutôt en sorte de ring de boxe. La victime expiatoire, contrainte – par ce brave et honnête Pujadas – à une rencontre pugilistique qu’elle ne voulait pas, n’était pas sainte Blandine, mais la candidate Marine Le Pen.
Il s’agissait de l’envoyer moralement rouler au tapis, pour le plus grand profit politique de l’autre candidat, absent du ring ; vous savez, c’est « l’ennemi de la finance » qui n’est plus, – s’il l’a jamais été-, « l’ennemi de la finance ».
A la décharge de Pujadas, les fauves lâchés par ses soins n’étaient pas des lions, ni des taureaux. Ce fut une simple tique, – bruyante va-d’la-gueule -, donnant de plus en plus dans un style que n’aurait pas détesté Benito Mussolini, avant sa marche sur Rome.
Chacun sait qu’une tique, surtout une tique affamée, peut perturber l’être le plus sain sur lequel elle a décidé d’aller pomper sa petite dose de sang. Elle peut y parvenir, en lui tournant sans cesse autour. Ici, on l’observera émettre des bruissements d’ailes qu’elle a cherché à faire passer pour un discours cohérent et alternatif.
Donc, dans le cas de notre tique-boxeur, il s’agit de tenter de ramener la classe ouvrière, ou une partie de celle-ci, vers le candidat de la machine bureaucratique bruxelloise (François Hollande).
Il s’agit, pour notre tique enragée, bénéficiant de l’indulgence béate des médias, de mettre ses petites pattes dans les traces de ces ultra-révolutionnaires de pacotille, les « révolutionnaires » de discours dominicaux.
La vieille SFIO ne manquait pas de ce genre d’insecte, bavard et braillard
J’évoquais l’ancien directeur de l’Avanti, devenu, -avec l’argent des fonds spéciaux français apportés en 1915 par Marcel Cachin-, le directeur et le maître absolu du quotidien « il Popolo d’Italia ».
Je pourrai rajouter, -et la comparaison serait peut-être plus juste-, que notre tique-boxeur ressemble plus au directeur de la « guerre sociale », le révolutionnaire d’opérette Gustave Hervé. C’était un socialiste anti-patriote qui deviendra ultra nationaliste, après avoir goûté aux délices de Capou des marges confortables du pouvoir, pendant l’époque de l’union sacrée.
C’est en pensant à cette tique-boxeur là, tique bavarde qui faisait la révolution sociale le temps de chaque congrès ou de réunions dominicales, que l’immense Jean Jaurès dira : « qu’un peu d’internationalisme éloigne de la patrie, et que beaucoup d’internationalisme y ramène ».
Ce n’est pas le dernier tract national du « front de gauche », que j’ai trouvé ce soir dans ma boite à lettre, qui démentira cette caractéristique
Entièrement axé contre le Front national, le tract évite soigneusement de se prononcer sur les questions vitales du moment. Il se garde bien de se prononcer : pour ou contre la sortie de l’euro ; pour ou contre l’article 127 des traités de Lisbonne-Amsterdam qui fabriquent l’endettement croissant des États auprès des banques privées (enrichissant les marchés financiers); pour ou contre la loi giscardienne de 1973 qui a mis en route, au niveau français, cette perte de la souveraineté monétaire du pays, organisant la dépendance étatique vis-à-vis des marchés financiers.
On devra se contenter d’une formule démagogique. Elle aussi est une formule purement va-d’la-gueule, un slogan creux qui n’engage à rien. Citons le tract, qui préconise : « la désobéissance à l’Europe libérale et aux traités européens (Maastricht, Lisbonne, etc.).
Ne pas adopter une position claire, nette, faire accroire, duper, d’une part. Camoufler l’expansion rampante et multiforme de l’ordre totalitaire de la charia, d’autre part…
Le tract du « front de gauche » pose à … « l’unité des salariés » ; comme si c’était la question de « l’unité des salariés » qui s’était trouvée posée à la Villeneuve de Grenoble, en juillet 2010, quand la mort d’un truand à la kalachnikov déchaînera des nuits d’incendies de voitures d’ouvriers et de petites gens et de caillassages de policiers; comme si c’était encore cette question, « l’unité des salariés », qui était en cause en janvier dernier, à Clermont-Ferrand, quand la municipalité ne verra pas le rouge de la honte lui monter au front et qu’elle choisira, avec l’appui des amis de la tique-boxeur, de faire une « marche blanche ». Gauche (PS, « écologistes »), associations et « front de gauche », défileront ensemble, en solidarité avec une « victime de la police ». La victime en question, c’était un homme, sur le portable duquel on avait appelé les pompiers et la police, pour leur tendre une embuscade et les caillasser.
La victime s’était aussi particulièrement distinguée, pendant le guet-apens
Cette défense là, -de « l’unité des salariés »-, déterminera à démissionner, pour protester, un Maire-adjoint PS et la députée socialiste.
C’est aussi, certainement pour défendre « l’unité des salariés », – les salariés des USA -, qu’un juge américain, converti à l’idéologie de la charia, vient de débouter un américain victime d’une tentative de meurtre par un immigrant, adepte lui aussi de cette idéologie totalitaire.
A entendre le juge, – néophyte activiste de l’idéologie de la charia, foulant sciemment et volontairement le premier amendement de la constitution américaine -, la victime se serait rendue coupable de s’être déguisée en zombie Mahomet.
Pour prononcer son jugement de Savonarole de la charia, notre juge US, -défenseur à sa façon de ce que notre tique-boxeur appelle « unité des salariés »- a refusé d’entendre le témoignage du policier qui avait stoppé l’attaque meurtrière du pauvre offensé venu d’ailleurs…
Désormais, expliquera l’enthousiaste juge néophyte, les américains devraient s’ouvrir à une culture qui fait organiquement partie des gens qui y adhèrent.
En prétendant conserver leur liberté d’expression constitutionnelle, les américains -comme la victime de la tentative criminelle – offenseraient ces nouveaux venus. Ils ne seraient… que d’ignobles racistes !
« L’unité des salariés », dont se réclame notre tique-boxeur, ce n’est pas autre chose que cet infâme jugement appliqué partout et pour tout
Cette « unité des salariés » c’est, – en réalité -, le renoncement à plus de sept siècles de développement démocratique et de combats sociaux et politiques qui ont fait ce pays tel qu’il est, tel qu’il a pu produire des droits sociaux républicains -fondés sur le double principe : qu’il n’y a pas de devoir sans droit, et pas non plus de droit sans devoir.
Ce sont ces droits inséparables des devoirs, que notre va-d’la-gueule voudrait voir disparaître. « Unité des salariés » ?
Trotsky et d’autres éminents marxistes expliqueront, sur tous les tons, dans toutes les langues, que le prolétariat socialiste, que la classe ouvrière consciente de ses objectifs historiques, défend la culture, s’appropriant l’ensemble de la culture, y compris la culture dite bourgeoise, et en particulier celle ayant ouvert la voie des avancées de la démocratie politique.
« L’unité des salariés » de notre tique-boxeur et des débris stalinistes, c’est seulement une « théorie » masquée de la passivité devant les empiétements croissants des exigences de l’idéologie totalitaire de la charia et quelques simagrées hypocrites devant la dictature bureaucratique bruxelloise que François Hollande propose d’étendre.
Alon Gilad
PS. M’étant levé tôt ce matin, j’ai écouté Europe I. La station de radio était consacrée à la question du hallal, « hhéhllèl » comme dira et répétera quatre ou cinq fois un auditeur spécialiste afin sûrement que nous puissions prononcer le mot correctement. On y débattra donc de la bonne ou de la mauvaise foi de la polémique provoquée par la présidente du Front National. Les journalistes et les intervenants y allant chacun de son petit couplet sur la douleur animale toujours présente, quel que soit le mode de mise à mort.
« On mange bien du foie gras, et l’engraissement est douloureux », entendra-t-on dire ce matin. En d’autres termes, nous expliquera-t-on pendant une heure, c’est une bien méchante polémique, c’est un pur et affreux racisme que de sonner le tocsin sur la question de la viande « hhéhllèl ».
On se gardera bien de nous dire que la législation évoluait dans le sens de la recherche d’un mode de mise à mort le moins douloureux possible, et que des recherches continuent pour parvenir à un procédé indolore. On y tirera à vue sur Marine Le Pen, sur les journalistes de la « deux » ayant fait le récent reportage qui a porté le problème devant toute la population. On y tirera sur la filière de la viande : qui recherche le meilleur coût et provoque des confusions dans les modes de mise à mort animale.
J’observe surtout qu’il y a eu une absence curieuse, au cours de cette heure de discussion et de dénonciation de ceux qui ne veulent pas manger « hhéhllèl » à leur insu. Il s’est agit de la question du prix de la certification « halal » ou « hhéhllèl ». A-t-elle un prix ? Si oui, lequel, combien ?
J’aurai aimé que nos spécialistes, réunis par Europe I, tous favorables au « halal », injustement mis en cause, -à les entendre-, nous répondent : Est-il vrai, ou n’est-il pas vrai, que cette certification implique une taxe versée à deux ou trois mosquées ?
En d’autres termes, est-il vrai ou n’est-il pas vrai qu’en mangeant hallal, en le sachant ou en ne le sachant pas, on finance un culte, qu’on n’en partage ou qu’on n’en partage ni les fondements ni les buts, ou qu’on y soit tout simplement indifférent ?
Une heure de parlote, une heure de dénonciation du « racisme », et une heure de silence sur cette toute petite et simple question, qui est celle consistant à savoir, si : sous couvert de procédé hallal d’abattage on a, ou on n’a pas, commencé à restaurer la « dîme », abolie par les votes de la représentation nationale élue, dans la nuit du 4 août 1789 ?
Quand à l’ex-trotskiste, devenu secrétaire d’ État mitterrandiste, pour finir porte-drapeau des petits bouts de stalinisme encore à l’œuvre dans la société française avec le PCF moribond, va-t-il écarter tout cela d’un revers de main, pour nous objecter, du bout de sa moue : qu’il s’agit d’une discussion oiseuse, dont le seul effet est de « diviser les salariés » ?
Si je fais un procès d’intention à notre va-d’la-gueule, par avance je lui présente mes plus plates excuses. Si c’était le cas, je me réjouirai de m’être trompé. Je serai heureux que, finalement, l’homme ait tout de même conservé un peu des repères intellectuels et politiques produits par sept siècles de développements chaotiques du mouvement, dans ce pays, vers la démocratie politique et l’égalité sociale.