Mgr Tauran, pourquoi n’avez-vous pas eu mot pour les chrétiens persécutés par les musulmans ?

Lettre ouverte à Mgr Tauran, chargé du dialogue interreligieux au Vatican

Monseigneur,

Tout d’abord, je voudrais vous dire ma joie de vous avoir entendu annoncer au monde entier l’élection d’un nouveau pape. Que plus de cent de vos collègues cardinaux vous aient choisi pour prononcer la formule consacrée Habemus papam prouve qu’eux, au moins, n’accordent aucun crédit à la méchante rumeur qui assure que vous êtes complètement gâteux.

L’entretien que vous venez d’accorder au quotidien Le Parisien-Aujourd’hui en France (mardi 19 mars) vient heureusement confirmer que vous n’avez rien perdu des qualités de finasserie et de cautèle qui vous ont valu d’être nommé, en 2007, à la présidence du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux.

Je vous cite :

« Il est certain que ces derniers temps le dialogue islamo-chrétiens connaît des difficultés, conditionnées par des situations politiques. »

Quel sens de la formule vide ! Quelle maîtrise de la langue de bois ! Imaginons ce qu’aurait pu dire un homme simple, de bon sens, se contentant de se référer à ce que nous ont appris l’histoire et l’actualité :

« Il est certain que, en quatorze siècles et de nos jours encore, il n’y a jamais eu de dialogue pacifique entre l’Islam, totalitarisme guerrier et expansionniste, et la Chrétienté. On ne peut faire état que de relations commerciales, de confrontations guerrières ou de rapports dominant-dominé ».

Aussitôt, cet imprudent suscitait des réactions violentes de la part des associations qui font la chasse à l’islamophobie. Peut-être Votre Eminence aurait-elle été traînée devant un tribunal. Comme vous avez eu raison de contourner la réalité !

Je reprends le fil de vos propos :

« C’est un dialogue qui connaît des avancées et des reculs. »

Le naïf et grossier personnage que j’évoquais aurait demandé : « Qui a le plus avancé et le plus reculé ? »

Ou bien : « Où en sommes-nous ? »

Ou encore : « A quoi ce dialogue a-t-il servi ? »

Quelle dissonance, alors, dans le consensus de la bien-pensance catholique si, par malheur, de telles questions étaient posées !

C’est très habilement que vous exposez le bilan de votre action.

« Il faut reconnaître que les résultats modestes que nous avons obtenus n’ont jamais été pris en compte et insérés dans les lois ou les règlements administratifs des pays à majorité musulmane. »

Imaginez l’effarement des bonnes âmes si, par maladresse, vous aviez impudiquement exposé la vérité toute nue : « Les Musulmans n’ont rien à fiche de ce que pensent le Vatican et, d’une manière générale, les chrétiens. »

Ensuite, vous justifiez comme il convient votre haute fonction, qui serait qualifiée par des esprits sommaires d’oiseuse. Vous rendez ainsi hommage au pape qui vous a désigné et à tous les cardinaux et évêques qui vous soutiennent par leur inaction, voire leur indifférence à l’absence de résultats.

« Il faut donc continuer à se parler et, surtout, sensibiliser à la fraternité les jeunes, chrétiens et musulmans, à travers l’éducation à l’école. »

Ah, les jeunes ! Comme vous avez raison, en père attentionné, de mettre votre espérance dans les générations à venir. Je pense notamment aux filles que nous acceptons voilées dans nos écoles alors que les laïcards leur demandent de se départir du signe de leur soumission à Allah, à Sa Loi et, incidemment, aux mâles musulmans. C’est dans nos instituts que nous formons, ne l’oublions pas, les futurs imams de l’islam à la française, qui vont nous inventer un islam inédit, différent de celui des cinquante-sept pays de l’Organisation de la coopération islamique. Et qui douterait que dans les madrasas desdits pays, on ne s’inspire de notre exemple, qu’on n’enseigne très bientôt les évangiles, peut-être qu’on forme des curés et des nonnes ? Qui sait, peut-être, demain, la possession d’une Bible ne donnera plus lieu à des condamnations au fouet ou à la prison pour prosélytisme et blasphème ; peut-être, les Musulmans les plus pieux, gardiens des Lieux saints de l’islam, ne feront plus couper en deux leurs frères convaincus de s’être convertis au christianisme…

A propos des tueries perpétrées par le musulman Mohamed Merah, vous évitez, par décence sans doute, de parler des assassinés et vous tenez, par charité certainement, à dédouaner l’islam de toute responsabilité : l’islam est victime.

« Le terrorisme qui s’inspire de l’islam, au fond, est un grand handicap pour l’islam lui-même et pour le dialogue interreligieux.

C’est une perversion de la religion. »

En conclusion, vous insistez sur la responsabilité des Européens dans les méfaits et crimes commis par des Musulmans : notre peur et notre ignorance expliquent tout.

Après avoir « réussi à éviter le choc des civilisations », dites-vous, « il faut maintenant que nous évitions le choc des ignorances. En Europe, il y a une peur de l’islam, parce que beaucoup n’ont jamais rencontré un musulman ou ouvert le Coran. »

Au fait, Monseigneur, je vous serais très reconnaissant de me faire parvenir un exemplaire de ce Coran qui prône la concorde entre les peuples et la liberté de croyance. J’ai cherché en vain cette version du Livre saint de l’islam dans nos bibliothèques et librairies. (C’est dans aucun doute un Coran de ce type qu’a embrassé, un jour béni de mai 1999, Jean-Paul II – sancto subito ! – auprès de qui vous avez longtemps servi.)

Enfin, pour conclure, je ne saurais trop vous féliciter de ne pas avoir eu une seule pensée, un seul mot, pour les millions de chrétiens brimés, martyrisés, chassés de leurs pays, dont on brûle les églises, qu’on jette en prison, qu’on massacre… dans des pays musulmans. Ce sont là des faits dont le rappel n’aurait pu qu’entraver le dialogue interreligieux, ses avancées et ses reculs, et constituer un nouvel handicap pour l’islam, religion d’amour, de tolérance et de paix.

Je vous prie d’agréer, Monseigneur, l’expression de la considération que vous méritez.

Juvénal Hérisson