Mina Ahadi donne une leçon de lucidité à toute l'Europe

Après l’appel historique de mars 2007 adressé au monde libre par la syrienne Wafa Sultan, et destiné à nous mettre en garde contre la montée de l’islam politique sur notre sol, voici que Mina Ahadi, femme d’origine iranienne, vient de fonder le Conseil Central des Ex-Musulmans d’Allemagne, pour protester contre l’immixtion des lois islamiques dans la société allemande : «Je connais l’Islam – affirme-t-elle – et pour moi cela signifie la mort et la douleur» !
Le propos peut paraître brutal, mais le vécu de cette femme d’exception le tempère aussitôt : lorsque l’ayatollah Khomeini prit le pouvoir en Iran, le voile devint obligatoire. Mina Ahadi, alors étudiante et jeune mariée, refusa de le porter. Quelques semaines plus tard, elle fut exclue de l’université, et son mari, arrêté… puis exécuté !
Réfugiée en Allemagne, où elle vit désormais, Mina Ahadi s’est immédiatement lancée dans la création d’un comité international contre les lapidations, persistant à dénoncer les régimes islamistes, le traitement qu’ils imposent aux musulmanes et, plus généralement, toutes les violences qui, sous couvert de religion, martyrisent les femmes. Pierre Cassen eut l’honneur de la rencontrer à Paris, en 2005, et anima, en sa présence, une conférence de presse avec Homa Arjomand, militante féministe canadienne d’origine iranienne. Invitées par Michèle Vianès, Mina Ahadi et Homa Arjomand tinrent des réunions publiques à Paris, Lyon, Marseille, Homa fustigeant la volonté du gouvernement canadien d’instituer des tribunaux religieux pour imposer la charia, et Mina stigmatisant les «crimes d’honneur» commis tant en Islam qu’en… Allemagne (eh oui !) – où l’oumma a pris l’ampleur que l’on sait.

Mina Ahadi (à gauche), à Paris, en 2005, en compagnie de Chahla Chafik, romancière d’origine iranienne.
Cette dernière remarque ne signifie pas que les musulmans vivant en Allemagne adhèrent automatiquement aux thèses islamiques : il y en a même qui renoncent – discrètement certes ! – à l’islam, leur discrétion se comprenant aisément lorsqu’on sait que l’islam punit de mort l’apostat (c’est d’ailleurs la raison pour laquelle le Conseil Central des Ex-Musulmans d’Allemagne revendique haut et fort l’appellation d’«Ex-Musulmans», autrement dit le droit d’être ouvertement apostat). Mais apostats ou pas, tous les musulmans d’Allemagne sont sous la férule d’un islam politique dont les prétentions menacent aujourd’hui l’Europe entière.
Car, contrairement à ceux qui refusent d’ouvrir les yeux, Mina Ahadi n’ignore rien de la véritable nature des associations musulmanes qui œuvrent en Europe : «En Allemagne, – déclare-t-elle sans ambages – les organisations musulmanes sont très actives et pas uniquement pour des questions de foi. Toutes ces organisations prétendument religieuses ont des contacts avec l’Arabie Saoudite, le gouvernement turc ou le régime islamiste en Iran. Elles cherchent, encore une fois, à s’immiscer dans notre mode de vie, notre intégration, notre avenir. J’ai fui un régime islamique en Iran et je constate qu’ici l’islamisme est aussi actif. Les gouvernements occidentaux, sous le couvert de la liberté religieuse ou de l’intégration, collaborent avec ces organisations islamiques, donnent de l’argent, construisent des mosquées. Mais ils se taisent au sujet des «crimes d’honneur», des violences faites aux femmes et aux enfants. Nous nous sentons dans l’obligation de parler, de nous occuper de ces problèmes… Nous voulons apporter une voix de la raison… Ne rien dire, c’est laisser le débat sur le terrain de la xénophobie. Car toutes ces fausses politiques qui se taisent sur l’islam politique aident les racistes et les xénophobes».
Il faut donc «réveiller la conscience de ceux qui n’ont jamais été confrontés réellement aux dangers que représente l’intrusion de l’islam dans la vie politique et sociale», et, de ce fait, s’insurger contre «l’intolérable indulgence» des pouvoirs publics, qui, au nom de la sacro-sainte relativité culturelle, minimisent le péril islamiste. Pour Mina Ahadi, en effet, cette attitude est «inacceptable dans un pays laïque européen», l’excès de bienveillance gouvernementale à l’égard de l’islam ne pouvant conduire qu’à «une propagation périlleuse» des dogmes musulmans : « Aucune femme ne souhaite une culture de l’avilissement, aucune femme ne souhaite la violence» – tranche-t-elle ! En tolérant l’intolérable, l’Europe est monstrueusement naïve ! Et si elle pense se sortir d’affaire par une hypothétique modernisation de l’islam, elle se trompe du tout au tout : «Les hadiths, qui sont la transmission de la parole du prophète, sont hostiles à la femme, aux droits humains. Je ne vois pas comment on pourrait moderniser l’islam, car il faudrait abandonner au moins 90% des citations et versets des hadiths» !
En conséquence, les musulmans d’Europe n’ont d’autre solution que d’accepter les valeurs du pays d’accueil. C’est pourquoi l’organisation de Mina Ahadi met l’accent sur le caractère primordial de l’intégration : «Une association comme la nôtre peut expliquer aux musulmans pratiquants que nous sommes dans un autre pays avec d’autres règles, une autre culture et d’autres traditions. Nous avons fui des pays islamiques car nous avons pensé qu’ici nous pouvions vivre plus librement, que les hommes et les femmes y sont égaux, qu’on ne peut pas battre les enfants à la maison. Nous devons donc donner les moyens aux musulmans de s’intégrer. Il faut être clair : quand on dit qu’ici homme et femme sont égaux, ce n’est pas dirigé contre eux. Ce sont des principes qui valent pour tous ici. Ce n’est pas uniquement la culture occidentale, mais ce sont des droits de l’homme universels. Les gouvernements suisse ou allemand doivent être conséquents avec eux-mêmes. On ne peut pas admettre que sous prétexte que des musulmans viennent d’autres cultures, ils puissent battre leurs femmes ou leurs enfants, s’exclure des règles communes… Il faut que les droits et devoirs reconnus des citoyens du pays soient acceptés par les immigrants qui viennent ici. Pour moi, un musulman qui est insatisfait parce qu’il ne peut pas imposer le hidjab à sa jeune fille n’a qu’à aller vivre en Arabie Saoudite» !
Qui dit mieux ?
Maurice Vidal

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