Mon père se prénommait Franz

Mon père se prénommait Franz. C’est dans une famille polonaise, mais dans une région de la Pologne dominée par les Allemands, qu’il est né le 4 janvier 1908. Il s’est marié un 4 janvier et est décédé un 4 janvier…

Toute sa scolarité s’est passée en Allemagne, avec pour corollaire une éducation inflexible, mais sportive. Toutefois, pendant les vacances, lors des beaux étés continentaux, il retournait dans la vaste propriété familiale en Pologne où, sans clôture ni contraintes, il pouvait courir librement avec les chevaux…

Je vois encore ses yeux briller lorsqu’il décrivait la scène :

« Le soleil faisait scintiller la poussière soulevée par les sabots des chevaux. Quelle liberté, quelle joie de courir ainsi, pieds nus dans l’herbe de l’été, parmi les chevaux. Sentir le vent dans mes cheveux, entendre les hennissements et les renaclements de la harde sous le Soleil qui éblouissait et faisait briller la robe des chevaux »…

Lorsqu’il parlait ainsi, avec ses cheveux noir de jais, je l’imaginai indien coiffé de plumes et couvert d’un vêtement frangé taillé dans la peau d’un daim…

Quelle superbe image !

Mais ce bonheur n’allait pas durer. En 1925, les Allemands ont dit à mon grand-père « où vous devenez Allemands, ou vous partez ».

Mon grand-père n’a pas cédé. Il a choisi, dans la douleur et la tristesse, de partir avec son épouse et ses quatre enfants ; Édouard, Franz, Cécile et Waldemar. Ils ont tout perdu et laissé derrière eux tout un passé, toutes leurs richesses. Mon père n’avait alors que 17 ans…

Arrivé en France à Mulhouse, mon grand-père, pour se rendre à la Municipalité, a dû traverser une tumultueuse manifestation bolchevique. Ont surgi alors des gendarmes qui ont arrêté tous les manifestants sans distinction ni ménagement.

Mon grand-père, confondu dans la masse – ce qui est un comble pour qui connaissait cet homme –, a été expulsé avec les siens de France. Ils se sont  installés à Péronnes-lez-Binche en Belgique, comme beaucoup d’autres Polonais, immigrants volontaires ou non.

Ils sont restés longtemps sous le statut de réfugiés de l’ONU, car ils avaient fui la persécution des Allemands. Mon oncle et parrain Waldemar – Waldy – est mort sous ce statut…

Petit à petit, surmontant tous les nombreux obstacles, la famille a pris ses marques. Mon grand-père à ouvert un commerce d’alimentation où l’ont pouvait trouver de la belle et bonne choucroute puisée directement au tonneau. Il régnait dans son magasin un parfum mêlé de l’odeur légèrement âcre et acide de la choucroute et des gros cornichons avec celle du café fraîchement torréfié,  des légumes et fruits de saison, mais aussi le parfum plus rare de l’orange et de la banane.

Ce souvenir est celui de ma petite enfance, c’était au début des années 50…

Pendant tout ce temps, mon père était devenu une vedette du football. Il a joué en Division d’Honneur ; notre actuelle Division I. Son frère cadet ; mon oncle et parrain Waldemar avait choisi pour sa haute taille, le basket. C’était lui aussi, un champion. Plus tard, il a conduit le club de Péronnes en Division I, mais au titre d’entraîneur.

Cette notoriété a beaucoup aidé mon père. Il est finalement devenu négociant en textiles, pratiquant le commerce de gros. Sa réussite l’a rendu alors respectable. Il put faire construire une belle et vaste villa dans la région la plus appréciée de Binche. C’était un homme sérieux et travailleur, comme l’immense majorité des migrants polonais de l’époque.

Jamais je n’ai vu mon père à la messe, malgré que ma mère nous obligeait à un strict respect de cette obligation dominicale. Mais, sur la belle garde-robe en bois de citronnier de la chambre conjugale, mon père avait posé une grande statue blanche et bleue de la Vierge Marie à laquelle, comme tout Polonais, il vouait un culte sincère, emprunt de respect et d’adoration discrète…

Beaucoup plus tard, alors que j’étais devenu moi-même un jeune homme, mon père a pu obtenir la nationalité belge. Ça lui a coûté à l’époque une petite fortune, car pour acquérir cette nationalité, il fallait le mériter et surtout, pour prouver son attachement au pays, bourse délier…

Quelle sagesse alors de la part d’un gouvernement qui est cependant devenu bien plus tard, aussi laxiste, traître et lâche que celui de la France et de tous les pays de l’Europe Unie, mis à part la Hongrie, l’Autriche et aussi précisément … la Pologne.

Mon père avait alors tourné le dos à son passé, non par détestation ; bien au contraire, mais parce que pour lui, seul l’avenir avait un sens. Et l’avenir, c’était la Belgique, sa famille ; ses enfants. Et lorsque mes jeunes frères cadets et moi lui demandions « Papy, apprends-nous le polonais ». Il répondait immanquablement « je vous apprendrai le polonais lorsque vous maîtriserez parfaitement le français ».

Subtile réponse ! Car il savait que jamais, aucun de nous ne maîtriserait parfaitement le français, la langue est bien trop belle et trop complexe ! C’était sa façon de dire non, mais sans nous décevoir… Son regard voyait l’avenir et seulement l’avenir.

Un jour vint où, comme mon père, les titulaires de cette naturalisation eurent enfin le droit de vote.

Je me souviens parfaitement du matin du premier jour où il a pu accomplir cette obligation civique. Il était tellement ému, qu’il ne trouvait ni chapeau, ni clefs de voiture, ni convocation aux élections… J’en avais les larmes aux yeux devant tant d’émotion, chez cet homme si fort et si stoïque d’ordinaire.

Pauvre papy, toi qui avait une si belle conscience, une si belle image de l’avenir de notre pays, combien serais-tu déçu si tu savais à quel point la situation c’est dégradée et à quel point l’Occident, en pleine décadence, brade ses patries à des hordes de barbares sans mérite, sans scrupule et sans aucun respect pour rien, si ce n’est pour leur dieu cruel et leurs rites sauvages, méchants et stupides. Même ce Pape qui a usurpé ton prénom est devenu musulman.

Toi qui es mort, avant de savoir la Pologne libérée du joug des hordes communistes, toi qui es mort dans l’amour des tiens et dans ton respect pour ta patrie d’accueil, qu’avec fierté tu considérais comme ta nouvelle ; ta véritable et seule patrie.

Toi qui es mort sans savoir qu’aujourd’hui, la nationalité dont tu as tellement rêvé et que tu as chèrement acquise est distribuée gratuitement à des gens qui la méprisent, à des gens qui ne sont là que pour profiter du fruit des efforts des générations passées, du fruit de la volonté, de la force et du courage d’hommes comme toi…

Jamais de ma vie je n’ai connu d’homme aussi noble, aussi honnête, aussi fort que toi. Jamais je ne pourrai t’égaler, mais j’espère un jour que, de l’autre côté de la barrière, dans cette face cachée de la vie que l’on nomme l’ « au-delà », je pourrai de nouveau t’entendre me raconter tes courses avec les chevaux de ton père, alors que tu habitais un pays qui aujourd’hui, devient un exemple pour le monde entier des hommes libres. Mais, peut-être aussi que je pourrai courir avec toi, les pieds dans la poussière des prairies d’été et les cheveux au vent, parmi les chevaux ?

Un jour, je saurai…

Tout cela explique pourquoi maintenant, j’éprouve une terrible colère contre nos gouvernements et la tyrannique Commission européenne, et que je n’ai plus que rage et mépris pour l’envahisseur, pour ses complices et ses collaborateurs.

C’est pourquoi, ayant lu le coran et bien compris les intentions meurtrières cachées qu’il contient, je n’ai plus que haine pour ce dogme pervers, tout à l’image de son « prophète », le chamelier analphabète, pédophile et cruel assassin de masse, mais « bon exemple » pour tous les musulmans, selon la propre tradition musulmane elle-même.

Aujourd’hui, âgé de 73 ans, je fais partie de la génération de ceux qui partiront les premiers rejoindre leurs ancêtres.

Je ne crains pas la mort, car elle cache pour moi de nouveaux espoirs, bien éloigné des cauchemars que je fais régulièrement en pensant à l’avenir de mes enfants, de mes petits enfants et de mes arrières petits enfants. Au pire, la mort, c’est le retour au néant d’où tous avons été brutalement arraché..

J’aurai fait mon temps, j’aurai, moi aussi, traversé beaucoup d’épreuves, mais aujourd’hui j’accepte sans difficulté de savoir que, si aucun des êtres vivant jamais venu sur Terre n’a demandé pour y venir, tous ; qu’ils soient à venir ou passé étaient, sont et seront condamné à mort dès leur naissance.

Et la grande morale de cela, c’est que sans cela, aucune évolution n’aurait été possible, y compris la disparition de notre belle, grande et puissante Civilisation. Et c’est ça, la Vie…

Pierre Malak

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17 Commentaires

  1. À Péronnes il y avait une importante diaspora polonaise et ukrainienne . On s ‘ est peut être rencontré , j ‘ ai passé ma jeunesse à Maurage , à côté !

  2. Hommage à votre papa.
    A 73 ans, vous êtes jeune et pouvez encore rendre service à la résistance ( pappy fait…).
    Il faut toujours réagir comme si nous étions éternels.

  3. Emouvante Saga !
    Mais rassurez-vous ! La Pologne nous montre maintenant le Chemin à suivre !
    “Le Soleil se lève à l’Est” !

  4. Superbe histoire qui nous montre ce qu’est l’honneur, la récompense par le travail, l’amour du pays accueillant, bref, toutes les valeurs qui fondent un pays. Une pensée pour votte père qui était un “vrai”.homme. Maintenant, tout ceci n’exsite plus, je pense au pays que ma fille va connaître lorsqu’elle sera plus grande, pays qui ne sera pas celui que j’ai connus, un pays de respect, d’amour et de bonheur. C’est pour cela que je me battrai s’il le faut

  5. Difficile à comprendre. N’était il pas possible d’aller dans la partie de la Pologne indépendante ?

  6. Elles s’appelaient Marya et Staa, vivaient dans un shetell près de Cracovie, à 17 ans les nazis en ont décidé autrement…… C’était ma Maman et ma Tante. L’histoire parfois malicieuse a voulu que naisse en France . Kharma.

  7. Magnifique article, larmes aux yeux,
    car c’est aussi l’histoire de ma famille,
    de beaucoup de familles.
    Ne laissons pas piétiner NOTRE histoire.
    Merci M. Malak

  8. Quel belle histoire de vous et de votre famille M.Malak,merci de nous l’avoir fait lire.

  9. Quelle histoire fe vie,magnifique. Quelle émotion pour moi de lire ce très beau texte.
    Un exact copié/collé de mon histoire. Le talent en plus.
    Mon père s’appelait Francisco, (comme Frantz, comme, hélas, l’actuel pape) à l’origine, et arrivait d’Espagne.
    Réelle émotion.

  10. Je ne peux que dire comme Fleur de Lys : Merci pour ce très beau texte émouvant !

  11. “une région de la Pologne dominée par les Allemands”

    S’agissait-il de la Silésie ?

    Je me souviens d’un très beau film sur la révolte des polonais de Silésie en 1919 (si je ne me trompe pas de date ; en tout cas, c’était peu après la fin de la première guerre mondiale).

    Merci en tout cas pour cette belle histoire.

    • Le cas de la Silesie était très litigieux. Il y avait des villages allemands, d’autres polonais.

      • Oui, oui, je sais. Je demandais juste à l’auteur s’il s’agissait de cette région.

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