« Parlons franchement : y a –t-il incompatibilité entre les cinq piliers de la foi musulmane – profession de foi, cinq prières quotidiennes, ramadan, charité du vendredi, pèlerinage une fois dans sa vie, à la Mecque – et le mode de vie français ?
– A mon sens, aucune. …. »
Qui, en cette fin du mois de septembre 2009, répond en ces termes à la question de Nicolas Gauthier sur le site Egalité et Réconciliation ? Mouloud Aounit ? Tariq Ramadan ? Fouad Alaoui ?
Non, chers lecteurs, cette réponse est, à la grande surprise générale, celle du président du Front National Monsieur Le Pen.
http://www.egaliteetreconciliation.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=4440&Itemid=115
Il semble en effet que Jean-Marie Le Pen ait miraculeusement découvert les ” joies ” de la repentance à l’égard des citoyens français de confession musulmane, n’hésitant ni à nous dresser un tableau idyllique de l’islam en France ni à dérouler désormais sans plus aucun complexe le tapis rouge de sa proximité idéologique avec des régimes politiques qui importent en Europe le fascisme islamique.
Ce revirement spectaculaire de discours concernant ce qui deviendrait soudain la compatibilité de l’islam avec le modèle républicain laïque français, surprend pour le moins ! Souvenons-nous en effet : le 2.04.04, le Tribunal correctionnel de Paris avait condamné Monsieur Le Pen pour une interview donnée au journal Le Monde le 19.04.03 dans laquelle il avait affirmé notamment :
« … le jour où nous aurons en France, non plus cinq millions mais 25 millions de musulmans, ce sont eux qui commanderont. Et les Français raseront les murs, descendront des trottoirs en baissant les yeux. Quand ils ne le font pas, on leur dit : ” Qu’est-ce ce que tu as à me regarder comme çà, tu cherches la bagarre ? ” Et vous n’avez plus qu’à filer, sinon vous prenez une trempe. »
Alors, que nous dit Monsieur Le Pen dans l’interview accordée au site Egalité et Réconciliation ?
I – Monsieur Le Pen n’argumente jamais l’idée selon laquelle l’islam serait compatible avec le modèle républicain et laïque français, allant parfois du reste jusqu’à ignorer superbement l’actualité des débats actuellement menés en France sur ce sujet.
1. Monsieur Le Pen affirme que les cinq piliers de l’islam peuvent parfaitement s’intégrer dans le paysage républicain et laïc français :
En vérité, à la question posée : ” Y-a-t-il incompatibilité entre les cinq piliers de la foi musulmane – profession de foi, cinq prières quotidiennes, ramadan, charité du vendredi, pèlerinage une fois dans sa vie, à la Mecque – et le mode de vie français ? “, Monsieur Le Pen se contente seulement d’affirmer : ” A mon sens, en vérité aucune. “
Or, tout débat politique est fondé sur l’argumentation. De ce point de vue, Monsieur Le Pen, en refusant d’emblée de développer son argumentation sur le sujet, nous démontre au mieux qu’il ne maîtrise pas le sujet, ce qui serait tout de même préoccupant de la part d’un élu qui prétendait accéder aux plus hautes fonctions de l’Etat français. Au pire, qu’il refuserait l’idée même de débat et donc indirectement le fondement même de la démocratie, telle que nous l’avons héritée de l’Antiquité grecque.
Enfin, comment ne pas y voir un mépris ouvertement affiché à l’égard des citoyens français auxquels le message envoyé serait finalement :
« Moi, je vous dis que l’islam s’intègre parfaitement dans notre République laïque sans vous expliquer pourquoi. Assimilez ce que je vous dis sans vous poser de question(s) : le Chef a parlé et il a toujours raison. Pour ceux qui poseraient trop de questions ou contesteraient ce que j’affirme là, circulez, il n’y a rien à voir ! »
Maintenant, revenons précisément à la question d’origine : les cinq piliers de l’islam sont-ils compatibles avec le mode de vie français, ou plus exactement sont-ils compatibles avec le modèle laïc français ?
Prenons l’exemple du Ramadan. Dans un système régi par la Loi de Séparation de l’Eglise et de l’Etat de 1905, les administrations, les corps de la fonction publique doivent-ils prévoir d’aménager des horaires de travail aux salariés qui font le Ramadan ? Non. Pourquoi ? Pour deux raisons majeures :
– Ce n’est pas à la République laïque de s’adapter aux pratiques religieuses mais à ceux qui ont une pratique religieuse de s’adapter aux règles qui régissent le système laïc français.
– La Loi de Séparation de l’Eglise et de l’Etat de 1905 ne tolère, à juste titre, aucune confusion entre la sphère du politique et celle du religieux. En conséquence, toute pratique religieuse relève et ne devrait relever que de la stricte sphère privée. A l’inverse, cette règle de séparation du politique et du religieux doit être également et peut-être même en priorité appliquée par les élus de la République, ce qui n’est hélas pas toujours le cas. A titre d’exemple, le Maire de Paris Monsieur Delanöe a déplacé récemment la réunion du Conseil municipal de Paris pace qu’elle coïncidait avec le jour de la fête de Yom Kippour. Comme l’écrivait judicieusement Anne Zelensky dans le n°103 de Riposte Laïque, ” comment un élu de la République peut-il annuler une réunion essentielle au fonctionnement de la mairie, pour un fonctionnement religieux ? ” (” Lettre ouverte à Bertrand Delanöe qui annule un conseil municipal pour cause de Yom Kippour “)
Dernier point : une fois cette évidence énoncée mais non argumentée par Monsieur Le Pen selon laquelle les cinq piliers de l’islam seraient forcément ” compatibles avec le mode de vie français “, il nous explique ensuite que les religions chrétiennes étaient en principe ” des religions de paix, de fraternité et d’amour “, nuançant toutefois ses propos en soulignant que ” çà n’a pas empêché les catholiques et les protestants de s’égorger des siècles durant “. Certes. Monsieur Le Pen oublie juste de préciser qu’en 2009, l’Eglise catholique romaine ne reconnaît toujours pas le droit à l’avortement, n’encourage pas davantage l’usage du préservatif au risque de conduire inexorablement à la mort des populations entières infectées à terme par le syndrome d’immunodéficience acquise, refuse le mariage des prêtres et l’ordination des femmes, condamne l’homosexualité qu’elle qualifie de ” déviation objectivement grave “. Comment encore parler de fraternité et d’amour quand une église refuse à ce point obstinément de se remettre en question ?
2. L’indifférence affichée par Monsieur Le Pen sur les sujets d’actualité du moment :
a. La mission d’information parlementaire d’information sur la pratique du port du voile intégral sur le territoire national :
Que pensait Monsieur Le Pen des auditions qui se poursuivaient à l’Assemblée nationale, notamment celles de Sihem Habchi, Elisabeth Badinter, André Rossinot ? Nous ne le savons pas pour la simple et unique raison que le sujet a semblé le laisser complètement indifférent. Or, il eut, par exemple, été intéressant que Monsieur Le Pen nous donnât son avis sur l’une des phrases essentielles de l’intervention d’Elisabeth Badinter lors de son audition du 09.09.09 :
” Les femmes sont instrumentalisées pour être l’étendard bien visible de l’offensive intégriste, des intégristes en tous points hostiles aux principes démocratiques de l’Occident et en particulier de l’égalité des sexes. “
Notons toutefois que Monsieur Le Pen a déjà plusieurs fois changé d’avis sur la question :
– Premier point de vue de Monsieur Le Pen exprimé dans une interview accordée au journal La Croix le 20.02.07 : ” Je ne vois pas d’inconvénient à ce que des femmes musulmanes se promènent avec le voile. Cela a déjà l’avantage de rendre leur présence visible. J’ai connu le temps où ma mère n’allait pas à l’église sans porter un chapeau ou un foulard sur la tête. Je crois que le voile ne prospère que parce qu’il est interdit. Simplement, il ne faut pas que le port de ces affûtiaux empêche le contrôle des identités. A l’école, en revanche, il faut respecter le règlement qui prévoit d’avoir la tête nue. … “ [Interview du Journal La Croix, ” Jean-Marie Le Pen, candidat du Front national : « L’Etat n’a pas à encourager ni à combattre les religions » “, propos recueillis par Antoine Fouchet, Michel Kubler et Céline Rouden.]
– Deuxième point de vue de Monsieur Le Pen exprimé lors d’un récent Conseil national : ” Et ceux qui permettent ou exigent toujours plus de naturalisations et de régularisations sont les mêmes qui s’émeuvent du fait que de plus en plus de burqas sont visibles dans nos rues. “
[Site officiel du Front National – Nos idées/Discours – Le Conseil national du Front national -Discours de Jean Marie Le Pen, posté le 22.0.09.]
b) La multiplication des demandes de construction de mosquées :
A la question suivante ” Ce que certaines personnes peuvent reprocher aux mosquées, c’est d’abord de ne pas s’inscrire dans l’architecture traditionnelle … “, Monsieur Le Pen répond :
” Je dirais qu’il y a là une volonté provocatrice, en particuliers des musulmans sous influence wahhabite. Ces espèces de grands blocs à la manière du Sacré-Cœur de Montmartre. Ces grandes mosquées financées par l’Arabie Saoudite, que l’on voit à Singapour, à Hong Kong, partout dans le monde. C’est sûr que cela peut apparaître incongru dans le paysage où s’inscrivent ces fantaisies architecturales. … “Les demandes de construction de mosquées se multiplient en France, bien souvent avec la complicité d’élus locaux qui ne rejettent jamais l’opportunité de récupérer un électorat ” musulman ” qu’ils croient pour autant prêt à se précipiter dans les bureaux de vote une fois le lieu de culte tant convoité construit.
En attendant, des mosquées de plus en plus grandes se construisent ou sont en projet de construction, affichant la montée en puissance de l’islam en France. Et comment se contente de réagir Monsieur Le Pen face à ce constat préoccupant ? Monsieur Le Pen parle d’une simple ” volonté provocatrice “, puis se limite ensuite à relever le seul ” côté incongru dans le paysage où s’inscrivent ” ce qu’il appelle ” ces fantaisies architecturales “. Autant dire que Monsieur Le Pen se moque carrément de l’opinion publique ! Ou alors qu’il part à la conquête, lui aussi, des voies des musulmans de France …
II – Monsieur Le Pen est un admirateur inconditionnel des dictatures islamiques.
L’essentiel de l’interview accordée par Monsieur Le Pen au site Egalité et Réconciliation est consacrée à l’analyse des dossiers internationaux. Prenons quelques exemples :
a) L’Irak et l’Iran :
Curieusement, Monsieur Le Pen semble soudain frappé d’amnésie sur les dossiers respectifs de l’Irak et de l’Iran, se contentant de confirmer qu’aux pires moments du conflit entre l’Iran et l’Irak (1980-1988), il avait joué les intermédiaires. Tout en ajoutant : « Je pense qu’ils ont été tous deux victimes de manipulations américaines et que cette guerre a été suscitée, entrevue, aggravée par les Etats-Unis et Israël ». Le tout sans jamais, une fois de plus, apporter l’ombre d’une seule preuve.
Attardons-nous donc quelques instants sur ces deux dossiers :
Concernant l’Irak de Saddam Hussein :
Monsieur Le Pen sait nous attendrir en nous renvoyant les images du ” martyr vécu par le peuple irakien ” à la suite de la Guerre du Golfe. Il sait tout autant promouvoir au passage l’association SOS Enfants d’Irak de Madame Le Pen.
Mais à l’inverse, Monsieur Le Pen se dispense de rappeler que lors du conflit qui avait opposé quelques années auparavant l’Irak à l’Iran, le régime de Saddam Hussein a recouru à l’emploi massif de gaz lacrymogènes puis d’armes chimiques mortelles. N’oubliant pas non plus de réserver un ” traitement ” spécifique à l’attention de la population kurde qui sera massivement gazée.
Chacun remarquera donc que Monsieur Le Pen n’a pas la même appréciation du ” martyr vécu par le peuple irakien ” selon qu’il se situe du côté des puissances occidentales ou du régime totalitaire irakien…
Que Saddam Hussein ait lancé son armée contre d’autres criminels en 1980, en l’occurrence l’Iran des mollahs ne présentait rien de condamnable en soi. En revanche, ce qui est criminel de la part du régime irakien de l’époque, c’est d’avoir mis en place une politique d’extermination parfaitement planifiée des populations iraniennes, ressemblant à bien des égards à s’y méprendre à ce que le Peuple du Livre avait vécu quelques décennies auparavant. D’ailleurs, Saddam Hussein a été jugé par un tribunal d’exception, le Tribunal spécial irakien, pour génocide, crime contre l’humanité et crimes de guerre.
Le 19.11.90, Monsieur Le Pen, à la tête d’une délégation de huit députés des droites européennes, rencontre à Bagdad ” le grand démocrate ” Saddam Hussein. Les congratulations étaient alors de mise et il faut bien reconnaître que Monsieur Hussein n’avait pas ménagé ses efforts pour dérouler le tapis rouge à Jean-Marie Le Pen Le Pen.
Pourtant, souvenons-nous que le régime totalitaire irakien se caractérisait déjà à l’époque– à l’image du reste de nombre de régimes totalitaires – par : une propagande omniprésente diffusée dans tous les médias, un culte de la personnalité mis en relief par la présence de nombreuses statues et l’affichage d’immenses portraits de Saddam Hussein dans tous les lieux publics d’Irak, une presse hautement censurée, l’arrestation et l’exécution des opposants au régime – opposants principalement chiites et kurdes.
Au vu du rappel de ces faits, chacun comprendra donc désormais aisément pourquoi Monsieur Le Pen n’a pas, de toute évidence, jugé utile de remémorer devant le journaliste Nicolas Gauthier ses relations passées avec un dictateur qui avait tant de sang sur les mains. Ce qui n’a toutefois pas empêché Monsieur Le Pen d’avoir l’outrecuidance d’oser malgré tout déclarer au cours de l’interview qu’il est ” respectueux du droit des hommes ” !
Concernant l’Iran :
Grand silence observé également par Monsieur Le Pen sur l’actuel régime iranien. Pourtant, là non plus, le moins que l’on puisse dire, c’est que Monsieur Le Pen n’a pas toujours témoigné autant de réserve sur le dossier iranien.
A titre d’exemple, rappelons simplement ce qu’il déclarait précisément le 11.02.09 au Centre Zahra où il était venu célébrer le 30ème anniversaire de la prise du pouvoir par les ayatollahs en Iran :
« Vous savez que je suis un ami de l’Iran. Je l’ai toujours montré. Je me suis toujours rangé du côté des Nations libres et qui n’acceptent pas le diktat d’autres pays, en particulier sur les problèmes récents de l’industrie nucléaire, j’ai dit que je pensais que l’Iran avait les mêmes droits que n’importe quel autre pays du monde et que s’il y avait une voix qui devait être hostile à l’arme nucléaire, eh bien elle devait commencer par désarmer ceux qui s’en étaient dotés bien souvent secrètement et en contravention totale avec les règles de l’O.N.U …. La crise a peut-être sauvé l’Iran d’une attaque que je craignais pour ma part beaucoup notamment dans la fin des années Bush et j’ai poussé un soupir de soulagement en me disant que peut-être Dieu est grand. »
” Je l’ai toujours été ” – un ami de l’Iran donc : c’est pour le moins contestable quand on sait ce qu’a été la proximité politique du président du Front national avec l‘ancien président irakien. On ne peut pas non plus prétendre avoir toujours été l’ami du peuple iranien après avoir été celui d’un chef d’Etat irakien qui a tellement massacré le peuple iranien ! Alors, quand en plus Monsieur Le Pen déclare un peu plus loin dans la même interview donnée au Centre Zahra, être un homme logique ….
Quoi qu’il en soit, chacun observera que Jean-Marie Le Pen, bien plus bavard en ce mois de février 2009 qu’il ne semblait en vérité l’être à la fin du mois de septembre de la même année sur le dossier iranien, qualifie de ” Nation libre ” un régime qui menace ” de rayer Israël de la carte ” d’une part, qui est d’autre part en vérité une menace pour toutes les démocraties du monde. En un mot une menace pour le monde libre. Mais je cède là la place au remarquable discours prononcé sur le sujet par le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, en septembre dernier, à la tribune de l’Assemblée générale de l’O.N.U :
« Peut-être certains d’entre vous croient-ils que cet homme et son régime odieux ne menacent que les Juifs. Vous vous trompez. L’Histoire nous a montré, à maintes reprises, que ce qui commence par des attaques contre les Juifs se termine finalement par l’engloutissement de beaucoup d’autres. »
Un peu plus loin, le discours de Monsieur Netanyahu ci-dessous également cité, ne sera pas sans nous remémorer en bien des points celui de la psychiatre américaine d’origine syrienne Wafa Sultan :
« Partout où ils le peuvent, ils imposent une société arriérée, enrégimentée, où les femmes, les minorités, les homosexuels, ou quiconque n’est pas considéré comme un vrai croyant, sont brutalement asservis. La lutte contre ce fanatisme n’oppose pas une foi à une autre, ni une civilisation à une autre. Elle oppose la barbarie à la civilisation, le 9ème siècle au 21ème siècle, ceux qui glorifient la mort à ceux qui respectent la sainteté de la vie. »
Pour permettre à nos lecteurs de vérifier combien le discours de Monsieur Netanyahu et celui de Wafa Sultan se rejoignent, je les invite à relire ce que Wafa Sultan disait lors d’un débat sur Al Jazeera, le 21.02.06 :
« Le conflit auquel nous assistons n’est pas un conflit de religions ou de civilisations. C’est un conflit entre deux opposés, entre deux époques. C’est un conflit entre une mentalité qui appartient au Moyen – Age et une autre qui appartient au XXIème siècle. C’est un conflit qui oppose la civilisation au retard, ce qui est civilisé à ce qui est primitif, la barbarie à la raison. C’est un conflit entre la liberté et l’oppression, entre la démocratie et la dictature. C’est un conflit entre les droits de l’Homme d’une part, la violation de ces droits de l’autre. C’est un conflit qui oppose ceux qui traitent les femmes comme des animaux à ceux qui les traitent comme des êtres humains. Ce à quoi nous assistons aujourd’hui n’est pas un conflit de civilisations. Les civilisations ne s’affrontent pas ; elles se complètent. »
[Citation des propos de Wafa Sultan lors du débat sur Al Jazeera, mentionnée en conclusion de l’ouvrage rédigé et édité par Riposte Laïque “Les Dessous du voile ” – Conclusion intitulée « Bilan et perspectives » par Cyrano, pages n°371 à 376.]
En conclusion du présent chapitre, nous voyons bien que Monsieur Le Pen n’a pas forcément toujours le courage de ses opinions. Sinon, pourquoi ne pas avoir rappelé dans son interview donnée à Egalité et Réconciliation toutes ces vérités ? Pourquoi ne pas avoir dénoncé la répression à laquelle se sont livrées notamment les milices pro-gouvernementales iraniennes Bassiji à l’encontre du peuple perse et ce à la suite de la réélection de Mahmoud Ahmadinejad ? Pourquoi Monsieur Le Pen ne dénonce-t-il pas non plus les procès staliniens, les tortures, les viols en prison ? En un mot l’indicible enfer que traverse le peuple perse.
b) Le conflit israélo-palestinien :
Face à Nicolas Gauthier qui n’hésite pas à affirmer que ” les Afrikaners ne faisaient pas endurer aux Noirs le centième de ce qui se passe à Gaza”, Monsieur Le Pen répond sans jamais, une fois encore, apporter l’ombre d’une seule preuve à l’appui de ce qu’il affirme :
« Ce serait insulter les Afrikaners que de faire cette comparaison. ….. C’est sûr que le traitement réservé aux Palestiniens est absolument scandaleux. »
En d’autres termes, et sans jamais être cité en tant que tel, l’Etat d’Israël est assimilé à un Etat qui pratiquerait l’Apartheid. A la différence près qu’il existe aussi une population arabe qui vit en Israël, preuve s’il en est que les dirigeants israéliens ne ” parquent ” pas tous les arabes en Palestine comme cela serait le cas dans le cadre d’une politique d’apartheid classique affectant des populations selon des critères raciaux ou ethniques dans des zones géographiquement déterminées d’une part. D’autre part, laisser entendre que les Afrikaners n’auraient finalement pas si mal traité les Noirs d’Afrique du Sud qu’on ne le dit généralement est une affirmation mensongère car c’est surtout omettre de reconnaître que les Afrikaners ont soutenu longtemps le système d’apartheid, soit par sécurité soit par idéalisme.
Enfin, il faut que Monsieur Le Pen cesse de mentir ainsi à l’opinion publique française au sujet de Gaza, rejoignant ainsi la cohorte de propagandistes en tous genres que l’on trouve à l’extrême gauche mais aussi au M.R.A.P, à l’U.O.I.F en France…..
Sur ce point, j’ai déjà eu l’occasion de parler de la situation à Gaza dans un précédent article et de ce qui avait conduit le gouvernement israélien à engager l’opération militaire ” Plomb durci ” du 27.12.08 au 18.01.09, en résumant notamment une note du Service d’information de l’Ambassade d’Israël en France en date du 15.03.08 et intitulée ” La guerre du Hamas contre Israël ” : l’exemple de Sdérot qui recevait 45% des milliers de roquettes envoyées dans la bande de Gaza ; la propagande dont se servait et se sert encore le Hamas en éduquant les enfants à ” faire la guerre ” et par le biais des médias où les israéliens sont le plus souvent comparés à des nazis ; la technique du bouclier humain à laquelle recourt le Hamas qui consistait à opérer des tirs de roquettes depuis des zones peuplées.
En conséquence, le journaliste Nicolas Gauthier n’est en aucun cas habilité à prétendre que les palestiniens ” se font ratonner un peu ” ” quand ils se révoltent avec leurs roquettes en carton “. Pas plus que Monsieur Le Pen ne devrait être autorisé à relayer finalement assez habilement un tel mensonge éhonté puisqu’il veille sur ce sujet d’emblée à se positionner en victime : « Dès que l’on dit cela, on est immédiatement pris pour cible. »
D’une manière générale du reste, Monsieur Le Pen ne condamne par ailleurs jamais les attentats des kamikazes palestiniens qui provoquent la mort de civils israéliens. Il y a sur ce point pourtant des évidences que les amoureux de la liberté dénonceraient tout de suite, comme l’avait fait là aussi Wafa Sultan dans une interview accordée à Guysen News International, le 13.11.09, parue sur le site le 19.11.09 : « Seuls les musulmans défendent leur religion, leur enseignement en tuant, en détruisant les églises et temples, en brûlant les ambassades. Je n’ai jamais entendu dire qu’un juif s’était fait exploser dans un restaurant allemand. »
Ma conclusion ?
Ce qui est inquiétant avec Monsieur Le Pen, c’est qu’il consacre le plus clair de son temps à condamner toutes les mesures prises par la classe politique et ce quelle que soit la sensibilité politique du gouvernement en place, ne redoutant nullement de devoir à son tour affronter un jour son incohérence dès lors qu’il dépense également lui-même énormément de temps et d’énergie à changer d’opinion et de ligne politique sur un certain nombre de thèmes, notamment celui de l’islam comme nous avons eu l’occasion de le constater au cours du présent article.
Sans doute faut-il déceler dans ce revirement spectaculaire, apparent ou réel, de posture sur l’islam en France, une stratégie électoraliste visant à récupérer un certain nombre de voix chez les six ou sept millions de musulmans français.
Bonapartine