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Montpellier : plainte contre un muzz qui me menaçait parce qu’athée

Tout commence au début de l’été, rue de la Saunerie à Montpellier, je sors de la salle de sport. Zen juste ce qu’il faut : en face de moi, une sorte de junkie, genre chance pour la France, avec du vécu, tout en noir et casquette de racaille, épais comme un cure-dents. Tu devrais pas porter ça, c’est pas beau, dit-il quand il me croise. Ça, c’est sans doute mon badge, gros comme une sous-tasse, orné d’une tête de mort avec le mot ‘Athée’ ; ça fait 15 ans que je le porte, j’en suis assez fier, même s’il agace. Il n’est pas le premier ni le dernier à aboyer, je continue tranquille, fin du chapitre.

Le temps passe dans cette ville qui se tiers-mondise de plus en plus rapidement. Il y a 2 semaines, dans le même secteur, je recroise l’enrichissement par la différence, sapé pareil, à croire qu’il doit dormir avec et là, même topo mais en pire, enlève ça, ça me dérange, moi ça m’arrange, je lui rétorque. Il finit sur “on se reverra”, qu’il veut menaçant. Il me gonfle, j’ai vécu chez eux, des hystériques du Moyen-Âge, des inquisiteurs à la ramasse défoncés au shit, à l’alcool et au Coran qui rampent devant leurs dictateurs. Je rentre et sur Internet, je cherche police et plainte en ligne et j’y vais de mon pamphlet. 3 jours après, coup de téléphone et une policière qui me confirme un rendez-vous pour porter plainte.

Le jour convenu, je me pointe au commissariat du centre-ville, courte attente et un agent de police me reçoit pour le procès-verbal. Le problème est qu’il ne sait pas qualifier l’infraction. Il cherche sur le code. Vous auriez dû faire une main courante, explique-t-il. Il parait embêté, soucieux. Il me fait de la peine. Je dis, si ça peut faciliter, je suis d’accord, mais là il me sort la provocation non publique à la discrimination en raison de l’origine : l’ethnie, la nation, la race, la religion. Je suis heureux pour lui, je dis que c’est parfait, je ne veux pas l’embêter plus longtemps. Il m’emmène signer à l’accueil, un collègue lui demande de quoi il s’agit. Il lui explique en aparté. J’entends l’autre lui demander mon nom. Quand il l’entend il dit un “ça ne marchera pas” très révélateur. Je dis merci, au-revoir et je sors content du devoir accompli. Comme disait Guillaume  d’Orange, il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer. Après tout, le passé n’est que du présent mort et ce qui a été peut être encore, éternel comme une quête d’harmonie, intemporel comme le désir de liberté qui guidait mon père et mon grand-père pendant la guerre, indispensable comme un  cri de désespoir, de rage et de haine, celle de ces barbares qui veulent imposer leur obscurantisme dégénéré, absolue comme ma révolte le jour où un musulman a dit dans des vestiaires de salle de gym qu’il tuerait sa sœur si elle fréquentait un juif ou un chrétien. Et un athée lui ai-je demandé ? Il avait bafouillé “chacun fait comme il veut” avant que je le  calme d’un “c’est pas comme ça que ça marche” et que je l’achève avec un “il faut pas rester ici, vous vous faites du mal” définitif, enfin, le lendemain, il me menaçait quand même avant de disparaître opportunément.

Les Français ont oublié que la force de l’adversaire n’est que le résultat de sa propre faiblesse, que la barbarie ne doit pas faire peur mais indigner, que le courage est un instinct de vie transcendé qui donne un sens à l’existence et que la lâcheté est une mort sans cesse renouvelée. Les élites sont corrompues, nos dirigeants à tous les niveaux sont des pleutres, des petits jouisseurs qui ne pensent qu’à survivre et à se gaver. Il faut résister jusqu’à ce que l’espoir change de camp et que le combat change d’âme.

Demain sera un autre jour.

Robert Capelle