Les amateurs de polars seront sans doute endeuillés de la mort d’Henning Mankell, décédé le 5 octobre à Stockhölm.
Les lecteurs auraient pu s’en douter, notez bien, depuis que dans L’Homme Inquiet, Mankell leur avait fait la mauvaise surprise d’affliger son inspecteur Wallander de la maladie d’Alzheimer. Sans Wallander, Mankell c’était comme Simenon sans Maigret.
Même si l’on n’est pas amateur du genre, il n’est pas inutile de nous pencher quelques instants sur l’œuvre et son auteur. Mankell était le géant du polar suédois.
Non, pas l’auteur de Millénium. L’autre.
Par ailleurs auteur de romans et de pièces de théâtre, c’est la série policière des Wallander qui l’ont fait connaître dans le monde entier. Traduite dans toutes les langues, son œuvre policière connaît un succès phénoménal.
Qu’est-ce qui fascine tant chez cet auteur? Son personnage récurrent, Kurt Wallander, bourru et mal aimé, désespérément solitaire dans sa petite ville d’Ystad au Sud de la Suède. Sans doute aussi la vision inquiétante qu’il donne d’une Suède moins lisse qu’on ne l’imagine.
Mankell est de gauche, ce qui n’est pas interdit et même, n’empêche pas d’être un bon écrivain, mais peut lui donner une vision de l’homme et de la société réductrice. L’univers de Mankell, c’est l’autre côté de la social-démocratie suédoise dans laquelle viennent rôder xénophobes, racistes, voire néonazis . A l’opposé, des immigrés, des clandestins, des demandeurs d’asile comme ceux que compte la Suède d’aujourd’hui. Mankell est résolument du côté des petits gens. Et chez lui, les petites gens, les opprimés, ce sont ces étrangers qui vivent plus ou moins en marge de la société suédoise.
Né en 1948, Mankell, un pur produit de la génération soixante-huitarde, se fait le héraut de ses utopies et de ses désillusions.
Vivant une partie de l’année dans l’ancienne colonie portugaise du Mozambique, il n’a de cesse de fustiger l’Europe qui s’acquitte mal, selon lui, de ses devoirs envers l’Afrique. L’Europe a des comptes à rendre selon lui: elle aurait pu éradiquer l’analphabétisme, la malaria, la faim. « Nous devrions faire en sorte que l’Afrique soit nourrie aussi bien que le reste du monde« déclarait-il en 2008 dans une interview au Nouvel Obs au cours de laquelle il n’épargne pas davantage la Chine. L »ancien admirateur de Mao, est déçu de voit ce qu’est devenu la Chine d’aujourd’hui dont il rejette le capitalisme sauvage et qui instaure en Afrique une forme de neo-colonialisme. Il n’a pas tout à fait tort. Mais alors qu’il déplore l’image misérabiliste qu’offre d’elle l’Afrique au reste du monde, ne voit pas que c’est précisément sa vision d’ une Afrique forcément victime qui y contribue.
Fort de cette croyance qui veut que l’immigration a fait l’Europe, Mankell est de cœur et d’âme un fervent immigrationniste pour qui Lampedusa doit être le centre symbolique de l’Europe, tête de pont de l’Afrique et porte de l’Europe vouée historiquement au rôle de terre d’accueil. Plus encore que terre d’accueil : l’Europe a besoin des migrants qui viennent faire le boulot que nous ne voulons pas faire. Soucieux de corriger ce que peut avoir de naturellement discriminatoire la géographie, Mankell souhaite la construction d’un pont entre l’Espagne et le Maroc.
Quand il parle de la France, c’est bien sûr celle du Siècle des Lumières et de la Révolution. De la France d’aujourd’hui, il retient essentiellement les banlieues ghettos, pur produit de l’exclusion. Conscient que peu de pays sont aussi accueillants que le sien, il déplore néanmoins en Suède, qui a des banlieues semblables aux banlieues françaises, une montée de la xénophobie: « Une démocratie a toujours à redouter le retour du fascisme » avertit-il. Cette mise en garde concerne bien sûr a société suédoise, non les nouveaux arrivants.
Pour lui, l’un des maux de l’Europe est sa quête d’une identité nouvelle. Celle-ci ne pourra venir que de ces neo-populations.
On retrouve chez Mankell tous les credo de gauche: responsabilité de l’Occident dans les malheurs de l’Afrique, devoirs de l’Occident vis-à-vis des migrants, défiance face à ces remontées supposées de racisme, salut et régénérescence par l’immigré.
Heureusement, dans ses polars, Mankell avait la puissance charnelle du romancier qui nous rendait douloureuse la solitude du crépusculaire Wallander dans les paysages monotones de la Scanie.
Mankell a participé comme un idéaliste débile et pacifiste-agressif à une flotille vers Gaza, ce fameux camp de concentration à ciel ouvert! comme si les camps n’étaient pas TOUS à ciel ouvert?????et dont les élites se vautrent dans le confort outrancier. Mankell était comme Céline Brasillac Rebattet et Heidegger un écrivain talentueux mais un cinglé débile affectif…
C’est le comportement moral d’un homme qui compte, pas ses « performances » technico-intellectuels-)artistiques. Car Sinon, Hitler était un très grand admirable artiste….!!!!!!!!!
Et dans les médias, comme d’habitude, on tresse des lauriers au grand disparu, puisque c’était un écrivain « engagé ». S’il ne l’était pas son talent eût été plus contestable, et on n’en n’aurait pas dit trois mots. Vous remarquerez que le terme « engagé » est réservé aux personnalités de gauche. S’il avait été aussi actif mais à droite, il aurait été « connu pour ses prises de position polémiques ».
Même sentiment. Un auteur talentueux incontestablement et un gauchiste jusqu’à la caricature.