L’affaire a commencé au mois de mars de cette année 2013 quand les banques chypriotes décidèrent de ponctionner les comptes au montant supérieur à 100 000 euros. Durant les 10 jours de fermeture (initialement prévus à 2), les habitants ont été empêchés, bien évidemment, d’avoir accès à leur argent afin d’éviter la fuite des capitaux. Un certain nombre de contraintes avaient donc été mises en place comme :
– retraits au guichet inférieurs ou égaux à 300 euros/jour/personne.
– paiements à l’étranger ou virement inférieurs à 5000 euros/mois.
– les voyageurs quittant l’île ne pouvaient emporter que 1000 euros en espèces.
Le 27 juillet dernier, 6 mois plus tard, le journal “Challenges” révèle enfin la décision définitive de la Banque Centrale de Chypre dans le cadre du plan de sauvetage européen : les comptes des épargnants seront ponctionnés à 47,5 %, et ils concerneront les dépôts de plus de 100 000 euros.
Les citoyens chypriotes ont eu chaud aux fesses car le gouvernement avait aimablement demandé aux banques de ne pas les dépouiller de plus de 50%.
Avec un plan de sauvetage – terme de novlangue signifiant dans la vraie vie “hold up à main armée”- qui n’hésita pas à ratiboiser et même à mettre à poils nombre d’épargnants, Chypriotes et Russes, les victimes seraient en droit d’exiger- quand même, c’est la moindre des choses- de fantastiques retombées pour leur pays.
Absolument pas !
Le FMI, la faucheuse monétaire internationale vient de dépêcher dans l’île un économiste italien afin qu’il rende compte du succès de l’opération et les résultats, c’est bête alors, ne sont pas au rendez-vous :
– un taux de chômage de 17%.
– récession au 2 ème trimestre.
L’extraordinaire, c’est d’apprendre que non seulement les Chypriotes et les résidents Russes après avoir été scalpés il y a 6 mois n’ont toujours pas accès à leur argent puisque la mesure mise en place au mois de mars ligotant leur marge de manoeuvre…fonctionne toujours !
Et le plus extraordinaire, c’est que les banques chypriotes, non contentes de les avoir braqués avec succès, est sommée de ne plus prendre d’initiatives unilatérales comme cet appel du gouvernement à rapatrier sur l’île les avoirs détenus par des Chypriotes à l’étranger en échange d’avantages fiscaux.
C’est qu’ils ne manquent pas d’humour, les banquiers là-bas ! Non contents d’avoir raflé leurs clients une première fois, ils les exhortent à rapatrier ce qu ‘ils avaient mis, rétrospectivement parlant, à l’abri, mais en les assurant très honnêtement d’avantages fiscaux.
Aie confiaaaance…!
http://www.rfi.fr/europe/20130909-economie-chypriote-sous-supervision-ex-cadre-lehman
La spoliation des épargnants par les banquiers, parce qu’il faut bien nommer les choses par leur nom, c’est à Chypre. Et Chypre, c’est loin, c’est tout petit, les comptes pillés appartenaient surtout à des Russes dont les avoirs étaient estimés entre 15 et 20 milliards d’euros. Si on n’allait pas s’apitoyer plus que de raison sur leur pertes financières (sachant que les origines n’étaient pas toujours très orthodoxes…) le procédé utilisé n’en reste pas moins parfaitement antidémocratique et odieux.
Nous nous sommes vite empressés d’oublier Chypre. Chypre ? Une erreur dans le système.
En France, JAMAIS “ils” ne feraient ça !
Atlantico, le 25 septembre dernier, intitulait l’un de ses articles : ” Et l’air de rien, la Pologne commençait à confisquer l’épargne retraite des Polonais“.
Information qui avait été énoncée par Bloomberg, le 4 septembre, sans qu’aucun média français ne s’en fasse le relais. C’est bizarre…
La situation polonaise est-elle si dramatique que ses citoyens doivent, eux aussi, éponger l’incurie de ses gouvernants ?
Absolument pas :
“Un coup d’oeil sur Eurostat vous apprend que le ratio dette/PIB de la Pologne n’est que de 57,3 % contre 91,9 % pour la France. Par ailleurs, la dynamique de la Pologne est comparable puisqu’en un an, la dette de la Pologne ne s’est accrue que de 1,7% du PIB, exactement comme la nôtre“.
Le fin du fin, c’est l’Etat polonais qui ose affirmer que l’argent qu’il prend aujourd’hui servira à assurer aux vaillants patriotes une meilleure retraite.
Si on te vole aujourd’hui, cher enfant, c’est pour mieux te le rendre plus tard !
Aie confiaaaaaaance !
En France, JAMAIS “ils” ne feraient ça !
Eh bien…Si ! Et c’est même ce à quoi cogite le gouvernement socialiste depuis plusieurs mois. Après les deux premiers cobayes, Chypre et Pologne, Moscovici et ses sbires nous ont concocté un petit plan de sauvetage patriotique pour lequel nous allons être soulagés de notre encombrante épargne à hauteur de 10% pour tout placement de plus de 100 000 euros. Plus précisément, parce que c’est important d’être au courant, certaines voix proches du gouvernement qui ne pensent qu’à NOTRE pognon (pendant qu’ils sont déjà allés planquer LE LEUR dans un des ces paradis fiscaux qu’ils se sont bien gardés de supprimer) ces voix, donc, depuis des mois avaient calculé qu’en taxant comme dit précédemment de 17% NOTRE épargne supérieure à 100 000, ILS rembourseraient la quasi totalité de la dette française. 1770 milliards et des brouettes.
On ne remerciera jamais assez la Faucheuse Monétaire Internationale d’avoir fait montre de clémence.
La question qui vient immédiatement à l’esprit est : comment vont-il s’y prendre ?
Prélever d’un coup, d’un seul 10% de tous les comptes contenant 100 001 euros ?
Faire la même chose qu’à Chypre ? Et condamner les épargnants concernés à ne plus pouvoir retirer ce dont ils pourraient avoir urgemment besoin, et ce, alors même qu’ils les auraient déjà grandement déplumés ?
Vous amputer doucement, subtilement, régulièrement d’un p’tit bout par ci, d’un p’tit bout par là, histoire que vous vous y habituiez ?
Comme si tout ceci n’était pas déjà incroyable pour que nous ne puissions décemment pas adhérer à une telle organisation de braquage organisée vis à vis de laquelle les citoyens doivent exiger l’application de l’article 17 de la Déclaration des droits de l’homme et du Citoyen de 1789 :
“La propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé, si ce n’est lorsque la nécessité publique légalement et constatée l’exige évidemment, et sous la condition d’une juste et préalable indemnité”
Cet article vient en complément de l’article 2 dans lequel la Déclaration entend faire respecter :
– La liberté
– La propriété
– La sûreté et la résistance à l’oppression.
comme si tout ceci n’était pas assez incroyable, donc, nous avons cependant la certitude, comme Marc Fiorentino, que cet argent ne servira pas à rembourser la dette mais à financer de nouvelles dépenses publiques.
Or quand un Etat se transforme en Etat voyou s’apprêtant à commettre un vol en bande organisée, tout ce qu’il pourra dire, affirmer, justifier, promettre est, ipso facto, nul et non avenu.
Nous avons affaire à un Etat bandit qui, pour pallier sa gabegie n’hésite pas à spolier ses citoyens tout en les punissant de leur prévoyance. Un comble !
En plus des articles susnommés de la Déclaration de 1789, rappelons s’il était nécessaire, l’article 35 de la dite Déclaration :
Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.
C’est quoi, déjà, le refrain de la Marseillaise ?
Caroline Corbières