Ni burqa, ni voile, voilà ce que doit décréter la République !

Interdire la burqa est une question de principe : ou nous sommes laïques et féministes, et la burqa n’a nul droit de cité chez nous ; ou la burqa a droit de cité chez nous, et nous ne sommes plus laïques et féministes. C’est aussi simple que cela !
Pourtant, les objections foisonnent.
D’aucuns disent que chacun est libre de s’habiller publiquement comme il veut.
Ah bon ? Si je décide, en tant que femme ou en tant qu’homme, d’arpenter l’espace public avec trois fois rien de costume, ou, en tant qu’homme, d’arpenter le même espace en robe, me laissera-t-on faire ?
D’autres affirment que chacun est libre de suivre la religion de son choix, et la burqa relève du religieux.
Ah bon ? Et depuis quand doit-on laisser x ou y s’organiser publiquement autour du religieux ? Sommes-nous dans un pays d’obédience religieuse ou d’obédience civique ? Si nous optons pour le religieux, quelle religion sera l’heureuse élue ? Voulons-nous réactualiser la Saint Barthélemy ?
D’autres encore prétendent que parler de la burqa crée un effet de loupe, et qu’à ce titre, vouloir l’interdire par une loi reviendrait à «sortir un gros pilon pour écraser une mouche» (1), tant serait infime le nombre de femmes qui la portent.
Ah bon ? Les premiers voiles sur notre sol sont-ils arrivés par millions ? Quel fleuve peut s’enorgueillir d’avoir la mer comme source ?
D’autres enfin estiment que «cette histoire de burqa» est «l’occasion de déculpabiliser la parole raciste. Et cela, c’est faire le lit de l’extrémisme » (2).

Diantre ! Que vient faire ici la notion de race ? Certes, la bêtise nous a déjà accoutumés à confondre «race» et «religion» ou, plus exactement, «race» et «islam», car la même bêtise ne parle jamais de racisme anti-religieux : ledit racisme est toujours anti-musulman ! Mais voir des propos racistes dans la dénonciation d’une prison vestimentaire me laisse pantois ! Si je comprends bien, tous ceux qui fustigent les ceintures de chasteté sont racistes !
Soyons sérieux ! L’extrémisme n’est pas dans la déculpabilisation d’une parole qualifiée à tort de «raciste» : il est dans la burqa elle-même, qui représente la pudeur sans pudeur, le respect sans respect, la liberté sans liberté, toute énormité ayant coutume de dévaloriser la valeur qui s’y adonne.
La burqa est donc une énormité, comme est une énormité son frère en discrimination qu’est le voile, car ces deux pratiques vestimentaires sont de même essence, et cette essence est contraire à la mixité, à la convivialité et à l’égalité – que trois siècles de luttes politiques et sociales ont réussi à instaurer en France, pour le plus grand bonheur des Français.
C’est dire l’importance des décisions que prendra la mission parlementaire d’information au sujet de «la pratique du voile intégral sur le territoire national». N’interdire que la burqa serait avaliser définitivement le voile, qui pourrait, dès lors, aller du hidjab, dissimulant les cheveux et le cou, au jilbab, voile noir couvrant la tête et le front jusqu’aux sourcils, puis l’ensemble du corps ! Par contre, interdire d’un même mouvement ces deux symboles sexistes redonnerait espoir non seulement à une écrasante majorité de Français, mais encore à toutes ces musulmanes qui aspirent à vivre enfin comme leur père, leur mari ou leur(s) fils, c’est-à-dire «comme les hommes». Quant à ceux qui auraient l’idée de condamner pareille interdiction en raison des effets pervers ou violents qu’elle serait à même d’engendrer, qu’ils sachent une bonne fois pour toutes que le voile et la burqa sont déjà des effets pervers ou violents – qu’une république laïque et féministe a le devoir de combattre !
Maurice Vidal
(1) Claude Bartolone (PS), in Le Nouvel Observateur, 6-12 août 2009
(2) Xavier Carcopino, in Le Nouvel Observateur, 6-12 août 2009

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