Nicolas Hénin voulait faire condamner Riposte laïque : débouté !


C’est avec joie que nous apprenons que l’ex-reporter de guerre en Syrie, Nicolas Hénin, a été débouté de sa plainte à l’encontre de Thierry Michaud-Nérard et de Pierre Cassen, en sa qualité de directeur de publication présumé de Riposte laïque. Pour avoir écrit un article intitulé : « Nicolas Hénin, la victime de l’idéologie islamiste et du syndrome de Stockholm », publié le 28 novembre 2015, l’auteur, médecin psychiatre, avait été poursuivi par Hénin pour diffamation devant la17e chambre du tribunal de grande instance de Paris.

La partie était loin d’être gagnée et les plaidoiries ont été très âpres. Lors de l’audience du 2 juillet 2019, le juge rapporteur n’avait pas pris de gants pour questionner le docteur Michaud-Nérard. Quant à Hénin, dont on a commencé par faire l’éloge, il n’avait pas daigné apparaître en chair et en os aux côtés de Pierre Cassen ! Seul son conseil était présent.

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Le juge rapporteur avait rappelé que l’Ordre des médecins de la Réunion avait adressé un blâme au psychiatre Michaud-Nérard pour avoir osé évoquer le syndrome de Stockholm. Mais surtout, le ministère public avait nettement pris position en faveur de Nicolas Hénin, accusant Thierry Michaud-Nérard de profiter de sa qualité de psychiatre pour dénigrer une victime de Daech. Enlevé avec trois autres Français à Raqqa contre une rançon le 22 juin 2013, Hénin n’avait été libéré que dix mois plus tard.

Avec une rare virulence, l’avocat général avait même été jusqu’à critiquer la position de la Cour de Cassation, qui venait de reconnaître que Pierre Cassen n’était pas le directeur de publication au moment des faits. Comme si la Cour suprême s’était laissé berner par le fraudeur Pierre Cassen !

Mais si l’on lit le jugement entre les lignes, on constate que la relaxe est prononcée du bout des lèvres. Le jugement souligne « la violence des propos » et les qualifient même « d’injurieux ». Sous-entendu, la plainte aurait pu prospérer si elle avait été motivée par l’injure et non par la diffamation.

Soucieuse de respecter à la lettre la loi du 29 juillet 1881, article 29 alinéa 1, qui définit la diffamation, la dix-septième chambre, et c’est tout à son honneur, a jugé, probablement à contrecœur, que les propos tenus ne présentaient pas de caractère diffamatoire, au sens de l’article précité.

Selon elle, une « analyse » de l’état d’esprit et des motivations profondes du plaignant relevait du registre de l’opinion subjective, sans pourvoir être démontrées comme vraies ou fausses. Et par ailleurs, les allégations litigieuses n’avaient pas le caractère d’un fait précis pouvant faire l’objet d’un débat sur sa vérité. Donc, pas de fait précis, pas de diffamation.
Le jugement rendu le 29 octobre dernier met néanmoins l’accent sur le caractère particulièrement violent des propos tenus par Michaud-Nérard à l’encontre de la partie civile, en faisant un lien entre ses prises de position et la période où il était l’otage de l’organisation terroriste. C’est la raison pour laquelle il a aussi été jugé que la constitution de partie civile n’était pas abusive.

En conséquence de quoi, la demande de condamnation de Nicolas Hénin à 3 000 € de dommages, pour procédure abusive, sur le fondement de l’article 472 du code de procédure civile, a été rejetée par le tribunal. En clair, les frais de la défense resteront à la charge de Riposte laïque et de Thierry Michaud-Nérard.

Il faut saluer dans cette affaire la défense particulièrement rigoureuse de maître Pichon dans ce dossier délicat. L’avocat avait notamment fait remarquer au procureur que l’épisode de la prise en otage du plaignant en Syrie n’excusait pas les dérives dont Nicolas Hénin s’était rendu coupable après son retour en France : des prises de position insultantes vis-à-vis d’autres victimes de Daech, comme Patrick Jardin dont la fille fut assassinée au Bataclan, des signalements contre ceux qui ne partageaient pas sa compassion pour les bourreaux, des propos violents à l’égard des chrétiens et en particulier à l’égard de l’Église catholique. Ce qui a lieu d’étonner de la part d’un journaliste qui a vécu en Syrie, lorsque l’on sait le rôle joué là-bas par les minorités chrétiennes pour le retour à la paix !

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Autant de faits qui ont incité le médecin psychiatre en la personne de Thierry Michaud-Nérard, à rechercher un fil directeur à la conduite de l’ex-reporter de guerre. Il s’y est risqué en invoquant le « syndrome de Stockholm », un outil conceptuel créé par un psychiatre suédois, Nils Bejerot en 1973. Selon ce psychiatre, il s’agit « d’un phénomène psychologique observé chez des otages ayant vécu durant une période prolongée avec leur geôliers et qui ont développé une sorte d’empathie, de contagion émotionnelle vis-à-vis de ceux-ci, selon des mécanismes complexes d’identification et de survie ».

Un outil qui a peut-être ses limites mais qui a le mérite d’exister dans l’univers complexe de la psychiatrie.
N’en déplaise à Nicolas Hénin qui, par son comportement provocateur, a prêté le flanc à la critique, les limites à la liberté d’expression n’ont pas été franchies par ses détracteurs. On ne peut que se féliciter de la sagesse du tribunal dans cette affaire.

Hector Poupon