Nos cousins du Québec s’éveillent aux réalités de l’Islam

Le symbole de la ville de Montréal est pour moi la statue de l’amiral Nelson dominant la Place Jacques Cartier. Histoire et présent sont résumés dans cette co-existence dominant-dominé que révoltes sanglantes et révolution tranquille n’ont finalement jamais pu déranger.

Montréal se livre à l’anglophonie au fil des ans et les flux croissants de l’immigration (60.000 arrivants par an au Québec, l’équivalent arithmétique de 600.000 pour la France !) accentuent inexorablement ce mouvement. Pour les damnés de la terre conviés au festin des riches démocraties nord-américaines, la langue française, cette étrangeté, est un frein à l’avenir de leurs enfants. Ainsi le Québec anglicise-t-il jour après jour son coeur économique, financier, culturel, scolaire et universitaire : l’île de Montréal.

La déchristianisation vertigineuse de la province est le second paramètre d’une équation dont le résultat est clair : s’il y eut jamais une identité québécoise, la nécessité économique couplée à l’arrachage des racines fondatrices de la colonie l’a désormais rangée dans les tiroirs du passé. Ici, la jeunesse et pas seulement elle, vit comme en maints endroits du monde, dans l’inquiétude matérielle du lendemain. Misère et solitudes désincarnées, visibles en nombre dans la métropole, sont là pour signaler que les temps sont durs et les scrupules de la mémoire volontiers encombrants.

Dans cette situation où le vide spirituel peine à être comblé par l’assurance pérenne d’une vie meilleure, il y a évidemment de la place tant pour les argentiers véreux que pour les tenants d’une rigueur morale nouvelle, ressuscitée de quelques décombres, la sauce étant, à peu près comme chez nous, liée par des politiques plus ou moins englués dans le cloaque qu’ils ont eux-mêmes contribué à former.

Les tenants de cette rigueur sont désignés sous l’appellation globalisante de musulmans, et la mondialisation a gommé l’Atlantique entre autres frontières. Il devient dès lors aisé de trouver comparable ce qui, autrefois, était objet d’étonnement, de surprise, d’envie jalouse ou de condescendance amusée. Cette candeur de la découverte réciproque n’existe plus. Nous sommes tous embarqués dans la même galère, sur le même océan agité, sous le même ciel menaçant. Avec cependant une approche de l’environnement différente : à  la France jacobine et assimilatrice s’oppose le Canada fédéral et communautariste, au creuset des terroirs, des langues et des cultures d’où émergea il y a plus de mille ans le génie français, répond la juxtaposition d’ensembles souvent étrangers les uns aux autres, coexistant vaille que vaille dans un fédéralisme duquel chacun essaie de tirer le maximum, aux dépens ou non des autres.

À la perception d’une offensive musulmane de masse, évidente (sauf pour les lâches, les crétins utiles et les traîtres) contre nos valeurs de peuple né il y a fort longtemps de la matrice européenne, correspond, chez nos cousins et/ou amis d’outre-Atlantique une porosité somme toute compréhensibles chez des gens habitués à vivre depuis relativement peu de temps en communautés. Et pour qui l’arrivant doit trouver, sans trop perdre de ses origines, sa place dans son nouveau monde, à l’image de générations d’immigrants comme lui atterris un jour en Amérique.

Bien que moins « poreux » de ce point de vue que leurs voisins anglo-saxons (un reste de scepticisme français ?), les Québécois sont pourtant encore, pour une grande majorité d’entre eux, loin du souci qu’ont les Français de leur islamisation. Disons qu’ils ont une quinzaine d’années de retard sur nous, même si l’accélération des choses entraîne une ré-information active et croissante, par le biais de sites internet pertinents, bien informés et volontaristes.

Ceux-là ont compris le fond du problème et ils le font savoir avec, paradoxale, une écoute officielle souvent plus réactive que chez nous. Ainsi la dangereuse compromission d’une parlementaire avec les agents d’influence islamistes d’un Émirat (sous couvert d’échanges culturels), ayant été dénoncée par Point de Bascule, fut-elle stoppée net par décision « supérieure », et la dame en question priée officiellement de ne pas aller mettre les œufs canadiens dans le panier coranique.

Ce qui n’empêche pas, hélas, le camarade Ramadan de venir très officiellement pérorer à l’Université de Montréal et dans quelques autres lieux, où lui sont offertes les tribunes du haut desquelles il peut à loisir délivrer la parole (édulcorée pour la circonstance) de ses inflexibles maîtres.

Contre cet entrisme délétère, les islamo-lucides se comportent souvent ici comme des journalistes d’investigation. Le démontage des filières militantes de l’Islam, les preuves du financement de cette pénétration, avec son appendice terroriste, sous le couvert de ce que les Français acceptent et tolèrent encore (malgré le coup de semonce récent contre les prédicateurs fascistes hôtes de l’UOIF) comme offrandes de paix civile et d’harmonie spirituelle, ces preuves sont tangibles, d’ailleurs contestées par personne.

Cette rigueur journalistique, nous la connûmes à l’époque des talentueux et courageux fouilleurs d’ombre de l’Express, du Monde et de quelques autres grands journaux encore dignes de ce nom. Il s’agissait alors du communisme, de Pol Pot, de Mengistu et de quelques autres avatars tueurs, démasqués par des Revel, des Derogis, des Louyot. Voir par qui ces gens sont désormais remplacés nous rend quelque peu nostalgiques.

Quebec, Islam et siècle nouveau, donc. Concernant l’attitude à adopter face à l’entrisme des Ramadan, des Quaradawi et de leurs compagnons de route, deux tendances s’affrontent au bord du Saint-Laurent : la dure, qui exige l’expulsion des boute-feux et la neutralisation de leur base « intégrée » ; la souple qui souhaite que l’on laisse les gens s’exprimer afin de les confronter publiquement à leur véritable nature pour ainsi les démasquer. L’avenir plus ou moins proche ne manquera pas de trancher ce débat-là.

Lucidité quoi qu’il en soit, mais d’une infime minorité. Québécois et Nord-Américains en général sommeillent dans les hamacs de leur multi-culturalisme fondateur. « Bienvenue à tous » est encore inscrit en filigrane sur le drapeau fleur-de lysé de la Belle Province, le 11 Septembre semble s’être dilué dans les vapeurs de la bien-pensance, la douceur du discours musulman « modéré » faisant le reste pour que dure cette sieste dangereuse. Ici, on trouve normal de cuisiner halal pour des invités (militaires marocains de haut rang par exemple) à cheval sur les principes. Aucune malice n’est perçue dans la demande, on s’étonne, un peu, en souriant mais comme on est bien élevés, et tolérants, on s’exécute. Je cite cette anecdote car rapportée par des hôtes parfaitement cultivés, dûment informés, capables d’analyse et pourtant bien mis en condition, pour preuve cette affirmation : « L’Islam a enfanté la Renaissance via la philosophie grecque », qui sent bien sa petite graine de takkia dans le creux de l’oreille canadienne.

Enfanté, rien que ça ! Sortant de ma réserve d’étranger en visite, je me suis tout de même permis de rectifier deux ou trois choses, avec un argument : « Comment des gens interdisant la reproduction artistique du corps et du visage ont-ils pu générer Titien, Tintoret, Vinci ? Oui, comment ? » Argument, parmi d’autres, auquel on n’avait pas songé, et pour une bonne raison, l’ignorance pure et simple de la plupart des interdictions dogmatiques imposées par l’Islam. À Québec comme à Bordeaux ou à Strasbourg, le Coran est encore trop souvent musique douce, nuit câline, loukoum. Un leurre, aux dimensions d’un continent.

Comme chez nous, comme partout, on parle donc sans trop savoir avec, souvent, la désarmante candeur heureusement en début de vidange en France. Cela donne une idée du travail que nos amis d’outre-Atlantique ont encore à faire avant l’ébauche d’un début de prise de conscience collective du problème.

Avec 1% par an de population immigrée supplémentaire par rapport à la population globale, les Québécois se donnent les moyens de ressentir bientôt ce que les Français ont aperçu en 1989, lorsque sont apparus les premiers éclaireurs (en l’occurrence des éclaireuses) de l’offensive fascisante contre notre pays. Trois foulards pour une conquête, et la coiffe de l’Islam remplaçant la casquette des Vopos désarmés au pied du Mur de Berlin.

Au Québec, l’ostentatoire est encore dilué dans la foule ; même à Montréal où pourtant, le danger insécuritaire qui en est le compagnon de route, sourd de certains quartiers d’une ville longtemps considéré comme la plus sûre de toute l’Amérique. Pas encore de zones de non-droit, mais ça vient. Pas de voitures brûlées ou de menaces verbales aux petites koufars court-vêtues, mais des endroits que l’on évite pour rentrer chez soi, des échanges de regards que l’on rompt par prudence, en quelques endroits. Des petites choses que l’on oublie vite. Quand de leur côté, les édiles décident, ici ou là aussi, de ne pas froisser la vue de leurs hôtes par des arbres de Noël… Le piège qui se referme sur nous s’ouvre à peine là-bas.

Des petites choses, vraiment. Mais dont la signification commence à trotter dans les esprits. Et, ici ou là, à inquiéter. Ainsi pris entre une anglicisation à la hussarde que rien ne semble pouvoir arrêter, et la crainte vague encore à ce jour de voir s’implanter sur la terre américaine une culture et une civilisation carrément étrangère au mélange pré-existant, les Québécois s’interrogent sur leur avenir en tant que peuple.

Les referendums sur la souveraineté les ont par deux fois confinés dans la Fédération Canadienne, l’idée de former une nation indépendante s’est éloignée d’eux. Ils entament ces temps-ci une réflexion en profondeur sur ce qu’ils sont dans un monde désigné bien à tort comme simple village. Et même s’ils se moquent à l’occasion des “vieux pays” que nous sommes, ils nous regardent toujours avec un mélange de fascination et de nostalgie. La famille, en fin de compte… Elle existe!

Ce travail identitaire ne se fera pas sur le court-terme. Concernant la pénétrante islamique, l’impression qu’ils ont d’une France à même de maîtriser le sujet ne va pas les aider à accélérer une prise de conscience pourtant inéluctable. Et c’est vrai : nous sommes à leurs yeux le pays qui a le mieux réussi à juguler la poussée orientale, un exemple pour les nations anxieuses de devoir s’effacer !

Au regard de cette bizarre certitude, notre devoir est donc de leur amener, en co-action étroite avec ceux des leurs qui tentent de les éclairer, quelques preuves du contraire, ne serait-ce que pour leur montrer à quel point le peuple supposé « le plus intelligent du monde », moultes fois sauvé par des miracles, peut, à sa manière, se mettre cette fois lui-même en danger de disparaître purement et simplement.

Par suicide.

Alain Dubos

 

 

 

 

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