N’oublions jamais que Staline fut l’allié de Hitler durant deux ans

L’Union soviétique fut une alliée zélée et un adversaire des démocraties pendant un tiers de la durée de la Deuxième Guerre mondiale.

Auditeur attentif de « c’est l’info » j’adhère le plus souvent passionnément aux propos et aux démonstrations d’Éric Zemmour.
Jeudi dernier 25 juin, celui-ci a été interrogé par la présentatrice sur la célébration de la victoire de 1945 par la Russie et sur les propos de Poutine quant aux les responsabilités des démocraties et de la Pologne dans le déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale. Zemmour a donné raison au grand homme d’État russe et a affirmé que c’était la Russie qui avait détruit l’armée allemande et par conséquent gagné la guerre.
Son partenaire du plateau télé, Harold Hyman, l’a contredit et même nettement contré. Sur plusieurs points je lui donne raison.

L’insulte faite à la Russie
Le refus de participer aux cérémonies de célébration de la « guerre patriotique » est profondément injuste et insultant à l’égard du peuple russe courageux, patriote, attaché à la défense de sa terre et qui eut effectivement un rôle capital dans la victoire sur l’Allemagne.
Français et profondément patriote, je porte un nom russe. Je ne peux comprendre et accepter de la part d’un gouvernant de mon pays un comportement d’une pareille bassesse et profondément contraire à nos intérêts nationaux ; et ce envers un aussi grand pays que la Russie qui a traditionnellement des liens affectifs avec le nôtre et une civilisation aussi prestigieuse.
Mais quand on élit des cloportes, on subit des comportements de cloportes.

L’Union soviétique n’a pas gagné la guerre toute seule
Certes la Russie a joué un rôle capital dans la victoire sur les Allemands. Hyman dit 70 %. Peut-être. Mais affirmer 90 %, comme le fait Zemmour, est abusif. C’est oublier beaucoup de choses.
– c’est oublier que les Britanniques qui ont réellement commencé à participer à la guerre en juillet 40 après avoir lâché les Français, ont tenu deux ans tout seuls, en prenant des raclées au Proche-Orient, et que leur victoire d’El-Alamein a eu lieu 3 mois avant Stalingrad
– C’est oublier que les Anglo-Saxons se sont battus sur deux fronts : Allemagne et Japon, contrairement à l’Union soviétique comme l’a rappelé Hyman. C’est grâce à un accord avec Tokyo que Staline a pu rameuter les terribles troupes sibériennes qui défirent la Wehrmacht en vue de Moscou en décembre 41
– C’est ne pas penser au front angoissant de la bataille de l’Atlantique
– c’est omettre les convois immenses qui apportaient d’énormes quantités de matériel américain à la Russie par Mourmansk, convois qui connurent des pertes terribles
– C’est ne pas parler du front des bombardements sur l’Allemagne au cours desquels les équipages subirent des pertes énormes. Cette stratégie, critiquable à bien des égards, a eu le mérite de dégager une grande partie du front aérien russe
– Comment ne pas évoquer le front italien et, en contradiction avec Zemmour, le front du mur de l’Atlantique de la Norvège à Biarritz qui a retenu de grandes quantités de divisions allemandes inactives en attendant le débarquement allié et qui ne combattaient pas sur le front russe
– Le sacrifice humain des Russes fut certes immense. Avec un bémol cependant. Les Soviétiques ne faisaient aucun cas des pertes et ils ont procédé à un véritable gaspillage humain. Cependant 25 millions, c’est beaucoup. Il y 60 ans on disait 12 millions. Combien de victimes du seul socialisme soviétique parmi ces 25 millions ?
La supériorité technique, tactique, opérationnelle de l’armée allemande sur l’Armée rouge comme d’ailleurs sur les autres armées, acquise à force de travail de reconstruction et d’entraînement depuis 1920, rend contestable l’affirmation que toute seule, l’armée soviétique aurait pu battre la Wehrmacht et arriver à Moscou.

Deux autres facteurs plus subjectifs ont entravé cette supériorité :
– les erreurs stratégiques d’Hitler : la dispersion de ses forces en 41, le non-retrait de Stalingrad, etc.
– la stupidité criminelle germanique issue de son arrogance raciale qui vouait la population russe, pourtant au départ peu mécontente d’échapper à la tyrannie mortifère de Staline, aux massacres et à la famine et qui souleva le patriotisme très vif des Russes.

Une argumentation compréhensible de Poutine sur les responsabilités des deux démocraties
Les deux démocraties occidentales portent une indiscutable responsabilité dans le processus qui a mené à 1940 mais surtout par faiblesse.
Passons sur les jobards idéologues, pacifistes, lâches, incompétents et abouliques de la classe politique française de l’époque… Ils ont fait de notre pays le « dindon de la farce » (Zemmour dixit).
Il y a un livre à écrire par un non-anglais sur les responsabilités immenses de la Grande- Bretagne dans la catastrophe. De l’erreur de croire qu’une France épuisée était la puissance hégémonique de l’Europe, en passant par un désarmement quasi intégral, puis par la politique d’ « appeasement », pour finir par une garantie inconditionnelle octroyée à un homme comme le colonel Beck, chef du gouvernement polonais, le constat historique est accablant.

Que certains aient vu dans Hitler un bouclier contre un bolchevisme dont on connaissait les abominations partout où il passait comme en Ukraine, en Hongrie ou en Espagne est une chose certaine.
Mais affirmer que les démocraties ont décidé sérieusement au plan diplomatique de pousser l’Allemagne contre l’Union soviétique requiert des preuves qui ne sont pas connues jusqu’à maintenant. Il est à souhaiter que, si Poutine en détient, il les communique pour la vérité historique.
Quant à la Pologne il est vrai qu’elle signa, en 1934, devant l’inertie des démocraties face à Hitler, un traité de simple non-agression avec l’Allemagne.

Évoquer en défaveur de la Pologne sa participation au dépeçage de la Tchécoslovaquie, la posture butée et intransigeante du colonel Beck, les rodomontades de l’état-major polonais apparaît juste.
Mais faire de la Pologne éternellement martyre, étouffée par ses colossaux voisins la responsable de la guerre mondiale n’est pas sérieux. Bien avant 1939, Allemands et Soviétiques ambitionnaient en silence de rayer de la carte ce malheureux pays.

La stratégie prédatrice de l’Union soviétique
En septembre 1939, l’application des accords secrets entre les deux dictatures a permis à l’URSS d’attaquer de revers la Pologne et de s’emparer du tiers oriental de son territoire. Il s’en est suivi persécutions et massacres. Celui de Katyn est le plus connu.
Les Soviétiques, comme les Allemands ont beaucoup déporté, notamment de nombreux Juifs dans la région de Bialystock à destination de la Sibérie. Aucun écho médiatique !
Les Soviétiques ont profité de ce traité pour attaquer la Finlande et s’emparer des pays baltes, pourtant pays souverains.
Enfin rappelons l’occupation après la guerre de l’Europe de l’Est soumise pendant 45 ans à l’oppression communiste.
Cette stratégie cynique fut d’une brutalité inhumaine égale à celle de l’Allemagne nazie que symbolisent la coopération des deux polices politiques en Pologne après septembre 39 et la livraison à Hitler des Juifs et des communistes réfugiés par Staline.

L’Union soviétique, alliée de l’Allemagne nazie
Le traité de non-agression a fait de l’URSS un allié objectif de l’Allemagne nazie. Il a porté un coup dur à la stratégie anglo-française qui visait une guerre défensive longue qui aurait mis l’Allemagne en difficulté du fait de son manque de matériaux stratégiques. À la suite du traité, ce handicap a largement disparu car la Russie a alimenté son partenaire en matières premières et en produits agricoles. C’est avec du pétrole, du blé, du fer soviétique que l’Allemagne a combattu les démocraties.
La guerre mondiale a duré 68 mois en Europe, de septembre 1939 à mai 1945. De septembre 1939 à juin 1941, pendant 22 mois, l’Union soviétique et par conséquent l’univers communiste, ont collaboré avec l’Allemagne nazie. Ils furent également un partenaire zélé et un adversaire de poids des démocraties alliées pendant un tiers de la durée de la Deuxième Guerre mondiale.
C’est ce qui explique l’attitude du parti communiste français pendant cette période et ses trahisons : sabotages, propagande pendant la drôle de guerre.

Un regain de popularité de Staline particulièrement inquiétant
Il est inutile de rappeler la monstruosité criminelle du socialisme révolutionnaire et du communisme. Quant à Staline, il fut un des trois grands criminels de masse du XXe siècle avec Hitler et Mao.
Son pouvoir reposait sur la police politique, les purges, le goulag, l’asservissement des travailleurs, les exécutions. C’est par dizaines de millions que l’on compte ses victimes.
Son système a détruit la société civilisée russe et l’agriculture de ce pays. Quant à l’industrie, il faut rappeler les progrès à marches forcées de la Russie d’avant 1914 qui était en passe de devenir la cinquième puissance industrielle mondiale.

Que des Russes ne soient pas guéris de ce personnage et, par conséquent d’un tel système, dépasse le simple patriotisme et apparaît très inquiétant.
Il convient cependant de reconnaître que le camp des démocraties occidentales a tout fait pour blesser la fierté d’un peuple gouverné par un très grand chef d’État. La tentative de partage des richesses de la Russie dans les années 90, la trahison de la parole donnée verbalement à Gorbatchev en 1990 concernant l’Otan, l’affaire ukrainienne, l’annexion de la Crimée suivies de sanctions stupides, la propagande médiatique anti-russe, les accusations injustifiées ont exaspéré son nationalisme.

La responsabilité des États-Unis qui considèrent toujours la Russie comme l’ennemi soviétique et surtout celle de l’État profond corrompu et belliciste de Washington est éclatante. Elle a pour conséquences, entre autres, cette interprétation contestable de l’histoire de la guerre mondiale.

Nota bene. La Russie n’a pas battu l’armée de Napoléon
Éric Zemmour soutient que la Russie a battu la Grande Armée de Napoléon.
Aucune bataille significative n’a été gagnée par les Russes sous l’Empire. À Borodino, en 1812, les Russes ont été défaits, de peu il est vrai, tactiquement et stratégiquement. Eylau en 1807, fut un coup nul sanglant mais les Russes se retirèrent en fin de journée. Même la Bérézina est considérée comme une victoire par certains historiens. Les victoires des années 1813-14 furent celles des coalitions.

S’il y eut une victoire russe ce fut celle, diplomatique, d’Alexandre 1er qui refusa de négocier quand Napoléon occupait Moscou.
En réalité ce sont les Hispaniques, guidés par les Britanniques, qui ont fait le plus de mal à l’armée de Napoléon qui a laissé le meilleur d’elle-même dans la péninsule.

En Conclusion
Les nations du monde occidental blanc, judéo-chrétien et de civilisation gréco-latine voient, sur tous les continents, leur identité et même leur existence menacées par le mondialisme, l’ultra-libéralisme financier, l’internationalisme racialiste et gauchiste et la subversion islamique. Il faut y ajouter les menaces de la Chine et de la Turquie.

C’est le moment qu’ont choisi les classes politiques de ces nations pour profondément blesser un pays aussi important que la Russie et se faire un adversaire, sinon un ennemi du grand chef d’État qu’est Poutine. C’est d’une stupidité qui rappelle celle des dirigeants des démocraties de l’entre-deux guerres.
Cette querelle de mémoire historique n’en est qu’un épiphénomène.

André Posokhow
28 juin 2020