Nouvelle loi sur la fin de vie : les positions de l’ADMD

« Le droit à l’accès aux soins palliatifs est inscrit dans la loi et la prise en charge palliative est susceptible d’intervenir quel que soit le lieu de vie ou de soins », lit-on sur le site du ministère de la santé et de la prévention.

Il y a loin de la coupe aux lèvres… Selon ce document conjoint du ministère de la Santé et du ministère chargé de l’organisation territoriale et des professions de santé , fin 2021, la France comptait 7.546 lits hospitaliers en soins palliatifs. Au total, cela représente 11,1 lits de soins palliatifs pour 100 000 habitants. Vous avez bien lu : moins de 12 lits dédiés aux soins palliatifs pour 100.000 habitants, Métropolitains et Ultramarins compris. Vingt-et-un départements français sont actuellement dépourvus d’unité de soins palliatifs…

Encore faut-il distinguer deux types de soins palliatifs : un quart de ces 7 546 lits sont dans des unités de soins palliatifs (USP) proprement dites, les autres sont des « lits identifiés (sic) soins palliatifs » (LISP), autrement dit des lits « normaux » sur lesquels on a simplement collé une étiquette « Soins palliatifs ». Dans les USP (donc pour moins de 2.000 lits sur l’ensemble du territoire national), un patient peut espérer une réelle prise en charge médicale, psychologique, voire spirituelle, jusqu’à sa fin de vie. Dans les LISP, les prestations en la matière sont à la hauteur de la catastrophe qu’est devenu en trente ans l’hôpital français

Dans une lettre adressée ce 2 mai par mail à l’ensemble des quelque 77.000 adhérents de l’Association pour le Droit à Mourir dans la dignité (ADMD), son président Jonathan Denis replace les intentions et ambitions de l’association. L’ADMD a fait du « droit pour chacun d’avoir une fin de vie conforme à ses conceptions personnelles de dignité et de liberté » le paradigme de son action. L’association milite pour obtenir que l’«accès universel aux soins palliatifs  » – accès inscrit dans la loi Léonetti de 2016 – devienne une réalité de terrain sur l’ensemble du territoire national, ce qui est très loin d’être le cas comme l’indiquent les chiffres supra.

Parallèlement, l’ADMD œuvre pour le vote d’une loi légalisant l’euthanasie et l’aide au suicide (suicide assisté), sur le modèle de celle qui existe déjà en Belgique depuis 2002.

Euthanasie, suicide assisté : “Humain, trop humain” ?

Le 3 avril dernier, Emmanuel Macron recevait les membres de la Convention citoyenne sur la fin de vie venus lui remettre leur rapport finalisé la veille. Le président de la République a appelé de ses vœux une nouvelle loi sur la fin de vie esquissant les contours d’un « modèle à la Française » :
– garantie d’une expression de la volonté libre et éclairée ;
– réitération du choix ;
– incurabilité de souffrances réfractaires, psychiques et physiques, voire l’engagement du pronostic vital ;
– absence de motif social à la réalisation d’une aide active à mourir ;
– exclusion des mineurs d’un tel dispositif.

A l’exception notable du dernier point, on remarquera que c’est ce que propose la loi belge sur la fin de vie.

En octobre 2018, lors de la 38e assemblée générale de l’association, le bureau directeur de l’ADMD a soumis à ses membres un texte dont voici les principaux points :

– nécessité absolue d’un accès véritablement universel aux soins palliatifs ;

– respect absolu des droits des patients et de la volonté des personnes en fin de vie ;

– seule la personne en fin de vie peut demander à bénéficier d’une aide active à mourir. Ni ses proches, ni ses médecins ne peuvent la demander à sa place, voire la proposer ;

– la demande doit être réitérée après plusieurs jours et, en cas de consentement du corps médical pour pratiquer le geste ultime, le patient peut revenir jusqu’au dernier moment sur sa décision ;

– exclusion des mineurs de ce dispositif qui ne s’adresse qu’aux personnes juridiquement capables.

Ce texte a été approuvé par une très large majorité des adhérents.

Pour Jonathan Denis : « L’expérience acquise après le vote de la loi et sa mise en œuvre durant quelques années permettront de préciser les prises en charge qui devront être envisagées pour les mineurs en fin de vie qui endurent des souffrances inapaisables et intolérables et dont la mort inévitable est attendue dans un avenir prévisible. »

M. Denis fait remarquer que « ce texte vise à s’appliquer à toute personne en phase avancée ou terminale d’une affection grave et incurable, infligeant une souffrance physique ou psychique inapaisable qu’elle juge insupportable ou la plaçant dans un état de dépendance qu’elle estime incompatible avec sa dignité. Nulle part, il n’existe d’aide active à mourir pour des questions sociales, de chômage, de mal-logement ou d’isolement ».

L’ADMD s’oppose à la mise en place d’une « autorité de contrôle » qui rallonge les délais jusqu’à l’absurde. En Espagne où ce contrôle a priori existe, la loi impose un délai maximum de trente-cinq jours entre la demande et l’acte. Dans les faits, ce délai s’élève à cinquante-quatre jours en moyenne. Conséquence : un tiers des personnes qui demandent à bénéficier d’une aide active à mourir meurent avant l’aboutissement même de la procédure, alors qu’elles ont maintenu leur demande jusqu’à la fin…

Pour Jonathan Denis, l’aide active à mourir ne peut se limiter au suicide assisté (le patient s’administre lui-même le médicament létal) qui exclut les personnes en fin de vie physiquement incapables d’accomplir ce geste. Cette aide doit nécessairement inclure l’euthanasie (administration par un tiers du médicament létal)

Comme le prévoit l’actuelle loi française, le pronostic vital doit être engagé dans un délai n’excédant pas quelques heures à quelques jours. M. Denis conteste la validité de ce dernier point. Pour l’association : « La prise en charge du patient en fin de vie dès la phase avancée de la maladie grave et incurable permet de demander à bénéficier d’une aide active à mourir dans le cas d’un décès attendu à moyen terme. »

Enfin l’ADMD ne s’oppose pas à ce que le « modèle français » prenne en compte une « clause de conscience » pour les médecins et personnels soignants.

« Le modèle « à la Française » sera une loi d’humanité et de solidarité, qui n’emportera aucune obligation pour quiconque (…) Une loi qui répondra avec clairvoyance et respect aux demandes d’aide active à mourir de ceux de nos compatriotes qui sont arrivés au bout, dont la vie n’est plus que de la survie, et qui refusent d’entrer dans la phase agonique », conclut Jonathan Denis.

Henri Dubost

In girum imus nocte ecce et consumimur igni 

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12 Commentaires

  1. Macron pourra aider sa vieille en cas de fin de vie, ce lascar commence sérieusement à nous les casser.

  2. ça c’est un bon plan de montrer qu’on “s’occupe des vioques” en propageant l’idée “à tous les éléments brutaux de la société actuellement en construction” que s’ils voient des vieux en train de ahaner ici et là c’est parce qu’ils sont beaucoup, trop, trop coûteux et empêchent les brutaux d’avoir de suite accès aux villas à piscine et appartements bien conçus…….ça fait travailler les esprits.

  3. Que celui qui a envi d’en fini le face mais EN PLEINE CONSCIENCE. TT comme le fait de signer un document pour ne pas avoir d’acharnement thérapeutique, ce qui se pratique déjà. Ce qui se pratique déjà, c’est le fait de faire OU VOULOIR FAIRE comme je l’ai vécu en 2007, une piqure à un membre de votre famille INCONSCIENT pour qu’elle ne souffre pas, parce que d’après l’infirmière à 80 ans on a plus envi de vivre ? Après avoir refusé et resté à ses côtés toute la nuit pour être sûr que la piqure ne lui serait pas faite, la parente s’est réveillée et a pu être soigné en soins intensifs. Conclusion, une certaine forme d’euthanasie se pratique déjà depuis des années et tt ça n’est qu’une funeste magouille gouvernementale afin de supprimer un maximum d’anciens aux fins de récupérer leur retraite pour entretenir l’invasion !

  4. L’ADMD (tiens Roméro s’est fait euthanasié ou est-il dans les Iles, avec un esclave le servant et lui massant les pieds, euh,en 2020, Il est élu adjoint à la maire de Paris, Anne Hidalgo, chargé des droits humains, de l´intégration et lutte contre les discriminations. ) est derrière les problématiques=

    * de Vincent Humbert (la mère de ce pauvre jeune homme était adhérente à cette assoce, on comprend mieux son geste!).

    *Chantal Sébire (qui aurait pue se soigner au début, mais qui n’a pas voulu, qui ensuite a refusé les Soins Palliatifs et la prise de quelque antalgique que ce soit), elle aussi adhérente

    *La problématique de Vincent Lambert (tué par manque de soins, d’alimentations et d’hydratation, au point que son cousin, qui voulait sa mort en a été traumatisé), à qui on a refusé le droit d’aller en rééducation, gratuitement (paiement par la publicité de l’établissement)

    Pour les plus connus.

    • Madame Viviane Lambert en est morte de chagrin. Cette mère a fait pourtant tout ce qu’elle a pu- face à des gens sans cœur. On lui a refusé même l’accès à son fils ! Tant de cruauté ! Le fameux neveu lui a été voyeur de l’agonie terrible de Vincent. Il a bien contribué à ce résultat. Qu’il en fasse des cauchemars jusqu’à la fin de sa vie ainsi que celles et ceux qui ont choisi de se débarrasser de Vincent Lambert en lui infligeant une mort douloureuse de martyr.
      Par contre, dans une clinique catholique du Morbihan, un homme jeune qui était dans le même état que Vincent Lambert à peu près a son père à ses côtés, vit et fait des progrès- en étant respecté.

  5. Que la future loi préserve exclusivement la volonté du patient à l’instar de toutes autres considérations est une chose essentielle. Or dans la réalité les soignants sont confrontés à des situations de souffrances ou le patient ne peut exprimer sa volonté et dans ce cas non prévu par la loi on a pas d’autre choix que d’appliquer les procédures habituelles?

    • Et ça peut rapporter gros à l’héritage. On est obligé de penser à ça aussi, car devant une personne personne qui ne peut plus donner son avis et qui n’a pas laisser les instructions avant, comment ne pas penser à certains rapaces près à l’envoyer dans l’autre monde pour toucher l’héritage. J’en ai vu après la mort du père tt faire pour pousser leur pauvre mère à vendre la maison pour avoir leur part. Ce qu’elle fini par faire lasse de les voir tt les jours revenir à la charge !

      • à Une patriote – cela se passe plus souvent que l’on croit.
        Dans le meilleur des cas, la famille parvient à faire signer des donations y compris de la maison où vit leur mère…qu’ils expédient dans un Ehpad.
        Autre formule : la mise sous tutelle non justifiée. Attention aux juges, même si la Cour de Cassation est protectrice des personnes.
        Ne jamais accepter d’examen médical quand ” on a toute sa tête ” mais des vautours autour de soi. Car pas d’attestation médicale, pas de mise sous tutelle ou curatelle ( jurisprudence de la cour de cassation).

      • On ne parle pas des frais nécessites pat le placement de nos ainés, mais sur ce point on peut compter sur les médicastres -morticoles pour faire preuve de persuasion. En prenant ou non contact avec les enfants, car ce n.est pas le moment de perdre l.alsace et la Lorraine.

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